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Pendant ce mois de Ramadan : les Chrétiens du Liban sans contraintes

En l'absence de toute contrainte, les chrétiens du Liban changent peu leurs habitudes pendant le mois de jeûne du Ramadan, dans ce pays déchiré pendant 15 ans par une sanglante guerre civile.

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Contrairement à l'Arabie saoudite, aucune consigne officielle n'impose aux Chrétiens au Liban de ne pas manger, boire ou fumer en public, du lever du soleil jusqu'à son coucher.

Aujourd'hui minoritaires, les Chrétiens du Liban ont joui d'une certaine autonomie sous l'empire ottoman dans leur principal fief du Mont-Liban, partagé avec la minorité ésotérique druze qui jeûne très peu, joué un rôle politique sous le mandat français (1920-1943) avant de gouverner le pays de l'indépendance jusqu'à la réduction des prérogatives du chef de l'Etat, en 1989.

Le Liban est le seul pays arabe dont le Président est Chrétien. "Je déjeune devant mes collègues musulmans pendant le Ramadan, qui font de même pendant notre carême", confie à l'AFP Thérèse, employée d'une banque située dans l'ouest de Beyrouth, à dominante musulmane. Elle enchaîne cependant: "Je m'abstiens de mon propre chef de manger dans la rue, dans les régions mixtes".
Chrétiens et Musulmans vivent en paix dans des territoires cloisonnés mais souvent imbriqués, malgré les cicatrices de la guerre (1975-1990) et une poussée des pratiques religieuses. Si les chrétiens se comportent sans précautions dans leurs bastions, de tout temps ils ont montré un certain respect au jeûne des Musulmans, majoritaires dans le pays et particulièrement à Beyrouth, Tripoli (nord), Saïda et Tyr (sud) et à Baalbeck (est).

"Les Musulmans, attachés à la convivialité, ne peuvent pas imposer, comme dans certains pays arabes, les interdictions du Ramadan", affirme un avocat musulman, diplômé de l'Université Saint-Jospeh des Pères jésuites.
Pendant, le Ramadan, Chrétiens, Musulmans non pratiquants et touristes s'attablent aux terrasses des cafés de l'ouest de Beyrouth tandis que les fast-foods longeant l'Université et l'hôpital américains sont ouverts.

Abou Hussein, marchand de quatre saisons, explique à un coreligionnaire protestant contre le "non-respect" du jeûne par des passants, qu'il faut être "tolérant": "Tout le monde n'est pas musulman au Liban". "Je ne change pas mon comportement pendant le Ramadan et je n'ai jamais entendu qu'un chrétien a été inquiété pour avoir contrevenu au jeûne comme cela peut arriver dans les rues du Caire ou de Damas", affirme Joseph, résident du secteur occidental de la capitale.

Issam, un Musulman Chiite, raconte que les Chrétiens de Khiam, à la frontière libano-israélienne, "ont toujours respecté le jeûne" en public.
En revanche, "ils accueillent les Chiites non pratiquants voulant siroter un café, fumer ou déjeuner".
Dans la banlieue sud de Beyrouth et à Baalbeck, bastions du mouvement chiite pro-iranien Hezbollah, les Chrétiens, devenus très peu nombreux, se font très discrets.

Dans les quartiers populaires de Tripoli, comme ceux de Saïda, où le nombre des fondamentalistes sunnites progresse d'année en année, "pas question de rompre le jeûne". L'esprit de tolérance et de convivialité prédomine toutefois.

Des Musulmans, à l'instar du Premier ministre Rafic Hariri ou du dignitaire chiite cheikh Mohammad Fadlallah, invitent des Chrétiens à l'iftar, repas de rupture du jeûne à la fin de la journée. De même, des Chrétiens organisent des iftars ou participent aux soirées des "tentes du Ramadan" où l'on fume le narguilé jusqu'avant l'aube.
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