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Retour sur des soubresauts politiciens : scènes de ménage partisanes et partis au bord de la crise de nerfs

La chronique politique se nourrit d'un été pourri. Avec les premières chaleurs et les montées de mercure, les soubresauts politiques ou plutôt politiciens se sont fait entendre. D'étranges clameurs témoignant de drôles de mœurs dans le paysage politi

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Cela a commencé à l'Istiqlal. Le plus vieux parti marocain, pour reprendre l'expression consacrée, a donné bien des sueurs froides aux citoyens pas encore partis en vacances, et particulièrement ceux assidus et attentifs à la chronique partisane. C'est une double démission - du parti et du journal Al Alam- qui a sorti militants et non militants de la torpeur de l'été.

Abdelkrim Ghellab qui claque la porte, prenant position à un âge plus que vénérable, c'est plus que de l'information, c'est un événement. Le nationaliste démissionne avec fracas, mettant fin à plus de 60 ans de militantisme et de bons et loyaux services au «hizb», et voilà que le parti de Allal Al Fassi menace de s'effondrer, s'écrouler, d'être rayé de la carte politique.

La crise a été évitée de justesse à cause d'un seul homme, militant de la très première heure, en fait depuis 1946. Le problème n'est pas dans la démission de M. Abdelkrim Ghellab. Il est dans la gestion de cette démission qui n'a intéressé presque personne si ce n'est quelques istiqlaliens qui ont quelques comptes à régler avec celui qui a succédé à Boucetta. La démission de ce membre du conseil de la présidence, supposé être sage parmi les sages - ce qui ne signifie pas gardien du temple istiqlalien- a cristallisé l'état de délabrement avancé de la pratique politique en terre marocaine. En cette affaire, il y eut, et comme à l'accoutumée, double discours et forte tendance à la schyzophrénie.

On parle de la nécessaire relève générationnelle, du renouvellement vital de l'élite politique, on fustige les dinosaures auto-érigés en statues indéboulonnables, on soutient et donne raison aux jeunes cadres piaffant d'impatience, fatigués de l'ombre et revendiquant une place sous le soleil du pouvoir.

Dans le même temps, l'ensemble du comité exécutif de l'Istiqlal, après avoir tenu une réunion extraordinaire, se rend en délégation solennelle et officielle au domicile de M. Abdelkrim Ghellab –lequel avait adressé sa lettre de démission à l'agence MAP et non pas au parti- pour l'exhorter de revenir sur sa décision et rejoindre les rangs de la militance.

Petit détail confirmant la manœuvre aussi grosse qu'une ficelle, les istiqlaliens veulent d'un Ghellab au sein du parti et non pas à Al Alam. Plus que jamais, l'Istiqlal se fait immense citadelle, dans la pure tradition de ces familles ayant adopté la devise «never complain, never explain». La crise politique doit être étouffée, gérée au plus vite.

Les rangs doivent être ressoudés. Le parti a des ennemis, la primature est à portée de main. La théorie du complot a encore de beaux jours devant elle… Complot, vous avez dit complot ? C'est exactement ce que pense Bouazza Ikken, l'homme qui s'est fait leader au supermarché de la politique, créant après scission, spécialité de la maison-mère, l'Union démocratique, devenue par real politik supposons-nous, membre à part entière du pôle haraki.

Ainsi donc, Bouazza Ikken a bien du fil à retordre avec ses ouailles qui ont fait le vœu ardent de le détrôner. Incroyable mais vrai : le principe sacro-saint et toujours utopique de la démocratie interne aurait même été convoqué à la barre de la bonne cause pour que le fauteuil de secrétaire général soit ravi à celui qui pensait l'occuper pour quelques décennies encore, à l'image de tous les leaders dont très, très peu ont su donner l'exemple en partant avant d'être débarqués.
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