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Les Tunisiens se rendront demain aux urnes : Le Président Ben Ali assuré d'être réélu

Les 4,6 millions d'électeurs tunisiens sont appelés aux urnes demain dimanche pour désigner leur président mais personne ne doute que ce scrutin sera une nouvelle formalité pour Zine al-Abidine Ben Ali.
L'ancien ministre de l'Intérieur, qui est âgé de

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Sous son règne, la Tunisie s'est redressée sur le plan économique et présente des statistiques à faire pâlir ses voisins du Maghreb. Mais cet essor a un prix, dénoncent les associations de défense de l'homme qui évoquent la mise en place parallèle d'un véritable Etat policier.

Dans la médina de Tunis, la vieille ville, les conversations roulent sur le football ou sur la guerre en Irak. L'élection de dimanche ? Personne n'en parle. «On garde la bouche cousue. On sait qui écoute. On ne discute pas de politique en public, ce serait imprudent», explique un tailleur sous le couvert de l'anonymat.

Trois candidats affronteront le président Ben Ali dans les urnes. Investi par le Mouvement de la rénovation-Ettajdid, Mohamed Ali Halouani, reconnaît qu'il n'a aucune chance de battre Ben Ali mais espère que sa candidature apportera un peu d'espoir aux Tunisiens qui rêvent de démocratie.

Mohamed Bouchiha porte lui les couleurs du Parti de l'Unité populaire et Mounir Begi est le candidat du Parti social libéral.
Sept formations d'opposition ont été autorisées, mais nombre d'entre elles ne seraient que des paravents destinés à masquer la réalité, affirme-t-on dans les cercles d'opposition.

Essor économique, statut de la femme et scolarisation
Les autorités sont accusées de contrôler les médias, de n'accorder qu'un temps de parole infime à l'opposition pendant la seule campagne officielle, de harceler physiquement les opposants, de réprimer toute dissidence. Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir) revendique lui deux millions d'adhérents: plus de 40% de l'électorat.

Le gouvernement rejette ces critiques, met en avant la stabilité politique, économique et sociale du pays dans une région troublée de la planète et s'appuie sur une comparaison avec les dernières années de règne de Bourguiba.
«Ben Ali a agi rapidement pour renverser la situation. Il a progressivement libéré l'économie des fers de la domination étatique et rétabli un Etat de droit sauvegardant les libertés fondamentales des Tunisiens», assurait Ali Chaouch, secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) au pouvoir, lors d'un entretien accordé au début du mois à Reuters.

Les droits des femmes en Tunisie sont parmi les plus élevés du monde arabe, l'alphabétisation est importante et les classes moyennes se développent, énumérait-il encore.

D'après les statistiques officielles, le Produit intérieur brut tunisien a été multiplié par cinq depuis la chute de Bourguiba, à 28,13 milliards de dollars en 2004. Le PNB/habitant a été lui multiplié par 3,7. Sur la même période, l'espérance de vie à la naissance est passée de 67 à 73,2 ans.
Dans un rapport publié cette année, l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) souligne «le recul significatif de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie, la qualité des infrastructures, l'environnement, la santé et la scolarisation».

«Illusion économique savamment entretenue»
La plupart des Tunisiens, même parmi les cercles d'opposition, ne contestent pas cette amélioration économique.

L'argument de la stabilité politique porte également auprès de nombreux Tunisiens qui voient dans l'histoire récente de l'Algérie un contre-modèle à fuir.
Mais à quel prix ? Dans une tribune publiée cette semaine par le quotidien français Libération, Moncef Marzouki, qui dirige le Congrès pour le parti de la république, non-autorisé, parle de «l'illusion savamment entretenue d'une économie performante» derrière laquelle on trouve «le démenti tragique du détroit de Sicile, véritable cimetière où s'accumulent les cadavres de jeunes cherchant à fuir par tous les moyens le chômage et la répression».

«Un Etat violent, gangrené par la corruption, continuera à régner par la peur et l'arbitraire sur des sujets appelés citoyens jusqu'à l'explosion finale», poursuit-il. Le dissident, qui a appelé au boycottage des urnes, a été brièvement détenu à l'aéroport international de Tunis. Le signal, pour son parti, qu'»aucune once de liberté ne sera accordée à l'opposition et qu'aucune voix discordante ne sera tolérée durant ces élections». «En Tunisie, résume avec ironie un diplomate occidental, les trains partent à l'heure, mais le wagon de la liberté n'a jamais quitté la gare.»
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