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Odile Guillard, membre de l'Association française des volontaires du progrès : «Dans le volontariat, on donne un peu de soi, mais on reçoit beaucoup en échange»

Issue de la région Provence Alpes Côtes d'Azur, Odile Guillard a voulu découvrir le Maghreb de l'intérieur. Membre de l'Association française des volontaires du progrès, elle a choisi de s'engager dans le projet du Parc de Bouhachem. Entretien.

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Vous êtes membre de l'Association française des volontaires du progrès. Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à participer au projet du parc naturel régional de Bouhachem ?

Volontaire du Progrès depuis plus de deux ans et demi, je fais partie du programme des volontaires pour la coopération en méditerranée et je suis arrivée au Maroc depuis plus d'un an. Je travaille auprès du conseil régional de Tanger-Tétouan pour l'appui à la mise en place du Parc naturel régional de Bouhachem, expérience pilote au Maroc.

Issue de la région Provence Alpes Côtes d'Azur et d'origine maghrébine par mon grand-père maternel issu de la Kabylie et méditerranéenne, car Italienne par ma grand-mère paternelle mais méconnaissant cette culture, j'avais envie de découvrir le Maghreb de l'intérieur.

J'ai suivi le projet de Bouhachem depuis le début bien avant d'arriver au Maroc. De formation en environnement, je suis tout particulièrement sensible à la thématique des Parcs naturels régionaux (PNR).

D'autre part, mon envie de participer aux activités de l'Association française des volontaires du progrès (AFVP) en vivant un expérience dans un pays du sud permet à d'apprendre à mieux connaître les autres.

Le volontariat, c'est une réelle expérience professionnelle ainsi qu'une aventure humaine forte qui permettra peut-être de rapprocher nos pays et régions autrement et permettre de tisser des liens humains et des partenariats solides. Dans le volontariat, on donne un peu de soi, mais on reçoit beaucoup en échange.

Avez-vous prévu dans vos programmes des actions liées à l'éducation environnementale. Si oui, quels sont vos projets en la matière ?

L'accueil, l'éducation et la sensibilisation de la population et des visiteurs est l'une des missions du futur parc, inscrite dans la charte.

Dans un premier temps, nous avons prévu de mettre en place, en partenariat et concertation avec les délégations de l'Education nationale des trois provinces concernées par le projet de Parc et la toute nouvelle Académie régionale de l'enseignement fondamental (AREF), un programme d'éducation à l'environnement auprès des écoles du territoire et avec les instituteurs volontaires. D'autre part, une réflexion à l'échelle de la région Tanger-Tétouan sur ce thème se met en place avec notamment le Service de coopération et d'action culturelle (SCAC) de l'ambassade de France au Maroc, l'Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre (AESVT) et l'AREF.

Les enfants sont au carrefour entre les adultes et les plus jeunes et sont les citoyens de demain et il est important de travailler avec eux sur les enjeux de la gestion des ressources naturelles au Maroc et plus particulièrement dans le Nord où la pression humaine est très forte.

D'autres activités prévues sur le plus long terme ont été définies lors de la rédaction de la charte et du programme d'actions. On peut citer notamment la création d'un Centre d'éducation à l'environnement sur le territoire, la sensibilisation à l'environnement auprès de tous les habitants lors de journées annuelles et par le biais d'actions plus ponctuelles en partenariat avec des associations locales, ainsi que l'organisation de sorties et de classes " vertes " avec les écoles du territoire mais aussi avec des écoles des localités urbaines situées en périphérie, organisation de sorties éducatives pour les jeunes, mise en place d'activités de découverte et de loisirs de pleine nature.

Quelles ont été les difficultés rencontrées sur le terrain ?

Les principales difficultés sur le terrain sont d'ordre matériel : manque d'un véhicule pour se déplacer dans une région où les pistes sont difficilement praticables. Et la langue, ne bénéficiant pas d'un collègue marocain sur place.

Cependant les associations, les communes rurales et les administrations nous aident beaucoup en ce sens. Nous commençons la mise en place de micro-projets liés notamment à l'eau, tandis que sa gestion communautaire pose parfois des problèmes dans cette région où il existe de nombreux conflits concernant l'usage de l'or bleu.

Ce projet est-il transposable à d'autres régions du Maroc ? Si oui, quel serait le prochain projet de Parc naturel régional ?

Bien sûr ! C'est un projet territorial de développement local durable réalisé en concertation avec les partenaires : population, élus, associations, administrations, etc. De plus, c'est un projet qui s'ancre au niveau local et sur le long terme.

Il existe d'autres collaborations entre des Parc nationaux régionaux français (PNR) et des collectivités territoriales ou administrations marocaines. En France, il existe au niveau national une Fédération des parcs naturels régionaux qui permet également la coopération des PNR à l'international et de tisser de véritables partenariats et des échanges d'expériences.

Quant au prochain Parc naturel régional au Maroc, il dépendra de la volonté des collectivités marocaines de mettre en place de tels projets mais également de la mise en application de la loi sur les aires protégées. Plusieurs collectivités marocaines sont d'ores et déjà intéressées par cette démarche.

Un séminaire devrait avoir lieu en mars prochain dans la région Tanger-Tétouan afin de présenter l'expérience de Bouhachem à d'autres régions et PNR français. Il coïncidera peut-être avec la création du Parc.

Quelles sont vos recommandations pour réussir un projet pareil?
L'approche participative, la concertation, l'information et la sensibilisation de la population locale sont les conditions à la réussite de projets similaires. D'autre part, nous bénéficions d'appuis politiques et institutionnels forts qui ont permis à ce projet d'avancer rapidement. En France, il faut parfois dix ans pour créer un PNR, tandis qu'ici nous entrons dans la quatrième année.

Ce qui peut faire tomber certaines idées reçues sur la perception qu'ont les Occidentaux sur le rythme du travail dans les pays du Sud. Notre partenaire en Région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA), le Parc naturel régional du Luberon, qui fait preuve d'une réussite exemplaire en France, nous aide et nous appuie beaucoup.
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