Les studios américains ont un bienfaiteur : Philip K. Dick, talentueux écrivain qui, vingt ans après sa mort, continue de colmater les carences d'Hollywood en matière de scénarios de science-fiction. Avec des succès comme Blade Runner (Ridley Scott), Total Recall (Paul Verhoeven), ou plus récemment Minority Report (Steven Spielberg).
Le dernier film tiré de Philip K. Dick compte aussi son cinéaste star, le réalisateur hong-kongais John Woo. Mais Paycheck a peu de chances de gagner sa place dans les annales. Si l'intrigue est costaude, John Woo se contente d'une mise en scène calibrée « film de série ». Le maestro du film d'action s'en tient paresseusement à ce qu'il sait faire, sans se dépasser ni rendre hommage au texte qu'il adapte. Lequel était pourtant plein de ressources.
Paycheck reprend des thèmes chers au romancier : la manipulation de la mémoire et l'usage abusif de la technologie. Informaticien de génie, Michael Jennings travaille à la demande sur des projets top secrets. Pour éviter qu'il n'ébruite quoi que ce soit, ses employeurs effacent artificiellement de sa mémoire les traces de son travail. Curieux contrat qui implique la disparition de l'informaticien pendant une période dont il sort sans savoir ce qu'il a fait, moyennant, bien entendu, un chèque conséquent.
Si cette compensation paraît convenir à Michael Jennings, les flottements qui suivent ses retours de mission sont parmi les plus subtiles de la mise en scène : un homme régulièrement amputé de plusieurs mois, voire années, de sa vie, voilà ce qu'il est. Pas de vie privée, un ami qui guette ses réapparitions, il est en marche vers la déshumanisation. Jusqu'à ce qu'on lui propose un contrat encore plus juteux que les autres.
L'offre est tellement énorme qu'elle en devient suspecte. Mais, alléché, l'ingénieur accepte. De « retour » au bout de trois ans et amnésique comme convenu, il se voit remettre une enveloppe vide : d'après son employeur, il aurait renoncé à sa cagnotte. Décision tellement absurde qu'il décide de mener sa propre enquête. Ce qui revient finalement à tenter de reconstituer le puzzle de sa mémoire atrophiée.
Un thriller high-tech
En rompant les termes du contrat qui le lie, le personnage récupère une autonomie qu'il était en voie de perdre. La ré-humanisation de ce cerveau en danger de robotisation : c'est ce que sous-tend la nouvelle de Philip K. Dick. Surfant allègrement sur cette dimension, John Woo en a fait le ressort d'un thriller high-tech où l'action, son domaine de prédilection, finit par recouvrir le suspens.
Résultat : la science-fiction s'empèse d'un réalisme rebattu qui tourne autour des questions d'honneur, de loyauté et de vengeance. Dans la peau de Michael Jennings, Ben Affleck (Will Hunting, Armageddon, Gigli, Daredevil) fait pâle figure. Quant à Uma Thurman, époustouflante dans Kill Bill, elle reste ici parfaitement sous-employée.
Son personnage recelait pourtant une des autres pépites du film : Rachel, qui a connu Michael Jennings pendant son fameux contrat secret, se retrouve face à un homme qui l'a aimée pendant trois ans mais n'en garde pas le moindre souvenir.
Jusqu'à quel sous-sol faut-il descendre dans la mémoire de l'ingénieur pour retrouver des traces d'elle ? Autre fil, romantique cette fois, rappelant que le responsable dans cette histoire n'est pas tant le peu scrupuleux employeur que le héros lui-même, conduit à s'interroger sur le «Qui-suis-je ? » et « Qu'ai-je fait ? ». Mais John Woo noie ces questions sous des cascades où son style reconnaissable ne titille aucune originalité. Produit acceptable mais vite avalé, Paycheck risque de laisser assez peu de traces dans les mémoires.
Le dernier film tiré de Philip K. Dick compte aussi son cinéaste star, le réalisateur hong-kongais John Woo. Mais Paycheck a peu de chances de gagner sa place dans les annales. Si l'intrigue est costaude, John Woo se contente d'une mise en scène calibrée « film de série ». Le maestro du film d'action s'en tient paresseusement à ce qu'il sait faire, sans se dépasser ni rendre hommage au texte qu'il adapte. Lequel était pourtant plein de ressources.
Paycheck reprend des thèmes chers au romancier : la manipulation de la mémoire et l'usage abusif de la technologie. Informaticien de génie, Michael Jennings travaille à la demande sur des projets top secrets. Pour éviter qu'il n'ébruite quoi que ce soit, ses employeurs effacent artificiellement de sa mémoire les traces de son travail. Curieux contrat qui implique la disparition de l'informaticien pendant une période dont il sort sans savoir ce qu'il a fait, moyennant, bien entendu, un chèque conséquent.
Si cette compensation paraît convenir à Michael Jennings, les flottements qui suivent ses retours de mission sont parmi les plus subtiles de la mise en scène : un homme régulièrement amputé de plusieurs mois, voire années, de sa vie, voilà ce qu'il est. Pas de vie privée, un ami qui guette ses réapparitions, il est en marche vers la déshumanisation. Jusqu'à ce qu'on lui propose un contrat encore plus juteux que les autres.
L'offre est tellement énorme qu'elle en devient suspecte. Mais, alléché, l'ingénieur accepte. De « retour » au bout de trois ans et amnésique comme convenu, il se voit remettre une enveloppe vide : d'après son employeur, il aurait renoncé à sa cagnotte. Décision tellement absurde qu'il décide de mener sa propre enquête. Ce qui revient finalement à tenter de reconstituer le puzzle de sa mémoire atrophiée.
Un thriller high-tech
En rompant les termes du contrat qui le lie, le personnage récupère une autonomie qu'il était en voie de perdre. La ré-humanisation de ce cerveau en danger de robotisation : c'est ce que sous-tend la nouvelle de Philip K. Dick. Surfant allègrement sur cette dimension, John Woo en a fait le ressort d'un thriller high-tech où l'action, son domaine de prédilection, finit par recouvrir le suspens.
Résultat : la science-fiction s'empèse d'un réalisme rebattu qui tourne autour des questions d'honneur, de loyauté et de vengeance. Dans la peau de Michael Jennings, Ben Affleck (Will Hunting, Armageddon, Gigli, Daredevil) fait pâle figure. Quant à Uma Thurman, époustouflante dans Kill Bill, elle reste ici parfaitement sous-employée.
Son personnage recelait pourtant une des autres pépites du film : Rachel, qui a connu Michael Jennings pendant son fameux contrat secret, se retrouve face à un homme qui l'a aimée pendant trois ans mais n'en garde pas le moindre souvenir.
Jusqu'à quel sous-sol faut-il descendre dans la mémoire de l'ingénieur pour retrouver des traces d'elle ? Autre fil, romantique cette fois, rappelant que le responsable dans cette histoire n'est pas tant le peu scrupuleux employeur que le héros lui-même, conduit à s'interroger sur le «Qui-suis-je ? » et « Qu'ai-je fait ? ». Mais John Woo noie ces questions sous des cascades où son style reconnaissable ne titille aucune originalité. Produit acceptable mais vite avalé, Paycheck risque de laisser assez peu de traces dans les mémoires.
