Menu
Search
Lundi 22 Décembre 2025
S'abonner
close
Lundi 22 Décembre 2025
Menu
Search

Préférence pour la descendance masculine : mon premier enfant est un garçon

La plupart des pères préfèrent avoir un garçon pour premier enfant. C'est à peine s'ils arrivent à cacher leur préférence pour une descendance masculine. Ils pensent en effet que la venue d'un garçon représente la fierté d'un ménage !

No Image
Milouda, professeur, explique le phénomène autrement en avançant que « les familles préfèrent de plus en plus avoir un premier nouveau né garçon plutôt qu'une fille, parce qu'à la mort du père, c'est toujours l'oncle ou ses fils qui bénéficient d'une grande partie de l'héritage, si le défunt n'a laissé que les filles.

L'existence d'un garçon au sein d'une famille évite ce genre de mainmise de l'oncle. Ce dernier est souvent détesté à cause de cela ». Accoucher d'une fille ou d'un garçon est souvent le thème à discuter, parfois discrètement, par la plupart des familles. La naissance d'un enfant reste toujours un acte de bonheur et de fierté pour la famille.

Elle est même perçue comme le signe de la bénédiction divine. La fierté de la femme est double, d'abord parce qu'elle a réussi le pacte conjugal, et ensuite parce qu'elle a mis au monde l'héritier, le protecteur de la famille ou le continuateur d'un nom ou d'un renom.
Le garçon est souvent considéré comme étant l'avenir et la pérennité du nom de la famille, sa fierté et sa force.

Mme Latefa Jouhir, sociologue et auteur de l'étude sociologique sur les violences conjugales au Maroc explique ce phénomène : «Dans le contexte familial traditionnel, l'enfant garçon évolue dans un milieu où le père est le chef suprême; il comprend que lui aussi a le droit et le devoir de jouer le même rôle. L'éducation sexiste situe les rapports fille-garçon dans un contexte hiérarchique inégal. Dès son plus tendre enfance, on fait comprendre au garçon que sa masculinité est ce qui fait sa puissance et marque son prestige au premier chef».

A vrai dire que dans certaines couches sociales, l'on continue encore de penser que l'homme est supérieur à la femme. En effet, tout au long de sa grossesse, la femme espère porter en elle un garçon. Si le nouveau-né s'avère être une fille, c'est la consternation.

La naissance d'une fille est peu souhaitée, notamment dans les zones rurales les plus arriérées. Un argument serait que le garçon a plus d'importance dans la société de par le fait qu'il sauvegarde le patrimoine familial, tandis que la fille va enrichir le foyer des autres. La plupart du temps, c'est l'entourage de la famille qui met la pression sur la future maman.

Si les autres femmes de la famille ont mis au monde un garçon, elle voudra également avoir un garçon. C'est une question d'honneur.
Pour Mme Jouhir « L'enfant de sexe masculin est aussi un héritier souhaité, attendu et vénéré : il perpétuera le nom de la famille et sauvegardera les intérêts économiques de la lignée paternelle en empêchant l'héritage de tomber dans des mains étrangères puisqu'il hérite de la plus grande part de la fortune des parents selon la loi musulmane ».

Elle ajoute que « la préférence pour un enfant de sexe masculin n'est pas sans lien avec la mission que doit remplir l'enfant garçon : son statut d'homme lui confine des avantages et des pouvoirs, mais il implique aussi des responsabilités et lui impose des devoirs notamment celui de veiller sur l'honneur de la famille et d'accomplir son rôle de protecteur». Même les célébrations de la naissance du bébé garçon diffèrent d'une famille à l'autre. Mais, elles reflètent, toutes, l'authenticité des traditions.

La famille veille à l'organisation de la cérémonie d'immolation et à la préparation des mets traditionnels spécifiques à cette occasion. Aussitôt la naissance annoncée, les youyou fusent de tous les côtés de la maison pour avertir les proches de la délivrance et de la venue du nouveau-né.

L'importance de la maternité dans la vie d'une femme a permis de comprendre quelle pouvait être la force de l'attachement d'une mère à son fils. En effet, par sa
naissance, le garçon comble sa mère et lui permet ainsi d'acquérir une place honorable dans la société : mère de garçon.

Dans ce contexte, la sociologue Jouhir indique que « Si le poids de l'éducation traditionnelle est davantage ressenti par la fille qui se trouve dans une situation dévalorisante et inférieure à celle de son frère, ce dernier est au contraire sur-valorisé par sa mère qui, a elle-même subit les méfaits de cette éducation sexiste.

On comprend alors aisément la préférence portée à l'enfant garçon par une mère qui a intériorisé son rôle d'être inférieur ; d'autre part cette préférence traduit un rêve et une attente d'une situation plus confortable et sécurisante de la part de cette mère qui vit dans une société où la femme n'a pas de statut en tant que femme.
Elle est seulement la mère ou l'épouse d'un homme ».
Lisez nos e-Papers