Le parc national de Souss-Massa se veut un parc qui contribue au développement local. Quelles ont été les principales réalisations à ce niveau?
Nous voyons la contribution du parc national de Souss-Massa (PNSM) au développement local à deux niveaux. Au niveau de la diversification des sources de revenus pour les populations locales, vivant à l'intérieur du parc, à travers l'appui au développement de certaines activités compatibles avec ce parc comme l'apiculture, l'artisanat et le tourisme ; et au niveau de la génération de retombées économiques, dans la région, à travers le développement de l'écotourisme dans le parc.
Comme réalisations concrètes à ces deux stades, nous pouvons citer l'appui à des programmes d'alphabétisation et d'artisanat, au profit des femmes, au niveau des villages du parc et la création de quatre unités apicoles, dans quatre villages, dont deux se sont déjà constitués en coopératives. Autres actions, la constitution et la formation de deux groupements d'accompagnateurs de visiteurs dans le parc, qui vont bénéficier directement des avantages économiques du parc, la réalisation d'une certaine infrastructure d'accueil et d'interprétation au niveau du parc (construction et équipement d'un centre d'information, construction d'un écomusée, aménagement de 30 km de circuits touristiques) et élaboration d'un plan de développement du tourisme vert dans le parc, dont la mise en œuvre est prévue pour le début de l'année prochaine.
Le PNSM sert de lieu pour la reconstitution de troupeaux de certaines espèces sahariennes disparues du Maroc. Quels sont les nouveaux animaux introduits ?
Effectivement, le PNSM a été utilisé également comme parc d'acclimatation de certaines espèces animales d'origine saharienne, qui avaient disparu de la nature.
Il s'agit de l'antilope Addax, l'antilope Oryx, la gazelle mhorr, la gazelle dorcas et l'autruche à cou rouge. Une opération d'introduction, entreprise entre 1994 et 1997, nous a permis de constituer, au niveau de deux réserves animalières aménagées à cet effet, des troupeaux de base de ces espèces qui vont servir comme stock pour le repeuplement des parcs nationaux et réserves naturelles envisagées au niveau des provinces sahariennes.
Ce stock animal a donné au PNSM une importance de portée régionale, en raison du fait qu'il contribue largement à la réhabilitation des populations de quatre espèces d'antilopes sahélo-sahariennes, qui comptent parmi les éléments les plus remarquables du patrimoine naturel commun aux 15 pays sahariens et parmi les espèces menacées inscrites sur la Convention de Bonn, relative à la conservation des espèces migratrices.
Certains oiseaux fréquentent en masse les zones humides et en particulier les estuaires des oueds Souss et Massa qui comptent parmi les zones d'hivernage majeures. Quels sont les principaux oiseaux qui s'invitent dans cette région?
Effectivement, de par leur position sur une grande voie migratoire, et à mi-chemin entre la Méditerranée et le Sahara, les embouchures des oueds Souss et Massa, constituent deux zones humides, au niveau du PNSM, de grande importance pour de nombreuses espèces d'oiseaux d'eau migratrices.
En plus du rôle d'escale migratoire qu'elles jouent pour de nombreuses espèces, elles constituent des lieux d'hivernage importants pour plusieurs milliers d'oiseaux, représentant plus de 30 espèces: hérons, canards, goélands, etc. Des espèces rares telles que la spatule blanche, l'avocette, le flamant rose et la cigogne blanche fréquentent également ces zones humides, en assez grands nombres.
Le parc est également un refuge à la plus grande colonie au monde de l'ibis chauve. Quelles ont été les principales actions pour la protection de cette espèce ?
Le site du PNSM et la région de Tamri, au nord d'Agadir, constituent un lieu vital pour l'ibis chauve. C'est là que la dernière population sauvage viable de cet oiseau, dans le monde, a trouvé les conditions favorables à son développement. Toutes nos interventions visent le maintien de ces conditions vitales pour ces oiseaux. La création même du PNSM, en 1991, a été la première action que l'administration marocaine a entreprise pour la sauvegarde de l'espèce. Ensuite, et dans le but de mieux connaître les exigences de l'ibis chauve, nous avons lancé en 1994, avec nos partenaires BirdLife International, Royal Society for Protection of Birds (RSPB) et SEO/BirdLife (Société espagnole d'ornithologie), un programme d'étude et de suivi des ibis chauves dans ces espaces naturels. Des ressources humaines ont été formées et équipées pour assurer ce programme qui continue toujours. Nous avons procédé également à l'aménagement de quelques sites de nidification au niveau du parc, en vue d'augmenter leur capacité d'accueil d'oiseaux nicheurs.
