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Moussem du mariage dans la région de Bekrit : Si le mariage collectif d'Aït Lyass m'était conté !

A Bekrit, en ce très haut lieu du tourisme de montagne encore vierge et méconnu de tout le monde, le mariage est resté comme au bon vieux temps, une sacro-sainte institution économico-sociale et culturelle digne d'intérêt, de plus d'un détours et surtout,

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La cérémonie du Mariage chez Ait Lyass au beau milieu des montagnes du Moyen Atlas à Agdal dans la région de Bekrit / Senoual ne se limite pas seulement au simple rituel puisqu'elle est synonyme de solidarité et d'entraide entre tous les membres de la tribu toute fraction ethnique confondue.

Pour M. El Hachmi Ihkem, ce sage vieil homme de 93 ans Doyen de l'une des quatre fractions d'Ait Lyass, en l'occurrence, celle d'Ait Sidi Moussa qui vient de célébrer récemment dans la liesse populaire le mariage collectif de ses onze couples de jeunes mariés, le Moussem du mariage collectif célébré annuellement par sa tribu ancestrale juste après la saison des moissons ( fin septembre, début octobre) ne date pas d'aujourd'hui puisqu'il est enraciné dans les mœurs ancestraux des Ait Lyass et a toujours été au rendez-vous avec les jeunes couples qui sont restés fidèles à la tradition et aux us de leurs ancêtres et qui optent chaque année à convoler en justes noces et d'une manière collective en cette période du moussem mémorable.

De ce fait, Si l'opération «Touiza»en général est synonyme, partout ailleurs au Maroc, de solidarité et d'entraide entre les membres d'une même tribu ou Douar pour travailler collectivement la terre ou moissonner des champs dans le domaine agricole ou encore pour ouvrir ensemble des pistes et chemins afin de désenclaver le Douar de la tribu, chez Ait Lyass dans la commune rurale d'Oued Ifrane au niveau de la Province d'Ifrane, la «Touiza»est un peu plus que ça et elle est pleine de symboles et de significations surtout quand il s'agit d'unir pour le bien et pour le pire deux familles par les liens sacrés du mariage qui unit dans la joie et l'allégresse un jeune de la tribu à sa douce moitié de la même tribu soit-elle ( Endogamie) ou d'autres cieux (Exogamie).

En effet, à l'instar de tous les amoureux du monde, les onze jeunes de la fraction d'Ait Sidi Moussa de la Tribu d'Ait Lyass ont tellement espéré cet instant où leur passion serait consacrée par les liens du mariage après une longue année de travail et de labour pour assurer leur survie et celles des leurs, ils s'accordent ainsi tout un week-end pour rêver et se rencontrer. Mais, dans le Douar d'I-Ittejjane dont la belle prairie encore verdoyante en ce début d'automne, a abrité le Moussem de leur mariage collectif ce lundi 20 septembre, les retrouvailles amoureuses de nos jeunes tourtereaux en question obéissent à tout un rituel scrupuleusement respecté depuis la nuit des temps.


Selon notre sage vieil homme El Hachmi Ihkem toujours, dés qu'un jeune homme Lyassi fait part à ses parents de son désir de convoler en justes noces avec la douce moitié qu'il a choisi, ces derniers s'engagent dans un premier rituel : La demande en mariage. Le pére et la Jmâa se présentent alors devant le pére de la future moitié du jeune homme et lui demandent DIF ALLAH (invité de Dieu). Celui-ci accueille convenablement ses invités et leur demande l'objet de leur visite ;
- Nous demandons la main de votre fille pour notre jeune homme d'Ait Lyass selon les percepts de l'Islam répond la Jmâa.

