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M. Aujjar, ministre des Droits de l'Homme: “Il faut se défaire de la culture du dénigrement systématique”

Un rapport avait circulé, publié dans la presse, faisant état de cas de “tortures” et “abus” au cours de l'instruction des dossiers liés aux procès du 16 mai. La réaction du ministre des droits de l'Homme ne s'est pas faite attendre. Mohamed Aujjar a anno

M. Aujjar, ministre des Droits de l'Homme: “Il faut se défaire de la culture du dénigrement systématique”
M. Aujjar, ministre des Droits de l'Homme.
La commission, créée en coordination entre les ministères des droits de l'Homme et de l'Intérieur et la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), est en train de faire son travail et les résultats seront rendus publics le plus tôt possible, nous apprend le ministre. “J'ai la conviction qu'une fois ces résultats déclarés, tous les observateurs se rendront compte de la sur-médiatisation de ce procès d'intention”, nous a déclaré M. Aujjar.

Le ministre des droits de l'Homme ne cache pas son sentiment personnel à l'égard de cette affaire. “J'ai beaucoup de respect pour l'activité des ONG et de leurs positions, mais je ne peux que m'inscrire dans une autre logique. Il faut, à mon avis, se défaire de cette culture de dénigrement systématique. Nous sommes un pays en voie de démocratisation, les choses ne sont pas parfaites, mais ce n'est pas une excuse pour casser le moral des Marocains. Les avancées sont réelles et universellement constatées”.

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Le Maroc vient d'abriter à Marrakech la première réunion de suivi de la conférence des structures gouvernementales des droits de l'homme. Que faut-il retenir de cette manifestation ?

C'est à la demande de pays amis, membres de l'Organisation internationale de la francophonie, que le Maroc abrite cette réunion solennelle d'installation un réseau des structures gouvernementales en charge des droits de l'Homme. C'est une reconnaissance des avancées réelles enregistrées au Maroc en matière de démocratie et des droits de l'Homme et de toute la dynamique que S.M. le Roi a su, par toutes ses initiatives successives, insuffler à la marche de démocratisation du Maroc, de défense et de promotion des droits de l'Homme.


Le comité de suivi installé vendredi, et dont le Maroc assure la présidence, est conçu à la fois comme un outil d'action au service du Secrétaire général de l'OIF et un organe d'appui aux Etats. De quelle manière ce double travail est-il envisagé ?

C'est d'abord un espace régional et trans-régional où la démocratie et les droits de l'Homme ont une position phare. Comme l'a signalé S.M. le Roi dan son message aux participants, on ne peut pas réduire la francophonie à l'usage de la seule langue française. C'est un ensemble de valeurs qui réunit les peuples et les civilisations qui ont en commun un usage total ou partiel de la langue française.
Dans le cadre de cette francophonie, très attachée aux droits humains, aux libertés publiques et à la diversité culturelle, la naissance d'un réseau comme celui-ci est très important. Ce sera la structure institutionnelle où les Etats peuvent procéder à des échanges d'expériences, d'expertises, de recommandations et de constations.


Dans les rencontres régionales et internationales sur le sujet des droits de l'Homme, il est de plus en plus question de la maîtrise aujourd'hui nécessaire des outils et mécanismes juridiques des droits de l'Homme. Où en est le Maroc à ce niveau ?

On peut dire, très honnêtement, que le Maroc a capitalisé une expertise très courtisée, particulièrement dans les pays rabes. La demande a été formulée durant cette conférence de faire bénéficier de l'expérience marocaine. Le Maroc a beaucoup avancé en matière d'harmonisation des lois marocaines avec les standards internationaux. C'est un pays musulman qui, tout en étant fidèle à la loi Islamique et aux enseignements du Coran, a su recevoir les valeurs universelles. La Moudawana est l'exemple exaltant de « l'Ijtihad » basé sur l'argumentaire religieux qui a su prouver qu'on peut partager les mêmes valeurs avec l'humanité tout en restant fidèle à son identité et à sa religion. Un point positif concerne également la rédaction des rapports sur les droits de l'Homme, notamment ceux destinés à l'ONU et aux autres instances internationales dont le Maroc est membre. Nous avons fait de ces rapports un moment de transparence politique, d'abord avec nous-mêmes et avec l'opinion publique et ensuite avec les partenaires internationaux notamment.

Il ne s'agit pas de dire que tout va bien, mais de d'affirmer notre volonté politique, de démontrer les réalisations faites, d'expliquer les imperfections et les ratages qui ont été commis. Nous sommes un des rares pays à être à jour au niveau de ces rapports et à maintenir avec les mécanismes internationaux un dialogue franc et sincère même sur les dossiers les plus délicats.