D'autre part, nous assurons la surveillance et le suivi des colonies de reproduction des Ibis, tous les ans, au parc national et à Tamri. Des campagnes de sensibilisation à la protection de cet oiseau ont été organisées, à plusieurs reprises, dans la région.
Le Maroc est un grand lieu de passage d'oiseaux migrateurs allant de l'Afrique à l'Europe ou vice-versa. Comment peut-on valoriser ce potentiel naturel ?
Il est vrai que sur le territoire de notre pays, et surtout sur la côte atlantique par où passe une grande voie de migration des oiseaux, se trouvent des sites qui sont d'importance . Ils constituent tantôt des étapes migratoires, où les oiseaux s'installent pour se reposer lors de leur voyage, tantôt des sites d'hivernage où ils passent pratiquement tout l'hiver. La plupart de ces sites sont des zones humides plus ou moins conservées.
A ma connaissance, tous ces sites d'importance pour la migration des oiseaux sont connus, et si nous voulons les valoriser, il nous faut les étudier davantage pour appréhender leur fonctionnement et leur appliquer des statuts de conservation et des modes de gestion durables, en vue d'y maintenir les conditions qui font leur intérêt pour les oiseaux.
Leur valorisation peut donc se faire à travers un partenariat bien structuré, à des fins scientifiques, éducatives et de récréation.
L'ornithologie au Maroc a-t-elle de beaux jours devant elle ? De même, y a-t-il une sensibilisation des citoyens à la protection des oiseaux ?
Si nous voulons nous comparer à nos voisins du Nord, je peux dire tout de suite que nous sommes beaucoup moins sensibles qu'eux à la protection des oiseaux.
Chez nous, chaque fois qu'il s'agit de protéger un oiseau, nous lions d'abord sa protection à la protection du milieu où il vit, lequel milieu se trouve généralement partagé par cet oiseau et une population humaine, pauvre ; et vous pouvez imaginer facilement la réaction d'une telle population si nous allons lui parler de la protection des oiseaux.
Cela dit, je pense qu'il nous faut rester optimistes quant à l'avenir de l'ornithologie chez nous, surtout lorsqu'on voit toutes ces associations qui naissent, en grands nombres, tous les ans et qui sont très actives en matière de sensibilisation et d'éducation à l'environnement, et tout ce que nos enfants apprennent à l'école à ce sujet. Tout cela fera de nous, progressivement, une société qui ne tire pas sans raison sur les oiseaux, qui ne les pourchasse pas, qui aime et protège la nature.
Nous voyons la contribution du parc national de Souss-Massa (PNSM) au développement local à deux niveaux. Au niveau de la diversification des sources de revenus pour les populations locales, vivant à l'intérieur du parc, à travers l'appui au développement de certaines activités compatibles avec ce parc comme l'apiculture, l'artisanat et le tourisme ; et au niveau de la génération de retombées économiques, dans la région, à travers le développement de l'écotourisme dans le parc.
Comme réalisations concrètes à ces deux stades, nous pouvons citer l'appui à des programmes d'alphabétisation et d'artisanat, au profit des femmes, au niveau des villages du parc et la création de quatre unités apicoles, dans quatre villages, dont deux se sont déjà constitués en coopératives. Autres actions, la constitution et la formation de deux groupements d'accompagnateurs de visiteurs dans le parc, qui vont bénéficier directement des avantages économiques du parc, la réalisation d'une certaine infrastructure d'accueil et d'interprétation au niveau du parc (construction et équipement d'un centre d'information, construction d'un écomusée, aménagement de 30 km de circuits touristiques) et élaboration d'un plan de développement du tourisme vert dans le parc, dont la mise en œuvre est prévue pour le début de l'année prochaine.
Le PNSM sert de lieu pour la reconstitution de troupeaux de certaines espèces sahariennes disparues du Maroc. Quels sont les nouveaux animaux introduits ?
Effectivement, le PNSM a été utilisé également comme parc d'acclimatation de certaines espèces animales d'origine saharienne, qui avaient disparu de la nature.
Il s'agit de l'antilope Addax, l'antilope Oryx, la gazelle mhorr, la gazelle dorcas et l'autruche à cou rouge. Une opération d'introduction, entreprise entre 1994 et 1997, nous a permis de constituer, au niveau de deux réserves animalières aménagées à cet effet, des troupeaux de base de ces espèces qui vont servir comme stock pour le repeuplement des parcs nationaux et réserves naturelles envisagées au niveau des provinces sahariennes.
Ce stock animal a donné au PNSM une importance de portée régionale, en raison du fait qu'il contribue largement à la réhabilitation des populations de quatre espèces d'antilopes sahélo-sahariennes, qui comptent parmi les éléments les plus remarquables du patrimoine naturel commun aux 15 pays sahariens et parmi les espèces menacées inscrites sur la Convention de Bonn, relative à la conservation des espèces migratrices.