- Soyez les bienvenus Oh ! Sages de la Jmâa. Je consens à ce mariage ajoute le pére de la future épouse, revenez tel jour et vous serez toujours les bienvenus.
Le jour J venu, la même Jmâa se présente chez les parents de la jeune fille, immole un mouton, les parents de la jeune fille organisent une petite fête pour manifester ainsi leur consentement, ils fixent ensemble la dot qui, dans le temps, s'éleve à 40 brebis, 03 vaches et 100 rials ( De nos jours cette dot varie entre 3000,00 et 5000,00 Dhs). Sur ce, il se donne rendez-vous pour un autre jour afin que les parents de la jeune fille se rendent chez la famille du futur époux en vue de percevoir la dot ainsi convenue pour leur fille, lire la Fatiha et prendre part à la petite fête qu'organise la dite famille à cette occasion en présence de la Jmâa, juste avant d'aller sceller l'acte de mariage et se donner ainsi rendez-vous pour le jour du Mariage qui s'organise d'une manière collective lors du Moussen.

En ce jour du vendredi 17 septembre 2004 fixé comme date butoir pour l'ouverture du moussem du mariage collectif d'Ait Lyass donc, cinquante quatre tentes berbères ont été dressées et ornées des plus belles parures et tapis du Moyen Atlas dans une vaste prairie de Douar I-Ittejjane et ce, en vue d'accueillir dans la joie et la liesse populaire les jeunes futures époux et épouses qui se sont donné rendez-vous ici, au beau milieu des montagnes du Moyen Atlas Central, pour l'accomplissement des rituels du mariage et célébrer ensemble leur première nuit nuptiale.

Un mariage à la traditionnelle

Dimanche 19 septembre 2004, les familles des futurs époux s'activent pour envoyer leurs représentants chez la famille de l'élue afin de lui présenter le «Dfoue» communément connu sous le nom de «Dhaz» : Moutons, Habits, Sucre etc.…et ramener ainsi le lendemain lundi 20 septembre 2004 la future mariée qui rejoint sa tente conjugale comme convenu par la tradition.

En effet, très tôt ce lundi 20 septembre 2004 et bien avant midi, chacune des onze futures épouses, déjà aux anges, accompagnées des youyous des femmes qui entonnent des chants et d'une troupe d'Ahidouss local quitte chacune de son côté la tente parentale vers sa nouvelle demeure et ce, à dos d'une jument en compagnie d'un jeune enfant, symbole de fertilité, qui tient dans sa main un long roseau avec fanion blanc que les amis du futur époux s'amusent à briser à coup de fusil ( Baroud ) symbole de virilité et de courage du joyeux futur mari qui, pour sa part, attend sa belle douce moitié en valeureux chevalier prés de la tente nuptiale.

A l'arrivée de la jeune mariée au seuil de la dite tente nuptiale où ses futurs beaux-parents lui présentent du lait et des dattes, le futur mari posté quant à lui à dos de cheval tout prés de la tente, tire un coup de feu dans l'air en signe de bienvenue pour sa future épouse dans sa nouvelle demeure en donnant ainsi le coup d'envoi aux festivités marquant la cérémonie du mariage qui durèrent toute l'après midi de ce lundi pour se poursuivre jusqu'aux premières heures du lendemain après consommation de l'acte nuptial.

Signalons au passage que jadis, la jeune future épouse encore vierge quitte la tente de ses parents vers sa nouvelle demeure à dos de jument comme dessiné plus haut alors que la femme divorcée ou veuve qui se remarie à nouveau la quitte à dos de mule.

Signalons notamment que dans le passé très récent d'ailleurs, toutes les quatre fractions de la grande famille de la tribu d'Ait Lyass s'unissaient et organisaient ensemble un seul et grand Moussem de Mariage collectif qui peut compter selon les années jusqu'à une quarantaine ou une cinquantaine de couples.

De nos jours malheureusement et à cause de quelques querelles intestines entre ces quatre fractions, le grand moussem du mariage d'Ait Lyass s'est vu fractionné en quatre petits moussem organisés séparément par chacune des dites fractions et dont le meilleur ne peut fêter qu'une dizaine à une quinzaine de couples de jeunes mariés dans le meilleur des cas.
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