Au sujet de rapports, il y a celui publié récemment dans la presse sur des « tortures » et des « abus » au cours de l'instruction du des affaires liées au 16 mai. Vous avez appelé à la création d'une commission d'enquête ministérielle. Qu'en est-il de sa composition et de son travail ?

Tout d'abord, il faut savoir que le Maroc est signataire de la convention internationale contre la torture. Nos rapports sont périodiques. Nous respectons les rendez-vous et les agendas internationaux. Ce que l'on oublie souvent de dire aussi, c'est que le Maroc a toujours eu les félicitations des organismes internationaux, y compris des membres du même comité dont on parle aujourd'hui dans la presse.


Comment alors expliquer ce rapport ?

Dans ce rapport, il y a des questions que les membres du comité se posent en s'appuyant sur des remarques d'ONG sur des prétendues cas de torture. En égard à ce comité, et parce que le partenariat avec la société civile au Maroc est pris très au sérieux, nous avons identifié toutes les remarques et observations des ONG nationales et internationales, des experts des Nations Unies et même inventorié les cas soulevés par la presse. Une fois ce travail fait, nous avons deux solutions, soit de dire que rien ne s'est passé et que tout est dans les meilleurs des mondes ; soit aller aux devant de cette affaire.

Nous sommes un pays sérieux, respectueux des lois, les choix stratégiques du Maroc vont dans le sens du respect de la dignité humaine et des valeurs universelles, nous avons choisis donc de diligenter une commission qui est en train de vérifier au cas par cas le bien fondé de ces déclarations et allégations. Nous avons beaucoup de respect pour les ONG , mais il ne faut pas perdre de vue que cela peut rentrer dans une tactique de la mouvance proche des inculpés dans les actes terroristes. Il est, par ailleurs, compréhensible que les familles ou les milieux proches de ces groupuscules propagent des allégations sur l'usage systématique de la torture.


Un délai est-il fixé pour la réalisation du travail de cette commission ?

La commission est en train de faire son travail. Les résultats seront rendus publics le plus tôt possible. J'ai la conviction qu'une fois ces résultats déclarés, tous les observateurs se rendront compte de la sur-médiatisation de ce procès d'intention. Ces enquêtes que nous menons en coordination avec le des départements de la justice et de l'intérieur et de la Direction générale de la sûreté nationale se passent dans une ambiance de sérieux.

Ils n'ont d'autre objectif que celui de faire éclater la vérité et de défendre le pays. Nous n'avons pas de complexe à ce sujet. Il n'y a aucun tabou. Si ces allégations se vérifient, des mesures disciplinaires vont être prises. S'il s'avère que des comportements hors la loi sont fondés, la justice marocaine fera son travail. Sur l'usage de torture la loi marocaine est claire. On oublie que les ONG internationales ne reprochent rien au Maroc en dehors du package 16 mai, ce qui revient à dire que dans la pratique quotidienne de l'administration et de la police marocaines il n'y a pas beaucoup d'observations.

Il faut souligner que la réaction Marocaine après les événements tragiques du 16 mai qui ont fauchés des innocents et fait de nombreuses victimes, la réaction des autorités marocaine a été d'afficher une fermeté pour combattre le terrorisme avec les moyens de droit dans un Etat de droit.


Que répondez-vous à ceux qui concluent malgrès tout à une régression en matière des droits de l'Homme?

Personnellement, j'ai beaucoup de respect pour l'activité des ONG et de leurs positions, mais je ne peux que m'inscrire dans une autre logique. Il faut, à mon avis, se défaire de cette culture de dénigrement systématique. Nous sommes un pays en voie de démocratisation, les choses ne sont pas parfaites, mais ce n'est pas une excuse pour casser le moral des Marocains. Les avancées sont réelles et universellement constatées.

Si l'on focalise sur les affaires du 16 mai, je pourrais dire qu'il s'agit d'un témoignage indirect qu'en dehors de ce dossier les choses sont normales. Nous ne voulons polémiquer ni avec les ONG nationales ni internationales avec lesquelles nous avons les meilleurs rapports. Nous conduisons sous la conduite éclairée de S.M. le Roi un projet qui a des dimensions historiques. Il s'agit d'asseoir et de renforcer une expérience de démocratisation unique dans notre région. Un pays qui a le courage politique d'ouvrir le dossier des violations des droits de l'homme du passé ne peut pas se permettre de procéder à d'autres violations des droits de l'homme, ou alors il faut être skizophrène.

C'est une évolution graduelle, sûre, et certes pas parfaite. Mais, de là à parler de retour en arrière, c'est un excès que la réalité de tous les jours dément. L'exercice des libertés est réel. Les Marocains sont les premiers à s'en rendre compte, car ils sont les premiers à en bénéficier.
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