Certains oiseaux fréquentent en masse les zones humides et en particulier les estuaires des oueds Souss et Massa qui comptent parmi les zones d'hivernage majeures. Quels sont les principaux oiseaux qui s'invitent dans cette région?
Effectivement, de par leur position sur une grande voie migratoire, et à mi-chemin entre la Méditerranée et le Sahara, les embouchures des oueds Souss et Massa, constituent deux zones humides, au niveau du PNSM, de grande importance pour de nombreuses espèces d'oiseaux d'eau migratrices.
En plus du rôle d'escale migratoire qu'elles jouent pour de nombreuses espèces, elles constituent des lieux d'hivernage importants pour plusieurs milliers d'oiseaux, représentant plus de 30 espèces: hérons, canards, goélands, etc. Des espèces rares telles que la spatule blanche, l'avocette, le flamant rose et la cigogne blanche fréquentent également ces zones humides, en assez grands nombres.
Le parc est également un refuge à la plus grande colonie au monde de l'ibis chauve. Quelles ont été les principales actions pour la protection de cette espèce ?
Le site du PNSM et la région de Tamri, au nord d'Agadir, constituent un lieu vital pour l'ibis chauve. C'est là que la dernière population sauvage viable de cet oiseau, dans le monde, a trouvé les conditions favorables à son développement. Toutes nos interventions visent le maintien de ces conditions vitales pour ces oiseaux. La création même du PNSM, en 1991, a été la première action que l'administration marocaine a entreprise pour la sauvegarde de l'espèce. Ensuite, et dans le but de mieux connaître les exigences de l'ibis chauve, nous avons lancé en 1994, avec nos partenaires BirdLife International, Royal Society for Protection of Birds (RSPB) et SEO/BirdLife (Société espagnole d'ornithologie), un programme d'étude et de suivi des ibis chauves dans ces espaces naturels. Des ressources humaines ont été formées et équipées pour assurer ce programme qui continue toujours. Nous avons procédé également à l'aménagement de quelques sites de nidification au niveau du parc, en vue d'augmenter leur capacité d'accueil d'oiseaux nicheurs.
D'autre part, nous assurons la surveillance et le suivi des colonies de reproduction des Ibis, tous les ans, au parc national et à Tamri. Des campagnes de sensibilisation à la protection de cet oiseau ont été organisées, à plusieurs reprises, dans la région.
Le Maroc est un grand lieu de passage d'oiseaux migrateurs allant de l'Afrique à l'Europe ou vice-versa. Comment peut-on valoriser ce potentiel naturel ?
Il est vrai que sur le territoire de notre pays, et surtout sur la côte atlantique par où passe une grande voie de migration des oiseaux, se trouvent des sites qui sont d'importance . Ils constituent tantôt des étapes migratoires, où les oiseaux s'installent pour se reposer lors de leur voyage, tantôt des sites d'hivernage où ils passent pratiquement tout l'hiver. La plupart de ces sites sont des zones humides plus ou moins conservées.
A ma connaissance, tous ces sites d'importance pour la migration des oiseaux sont connus, et si nous voulons les valoriser, il nous faut les étudier davantage pour appréhender leur fonctionnement et leur appliquer des statuts de conservation et des modes de gestion durables, en vue d'y maintenir les conditions qui font leur intérêt pour les oiseaux.
Leur valorisation peut donc se faire à travers un partenariat bien structuré, à des fins scientifiques, éducatives et de récréation.
L'ornithologie au Maroc a-t-elle de beaux jours devant elle ? De même, y a-t-il une sensibilisation des citoyens à la protection des oiseaux ?
Si nous voulons nous comparer à nos voisins du Nord, je peux dire tout de suite que nous sommes beaucoup moins sensibles qu'eux à la protection des oiseaux.
Chez nous, chaque fois qu'il s'agit de protéger un oiseau, nous lions d'abord sa protection à la protection du milieu où il vit, lequel milieu se trouve généralement partagé par cet oiseau et une population humaine, pauvre ; et vous pouvez imaginer facilement la réaction d'une telle population si nous allons lui parler de la protection des oiseaux.
Cela dit, je pense qu'il nous faut rester optimistes quant à l'avenir de l'ornithologie chez nous, surtout lorsqu'on voit toutes ces associations qui naissent, en grands nombres, tous les ans et qui sont très actives en matière de sensibilisation et d'éducation à l'environnement, et tout ce que nos enfants apprennent à l'école à ce sujet. Tout cela fera de nous, progressivement, une société qui ne tire pas sans raison sur les oiseaux, qui ne les pourchasse pas, qui aime et protège la nature.
