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Pourquoi le dernier rapport de Kofi Annan sur le Sahara a changé de ton

Le dernier rapport de Kofi Annan sur le Sahara est porteur d'une évolution positive. Le ton n'est plus vindicatif, loin de l'ultimatum de l'automne dernier, et l'heure est à la négociation. Dans les cénacles internationaux, c'est la même conviction : la

Pourquoi le dernier rapport de Kofi Annan sur le Sahara a changé de ton
Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU
La nouveauté réside bien dans le fait qu'à l'international on le sait et plus personne ne parle d'une solution qui serait trouvée entre le Maroc et le polisario.

Il y a une évolution positive même si la littérature onusienne ne la reflète pas forcément et reste prisonnière de la fameuse résolution 1495».

Notre interlocuteur se souvient encore de ce bien mauvais moment et des sueurs froides marocaines. Il se souvient comme hier de cet été pourri, ce mois de juillet 2003 où James Baker, le représentant spécial de Kofi Annan, avait tenté de faire passer en force un plan de paix, inacceptable pour les Marocains, où l'ONU se faisait machine à programmer les indépendances. Il se souvient aussi du soutien d'une Administration américaine qui se refusait alors de lâcher cet homme influent, proche parmi les proches du premier cercle pro-Bush.

Depuis, Washington a évolué dans son approche du dossier du Sahara. «Le rôle du Souverain a été fondamental. L'argumentaire développé par S.M. le Roi lors de ses contacts aux Etats-Unis a été déterminant». Et c'est bien peu de le dire. La réaction ne s'était pas fait attendre. Quelques jours après la visite royale aux Etats-Unis, une déclaration du Président américain démontrait que «la vapeur était renversée». «Le dossier du Sahara est sensible pour le Maroc. On n'imposera rien à ce pays et il faut continuer de travailler avec le Royaume», déclarait en substance Gorges Bush. C'était le 23 septembre 2003 et les Américains venaient officiellement de planter le décor ou plutôt le contexte qui était bel et bien algéro-marocain. «C'est la première fois que l'Administration américaine dit clairement que le Maroc et l'Algérie doivent négocier».
Cette nouvelle position américaine loin d'être conjoncturelle sera confirmée à maintes reprises, aussi bien par Colin Powell ou encore William Burns, lors de leur étape marocaine dans le cadre d'une tournée dans la région.

A Rabat, le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies est abondamment commenté. On veut d'abord et surtout en retenir le changement de ton «qui n'est plus vindicatif». Une question de sémantique ? «Pas du tout ! Nous sommes loin de l'ultimatum donné il y a quelques mois où l'on donnait trois mois au Maroc pour l'acceptation et la mise en œuvre du plan de paix. C'est un changement réel. Aujourd'hui, le dernier rapport de Kofi Annan recommande de poursuivre les négociations avec le Maroc en vue d'une solution politique et une réponse finale de la partie marocaine», répond notre interlocuteur.

L'évolution n'est pas seulement sémantique. Depuis le 31 décembre 2003, la commission d'identification est officiellement enterrée et les experts onusiens sont en train de faire leurs bagages. Que faut-il en conclure ? «Tout simplement que l'option du plan de paix a disparu !», indique une source proche de la MINURSO.

Alors que ce lundi 26 janvier, le Conseil de sécurité commençait des discussions informelles au sujet de la proposition du secrétaire général de l'ONU recommandant une prorogation de trois mois de la MINURSO, l'ombre de l'Algérie n'en finit pas de planer.Le nouveau délai fixé à la fin du mois d'avril coïncide avec la fin des élections présidentielles algériennes. Difficile d'y voir un simple hasard…

L'autonomie dans le cadre des fondements institutionnels

La réponse finale marocaine est attendue, d'ici la fin du mois d'avril, par la machine onusienne. Du côté de la partie marocaine, on n'en finit pas de rappeler que «la position du Royaume est connue». Dans l'affaire du Sahara, Rabat a déjà une réponse. Elle prend la forme d' un projet, une proposition, un statut particulier. «La question de l'autonomie n'est pas un sujet tabou pour nous. On peut en discuter. Mais dans le cadre des fondements institutionnels de la monarchie et de l'Etat marocain. Le Maroc peut servir de modèle dans la région en termes de stabilité et de démocratisation. D'autant qu'autodétermination ne signifie plus indépendance», affirme-t-on aux affaires étrangères.

C'est le même argumentaire développé dans les rangs des politiques. «Le pays représente un modèle où le triptyque Islam-démocratie-modernité est possible. Le plus que le Maroc donnera aux réfugiés de Tindouf, c'est qu'ils pourront vivre dans un espace de liberté. Le dossier du Sahara et sa résolution doit justement conforter ce modèle parce que le Maroc apporte sa recette», affirme un dirigeant politique.

Si la solution politique pointe de plus en plus à l'horizon, le droit humanitaire international, lui, n'a pas attendu. Des mesures de confiance se sont en effet développées en parallèle des négociations. «Il s'agit d'un package : conversations téléphoniques, échanges de courrier et échanges de visites que le Maroc a d'ailleurs accepté». La ligne téléphonique n'avait en fait fonctionné qu'un seul jour, le 16 avril dernier de 11 heures à 15 heures, et encore dans un seul et unique camp de Tindouf, celui du «27 février», abritant Abdelaziz et ses compères.

Les protestations du HCR après l'interruption provoquée par le polisario ont donné à entendre une réponse pleine d'enseignements où l'implication d'Alger est, de jour en jour, patente Ceux de Tindouf ont coupé la ligne téléphonique «dans l'attente d'une autorisation algérienne…». Depuis, les communications téléphoniques entre Tindouf et les provinces du Sud ont repris. Mais seule l'élite polisarienne peut en profiter.

Si les Marocains ont notifié leur accord aux échanges de visites de Tindouf vers les provinces et vice versa- à condition que les visites ne soient pas limitées à la première liste provisoire d'identification- ni le polisario ni l'Algérie n'ont donné de réponse au Haut commissariat aux réfugiés. Ces visites d'une semaine concerneraient à chaque fois des groupes d'une vingtaine de personnes. «Cela pourra se faire dans le contexte de Aïd El Kébir, vers la deuxième ou troisième semaine de février.

C'est une opération très importante. C'est un exercice humanitaire qui est aussi éminemment politique», conclut une source bien informée.
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