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Présidentielle des Etats-Unis : après la médiocre prestation de Bush, Dick Cheney contre-attaque

Le vice-président américain Dick Cheney a cherché mardi, lors de son unique débat télévisé, à réparer les dégâts causés par la piètre performance du président George W. Bush la semaine dernière en pilonnant les positions de John Kerry sur l'Irak et la lut

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Lors d'un débat tendu et émaillé de piques venimeuses, M. Cheney a affronté le co-listier démocrate John Edwards sur le terrain qu'avait plutôt mal défendu le président Bush lors de son face à face avec le candidat démocrate.

«Cheney a été infiniment plus cohérent que Bush, mais ses points faibles sont nombreux. Edwards était meilleur que Kerry mais pas avec la même marge, parce que Bush a été vraiment mauvais», a commenté Larry Sabato, directeur du centre d'Etudes politiques de l'université de Virginie.

Il a cependant minimisé l'importance du débat entre les deux co-listiers: «C'était intéressant un moment, mais personne ne s'en souviendra plus vendredi lorsqu'il y aura le débat présidentiel», a-t-il dit à l'AFP.

Dès les premières minutes, imperturbable, la voix grave, Dick Cheney a défendu méthodiquement l'invasion de l'Irak, dont il avait été l'un des principaux architectes: «Ce que nous avons fait en Irak était exactement la chose à faire».

Ce conflit doit être examiné «dans le contexte de la guerre globale contre le terrorisme» lancée après les attentats du 11 septembre 2001, a-t-il déclaré.
Pendant près d'une heure d'un duel de 9O minutes, les deux hommes ont ferraillé sur l'Irak, et son lien controversé avec la «guerre contre le terrorisme», principal enjeu de la campagne pour l'élection présidentielle du 2 novembre.

«Encore une fois, le gouvernement n'est pas honnête avec les Américains» à propos de l'Irak, a affirmé M. Edwards. Selon lui, la «pagaille» créée par la guerre dans ce pays a détourné les Etats-Unis de la lutte contre Al Qaïda et des menaces internationales que représentent la Corée du Nord et l'Iran.

Si M. Edwards a peu cité le nom de M. Bush, le vice-président a attaqué directement John Kerry, déclarant qu'il n'avait «pas les qualités pour être commandant en chef». Lui et M. Edwards «ne sont pas prêts à faire face à des Etats qui soutiennent le terrorisme. Ils ont une vision très limitée sur le recours des forces des Etats-Unis pour défendre l'Amérique», a-t-il ajouté. «Il ne suffit pas de hausser un peu la voix au milieu d'une campagne ou dans un débat présidentiel pour occulter 30 années passées à se tromper sur les questions de défense» a encore persiflé Dick Cheney.

John Edwards, visiblement plus à l'aise lorsqu'il a abordé les questions sociales, dont la plus importante perte d'emplois aux Etats-Unis depuis des décennies, a lancé à son rival: «M. le vice-président, je ne crois pas que le pays puisse encore endurer quatre ans de ce genre d'expérience».

Pour sa part le vice-président républicain a ironisé sur l'absentéisme supposé de John Edwards au Sénat, affirmant qu'il ne s'était pas «particulièrement distingué» par sa participation aux sessions parlementaires.

«Vous avez manqué beaucoup de votes cruciaux sur les impôts, l'énergie, la réforme du Medicare» (soins pour personnes âgées), a dit Dick Cheney à John Edwards avant de lui asséner: «Comme vice-président, je suis au Sénat presque tous les mardi quand il est en session, mais la première fois que je vous ai vu, c'est ce soir lorsque vous êtes entré sur le plateau».
«C'est une distorsion complète de mes états de service», a répondu le candidat démocrate.

Traditionnellement d'une importance secondaire, le débat des «numéros deux» a pris une nouvelle dimension après la contre-performance de George W. Bush durant le premier des trois débats entre candidats à la présidence.


Principaux points du face-à-face

- IRAK/AFGHANISTAN: Cheney: "Ce que nous avons fait en Irak était exactement la chose à faire et si cela était à refaire, je recommanderais de le refaire «Ce conflit doit être examiné» dans le contexte de la guerre globale contre le terrorisme «Saddam Hussein a été pendant des années sur la liste des Etats soutenant le terrorisme (...) il a établi des relations avec al-Qaïda» «Le monde est plus sûr aujourd'hui parce que Saddam Hussein est en prison» «Nous avons fait des progrès significatifs en Irak» Edwards: «Encore une fois, le gouvernement n'est pas honnête avec les Américains. Vous continuez de dire que les choses vont bien en Irak. Il suffit de regarder la télévision. Nous avons perdu plus de soldats en septembre qu'en août, plus en août qu'en juillet, plus en juillet qu'en juin» «Il n'y a pas que moi à voir la pagaille en Irak» «L'Afghanistan produit aujourd'hui 75% de l'opium mondial. Une grande partie du pays est sous le contrôle des seigneurs de la drogue».

