Menu
Search
Vendredi 29 Mars 2024
S'abonner
close
Vendredi 29 Mars 2024
Menu
Search
Accueil next Mondial de l'Automobile 2006

Son avenir est incertain et la droite française est en crise : l'ancien Premier ministre français Alain Juppé condamné pour malversations

Le dauphin du Président français Jacques Chirac, l'ancien Premier ministre Alain Juppé, a été condamné vendredi pour des malversations, un jugement qui hypothèque son futur politique et ouvre une grave crise pour la droite française.

No Image
M. Juppé, 58 ans, chef de file du parti du Président Chirac, l'Union pour un mouvement populaire (UMP), et candidat potentiel à sa succession en 2007, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et à une peine d'inéligibilité de 10 ans.

Celui que la presse décrit comme un homme brillant mais froid, et qui s'est consacré ces dernières années à sa mairie de Bordeaux, dans le sud-ouest, a fait appel - avec effet suspensif - de ce jugement, rendu par le tribunal de Nanterre, près de Paris.

Il avait prévenu qu'il se retirerait de la vie politique s'il était condamné, mais son destin politique devrait rester incertain jusqu'au jugement d'appel qui risque de prendre plusieurs mois voire plus d'un an.

M. Juppé était accusé, avec 26 co-prévenus, d'être impliqué dans le financement entre 1983 et 1995 de sept permanents de son parti d'alors, le RPR, par des fonds de la ville de Paris, dont il était le responsable financier. M. Chirac était à l'époque maire de la capitale. Il a toujours clamé ne rien savoir de ce financement illégal et d'y avoir mis fin dès qu'il en avait eu connaissance.

Le verdict plus lourd que les requête de l'accusation rend son maintien dans la course à la présidentielle de 2007 tout à fait incertain et ouvre le champ au ministre actuel de l'intérieur Nicolas Sarkozy, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles.

Il risque également de provoquer une guerre de succession à la tête du parti du Président Chirac, l'UMP, à un moment où il est engagé dans la campagne pour les élections régionales de mars.

M. Juppé, qui a été ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1995 sous le Président François Mitterrand, est resté flegmatique, au premier rang de la salle d'audience, à la lecture du jugement.

Son avocat, Francis Szpiner, a estimé que cette condamnation était “critiquable et injuste”, s'en prenant à la justice qui veut se “mettre au-dessus de la politique sur la base d'un dossier dont les éléments sont contestables”. “Le tribunal a voulu écarter M. Juppé de la vie politique”, a poursuivi l'avocat.

Dans ses attendus, le tribunal estime que “la nature des faits commis est insupportable au corps social comme contraire à la volonté générale exprimée par la loi” et que M. Juppé a “trompé la confiance du peuple souverain”.

Ce verdict est d'autant plus crucial que M. Juppé lui-même avait annoncé qu'en cas de peine d'inéligibilité, il se retirerait de la scène publique: “Je ferai autre chose. Quand on fait de la politique, il faut être élu sinon cela n'a pas de sens”.

Ses amis politiques l'ont immédiatement défendu. Le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jacques Barrot a estimé qu'il n'était “pas concevable que la France soit privée d'un responsable tel qu'Alain Juppé, reconnu en France comme dans le monde pour ses qualités d'homme d'Etat”.

L'opposition en revanche a accueilli le jugement avec satisfaction. “La sanction est proportionnelle à la faute”, a notamment estimé le Parti socialiste dans un communiqué. M. Juppé avait déjà été contraint en juin 1997 à s'éloigner des hautes charges gouvernementales.

Il avait quitté sa fonction de Premier ministre au lendemain de la défaite de la droite aux législatives, provoquées par la dissolution de la Chambre qu'il avait prônée face à un mouvement de contestation de ses projets de réformes sociales.
Il s'était consacré depuis à sa mairie de Bordeaux et l'organisation d'un parti présidentiel fort.
Lisez nos e-Papers