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Les partis et le fait religieux : le silence assourdissant des modernistes

Etrange constat. Alors que certains courants à voile et à barbe continuent de vouloir faire du champ religieux un enjeu politique, les partis se proclamant de la démocratie et de la modernité semblent toujours tétanisés comme s'interdisant de s'impliquer

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Dans un entretien publié la semaine passée sur les colonnes du Matin, Bassam Tahhan, chercheur au CNRS et spécialiste des premiers textes du Coran livrait quelques pistes de réflexion. «Ce qui me fait peur, c'est cet Islam réducteur et cette vision de bataille rangée entre d'une part les forces démocrates qui ne veulent pas redécouvrir l'Islam et le réfléchir et d'autre part ceux qui ont confisqué la religion. Le Roi du Maroc a fait mouche quand il a dit que le religieux était de son domaine en tant que Commandeur des Croyants. Du coup, les partis islamistes n'ont aucune raison d'exister.

Dans le monde arabe, les partis islamistes sont une surenchère. A travers sa longue histoire, l'Islam officiel a cherché à marginaliser les mouvements contestataires, parfois même d‘une manière sanglante. Aujourd'hui, il est temps de donner la parole à ces marginaux, à ces penseurs maudits de l'Islam qui publient, ne sont pas lus, risquent leur tête».

Cet historien d'origine syrienne le dit sans ambages : dans le monde arabe, les partis islamistes sont une surenchère. En terre marocaine, ces mouvements, au départ tolérés ou suscités pour faire barrage à la gauche et à ses revendications de démocratie, n'ont pas failli à la règle. Les pouvoirs publics avaient-ils, à l'époque, conscience qu'en fait le loup prenait place dans la bergerie et que la déferlante wahabite allait toucher le royaume ?

Il a fallu Casablanca, sa nuit noire et ses kamikazes pour que les autorités réalisent enfin les dégâts d'une politique léguée par l'ancien ministre de l'intérieur, Driss Basri, nourrie aussi par l'ex- ministre des Habous et des Affaires islamiques, Abdelkebir M'daghri Alaoui, selon laquelle l'épouvantail islamiste était brandi comme une alternative possible si les doléances relatives au partage du pouvoir se faisaient plus insistantes.

Avec le 16 mai, beaucoup pensait que le temps de la clarification était venu. Que le tocsin de la fin du populisme et du discours forcément démagogique, allait enfin sonné, après les morts de Casablanca et la terreur d'une nuit de ce mois que l'adage disait joli.
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