- TERRORISME: Cheney: «La plus grande menace d'aujourd'hui est la possibilité pour des terroristes de passer en fraude dans une de nos villes une arme nucléaire ou des agents biologiques pour menacer la vie de centaines de milliers d'Américains».

«Nous poursuivrons Oussama ben Laden et Al-Qaïda aussi longtemps que nécessaire» Edwards: «Il n'y a pas de liens entre les attaques du 11 septembre (2001) et Saddam Hussein» «L'objectif aurait du être al-Qaïda, Oussama ben Laden»
- PRESIDENCE Cheney: Kerry et Edwards «ne sont pas prêts à faire face à des Etats qui soutiennent le terrorisme. Ils ont une vision très limitée sur le recours aux forces des Etats-Unis pour défendre l'Amérique» Kerry «n'a pas les qualités pour être commandant en chef» «Pendant 30 ans (Kerry) a été du mauvais côté sur les sujets de défense» «Pour gagner la guerre contre le terrorisme le bon choix c'est George W. Bush, pas John Kerry» Edwards: «Quelqu'un s'est trompé mais ce ne sont ni John Kerry, ni John Edwards» .

Les Musulmans américains à la recherche d'un nouvel état d'esprit

«Et un de plus prêt à voter», se félicite Anam El-Jabali, une des bénévoles de la mosquée Bridgeview dans la banlieue de Chicago (Etats-Unis), qui vient de convaincre un fidèle de s'inscrire sur les listes électorales pour l'élection américaine du 2 novembre. «Il est Palestinien, il vit ici depuis 40 ans et n'a jamais voté, mais cette fois il va enfin le faire», explique Anam. Avec d'autres bénévoles, cette Américano-Palestinienne participe aux campagnes organisées par les mosquées depuis deux mois pour encourager l'inscription sur les listes électorales. Elle est particulièrement contente de sa nouvelle recrue, un homme d'un certain âge. «Les personnes âgées sont les plus dures à convaincre elles vivent ici depuis longtemps, paient des impôts mais ne s'inscrivent pas pour voter car elles sont sans illusion. Elles préfèrent adopter un profil bas et être ainsi à l'abri de tous problèmes», explique-t-elle.

Les événements des quatre dernières années, notamment la guerre en Irak et la position américaine dans le conflit du Proche-Orient, ont renforcé la prudence des quelque 6 millions de musulmans américains. Mais si la politique étrangère américaine a pu accentuer les tendances isolationnistes de certains, elle en a encouragé d'autres à se sentir davantage responsables et à s'inscrire sur les listes électorales, expliquent les experts. «Nous intensifions notre action sur le terrain pour augmenter le nombre d'électeurs et peu à peu nos efforts sont en train d'être payants», estime Rabiah Ahmed, une porte-parole de CAIR, le Conseil sur les relations américano-islamiques. Les sondages montrent que l'inquiétude principale de la communauté musulmane aux Etats-Unis concerne les droits civiques. Les musulmans sont très préoccupés par la multiplication de cas de détention notamment chez les jeunes et par les soupçons qui pèsent sur les organismes caritatifs, souvent soupçonnés de fournir de l'argent à des réseaux terroristes.

Au cours des dernières semaines, des informations ont circulé sur un probable renforcement des mesures de surveillance par le FBI aux alentours des mosquées. La communauté craint aussi une multiplication des interpellations au hasard.
«La communauté est effrayée et déprimée, nous voulons vivre comme nous avions l'habitude de vivre, nous voulons être à l'aise et non pas craintif», explique Joy Shaffea, une fidèle de la mosquée Bridgeview.

Mme Shaffea prévoit de voter pour le candidat démocrate John Kerry avec l'espoir que cela changera le ton général du discours sur les Arabes et sur la guerre contre le terrorisme.

«J'espère que Kerry ne me décevra pas et nommera des personnes qui vont parler de manière intelligente», a-t-elle ajouté. «Il faut arrêter de généraliser, de diaboliser les Arabes, et cesser d'utiliser certains des termes stupides qu'on entend».

Un sondage publié cette semaine par CAIR montre que plus du quart des Américains ont une opinion caricaturale, globalement négative des musulmans: 26% sont d'accord avec des déclarations du type «la religion musulmane enseigne la violence et la haine», 29% avec «les musulmans enseignent la haine des non croyants à leurs enfants», et 27% croient que «les musulmans accordent moins de valeur à la vie que d'autres peuples». Pour l'instant, les responsables de la communauté musulmane américaine n'ont pas pris position publiquement pour l'un des deux candidats.

«Dans une élection aussi serrée, le vote des musulmans dans les Etats indécis comme la Floride, le Michigan, l'Ohio et la Pennsylvanie pourra faire la différence», estime Zahid Bukhari, chercheur de l'université de Georgetown.
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