«Lafkif», c'est le surnom que lui ont attribué les habitués des restaurants sauvages des bords du fleuve qui traverse le village, certainement en raison de la façon dont ce poète débite ses poèmes dans un arabe assez bancal ou se faufile allégrement entre les tables des restaurants, traîné par un garçon en bas âge.
Après un Salamou alaykoum à la sauvette, il demande à tout hasard: «quel est votre nom?». Juste le temps de dire son nom, et la poésie fuse à grand débit de la bouche du Fkih, qui brode ses vers à une vitesse vertigineuse en décomposant l'alphabet du nom donné.
Tu lui dis je m'appelle Driss, et Lakfif sort en une seconde et sans y réfléchir, toutes les qualités humaines, esthétiques et symboliques qu'évoque la lettre «D», puis une à une toutes celles que cachent les autres lettres, dont se compose le prénom.
Serait-ce un simple fait de mémorisation de textes travaillés à l'avance, dont les non voyants détiennent le secret ?. Certainement, la mémoire joue ici un rôle prépondérant, mais elle n'explique pas tout car il serait difficile pour un non voyant, vivant au pied du Haut Atlas d'avoir la possibilité de travailler, et donc de mémoriser des noms venus de régions éloignées du pays.
On essaie de mettre à l'épreuve la fugacité de son verbe, on avance des noms tout à fait imaginaires à l'orthographe complexe, du genre «Karakouch».
Il trouvera sans trop de difficulté la magie qui se cache derrière ce nom avant de disséquer en véritable artiste le sens sublime de chaque lettre. Ainsi, le «K» renvoie au «Karam» (générosité ), le «R» à la Rahma (indulgence), le tout déballé dans une rime approximative où la rigueur grammaticale cède volontiers aux exigences de «la nécessité poétique» comme il lui plait de répondre, surtout quand on ose lui faire la remarque.
Tu peux lui dire t'appeler «Robert» ou «Helmut», il te trouvera sans peine les épithètes appropriées pour évoquer toutes les merveilles que recèle ton patronyme, commente un restaurateur du patelin. C'est un don divin, rétorque un marchand ambulant de plantes médicinales.
Et dire que le verbe ne fait plus vivre, que la loquacité est l'apanage des lettrés et que la tendance est plutôt à la cyber-culture.
Après un Salamou alaykoum à la sauvette, il demande à tout hasard: «quel est votre nom?». Juste le temps de dire son nom, et la poésie fuse à grand débit de la bouche du Fkih, qui brode ses vers à une vitesse vertigineuse en décomposant l'alphabet du nom donné.
Tu lui dis je m'appelle Driss, et Lakfif sort en une seconde et sans y réfléchir, toutes les qualités humaines, esthétiques et symboliques qu'évoque la lettre «D», puis une à une toutes celles que cachent les autres lettres, dont se compose le prénom.
Serait-ce un simple fait de mémorisation de textes travaillés à l'avance, dont les non voyants détiennent le secret ?. Certainement, la mémoire joue ici un rôle prépondérant, mais elle n'explique pas tout car il serait difficile pour un non voyant, vivant au pied du Haut Atlas d'avoir la possibilité de travailler, et donc de mémoriser des noms venus de régions éloignées du pays.
On essaie de mettre à l'épreuve la fugacité de son verbe, on avance des noms tout à fait imaginaires à l'orthographe complexe, du genre «Karakouch».
Il trouvera sans trop de difficulté la magie qui se cache derrière ce nom avant de disséquer en véritable artiste le sens sublime de chaque lettre. Ainsi, le «K» renvoie au «Karam» (générosité ), le «R» à la Rahma (indulgence), le tout déballé dans une rime approximative où la rigueur grammaticale cède volontiers aux exigences de «la nécessité poétique» comme il lui plait de répondre, surtout quand on ose lui faire la remarque.
Tu peux lui dire t'appeler «Robert» ou «Helmut», il te trouvera sans peine les épithètes appropriées pour évoquer toutes les merveilles que recèle ton patronyme, commente un restaurateur du patelin. C'est un don divin, rétorque un marchand ambulant de plantes médicinales.
Et dire que le verbe ne fait plus vivre, que la loquacité est l'apanage des lettrés et que la tendance est plutôt à la cyber-culture.
