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Palestiniens et Israéliens face aux incertitudes de l'après-Arafat

Les réunions d'état-majors se succèdent à Ramallah et en Israël en prévision d'une crise de succession

Au fil des heures de la journée d'hier jeudi, le constat de mort cérébrale, se confirmait dans les milieux médicaux français. Appelée encore “m
Palestiniens et Israéliens face aux incertitudes de l'après-Arafat
Les informations contradictoires qui avaient circulé le long de cette journée du jeudi 4 novembre, la plus longue, et les démentis émanant des responsables de l'Autorité palestinienne, notamment du Premier ministre Ahmed Qoreï, n'ont pas pu calmer l'inquiétude des populations palestiniennes plongées dans un état de tristesse. A la tristesse, se mélangeait un sentiment de crainte.

L'inquiétude montait d'un cran concernant la succession encore incertaine du Raïs, celui qui incarne encore plus que tout autre dirigeant arabe, la lutte des Palestiniens contre Israël. Les médias occidentaux n'ont pas attendu pour donner l'actuel Premier ministre, Ahmed Qoreï (alias Abou Alaâ) et le Premier ministre démissionnaire en septembre 2003, Mahmoud Abbas (dit Abou Mazen), comme les successeurs possibles de Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne.

Les populations avaient leur point de vue sur la question. En cas de mort du président, “il doit être clair que l'actuelle direction palestinienne et le reste du monde ne doivent pas accepter un leader qui nous sera imposé. Nous, Palestiniens, devons élire son successeur ”. Les propos d'un citoyen palestinien sont recueillis par l'Agence France Presse qui a été la première à divulguer l'information sur l'état de dégradation de la santé de M. Arafat.
La succession, comme le fut une semaine d'attente depuis que le Président a été transporté vers la capitale française pour y recevoir des soins d'urgence, est entourée d'incertitudes.
Sur place, et après une réunion des dirigeants de l'OLP en début d'après-midi, les services de sécurité palestiniens ont été placés en état d'alerte jeudi soir. L'Autorité palestinienne craint un chaos sécuritaire dans la Bande de Gaza et notamment des affrontements entre différents groupes armés, en cas de décès du chef historique palestinien.

Les sentiments s'enflamment chez une population qui a été unanime à manifester son soutien au Raïs. D'aucuns pointent un doigt accusateur vers Israël qu'ils accusent d'être responsable de l'état de santé de Yasser Arafat en le maintenant en état de siège dans son quartier général de Ramallah pendant trois ans.
Du côté israélien, les responsables ont tranché dès les premières heures de la journée en annonçant la mort tout court de Yasser Arafat. Le Président américain, fraîchement élu, Georges Bush a lui aussi versé dans ce sens avant de se raviser. M. Bush a eu à la bouche l'expression “que Dieu le bénisse ” à l'annonce, démentie par la suite, de la mort du leader palestinien.

En pleine campagne électorale, Georges Bush avait souligné, lors d'un débat avec son adversaire John Kerry, le mois dernier qu'il n'entendait aucunement revenir sur l'ostracisme dont faisait l'objet Yasser Arafat, qu'il n'a jamais rencontré, alors que le Premier ministre israélien Ariel Sharon est le dirigeant étranger qu'il a le plus rencontré.

Un avis bien tranché du Président de la première puissance mondiale, comme son idée est toute faite sur la manière dont la succession doit s'opérer en terre palestinienne. “Je ne traite pas avec (Yasser) Arafat car (...) je ne pense pas que c'est le genre de personne qui peut amener un Etat palestinien à devenir indépendant”, avait-il dit lors de sa campagne électorale, appelant de ses vœux une direction palestinienne “qui soit fidèle à la démocratie et à la liberté, une direction qui souhaite rejeter le terrorisme ”.

Même dans son état de stade final et de mort prévisible, le Président Arafat suscite des réactions extrêmes chez les responsables en Israël. La deuxième chaîne de télévision israélienne, citant des responsables politiques à Jérusalem, s'est ainsi empressée d'annoncer que le dirigeant palestinien “ne pourra être enterré que dans la Bande de Gaza ”.

La présidence du Conseil israélien a réaffirmé jeudi qu'elle s'opposerait à ce que M. Arafat soit inhumé sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem-est, où se dresse la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'Islam, après La Mecque et Médine, comme il en a fait plusieurs fois le souhait, a rapporté de son côté la radio publique israélienne.

En Europe, les manifestations de solidarité avec le Président se sont, au contraire, poursuivies durant toute la journée. Jacques Chirac s'est rendu, aussitôt l'information annoncée de la dégradation grave de son état de santé, au chevet du Président Arafat. Le Président français, dont le pays a accueilli le leader qui vivait auparavant en état de siège dans sa résidence à Ramallah, partageait dans la matinée les inquiétudes de ses pairs européens. L'état de santé du chef historique de l'OLP était en effet un sujet de préoccupation pour les dirigeants européens qui était réunis en sommet à Bruxelles.

Les Européens craignent que la disparition de Yasser Arafat crée un vide dans les territoires palestiniens au moment où Israël se prépare à se retirer de Gaza. En Israël comme aussi en Palestine, les états-majors s'activent non sans crainte pour surmonter par anticipation ce qui pourrait s'apparenter à une crise institutionnelle et politique dans les Territoires et qui pourrait , si elle n'était pas maîtrisée, conduire à un véritable débordement des populations. Autant dire que dans un pays ou dans l'autre, les dirigeants sont dans une totale expectative. Et l'on y craint le pire bien entendu...
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