C'est « Le Maroc de Hassan II ». Et c'est aussi, en filigrane, le parcours du journaliste « so british », correspondant au Maroc depuis une cinquantaine d'années.
« Je n'ai jamais regretté d'avoir choisi le métier de journaliste. Cela a toujours été passionnant. Dès le premier jour, mon rédacteur en chef, un homme très difficile, m'avait prévenu : « Dans ce métier, on n'a pas le droit d'avoir une opinion. Tes opinions personnelles, on s'en f…. Tout ce que tu as à faire, c'est de rapporter ce que tu vois, ou ce que tu entends », m'avait-il dit en guise de première leçon. Les adjectifs étaient tabous à l'époque, car ils exprimaient une opinion ».
Alors quand il lit la presse marocaine, il s'énerve un peu. N'arrive toujours pas à s'y faire. Forcément. «C'est d'abord l'opinion personnelle avant de trouver trois paragraphes plus tard l'information. Bref, il faut souvent commencer par la fin de l'article pour savoir de quoi il s'agit ».
C'est à Paris, sur une terrasse de café, qu'il apprend qu'à Casablanca on cherchait un journaliste anglophone. Il venait à peine de claquer la porte de son premier job. Il téléphone à Casablanca.
« Dès le lendemain on est venu me chercher avec billet aller simple. J'ai débarqué à Casablanca. On a lancé ce journal de langue anglaise édité par Maroc-presse.
On m'avait dit « il ne faut rien écrire sur ce qui se passe au Maroc. Vous avez été recruté pour informer les Américains d'ici sur ce qui se base là-bas chez eux en Amérique» En 1952, déjà, j'étais fasciné par ce qui se passait au Maroc, il y avait une tension extraordinaire.
A cette époque j'avais rencontré Omar Sebti, l'istiqlalien, signataire du Manifeste de l'indépendance. J'avais fais alors un article en première page sans citer la source ».
Ce premier article sur les nationalistes lui coûtera son emploi. Le journal a été tout simplement fermé par la Résidence Générale. Le journaliste anglais, celui-là même à qui on avait appris à ne jamais exprimer son opinion avait-il alors épousé la cause des nationalistes et de l'indépendance de ce pays qu'il ne se résoudra pas de quitter ? « Moi, j'ai écris cet article parce que j'étais très intrigué par ce qui s'écrivait à l'époque dans des journaux comme « Le petit Marocain » ou « La Vigie » et qui étaient très anti-nationalistes.
J'ai voulu comprendre pourquoi un tel dénigrement et c'est comme ça que j'ai rencontré les nationalistes. J'ai eu l'avantage de connaître tous ces acteurs : Hassan Ouazzani, Benbarka, Réda Guedira, Oufkir ».
Il raconte encore ces hasards qui font le scoop, le vrai: « je promenais mon fils de 18 mois au Méchouar. Puis soudain je vois une voiture traction qui sort du Palais .
J'y aperçois le Roi Mohammed V et à ses côtés le Général Guillaume puis dans une seconde voiture les deux princes Moulay Al Hassan et Moulay Abdallah. Un officier français me lance « on les emmène ».
Je venais d'assister aux premières secondes du départ en exil de la famille royale. J'étais le seul journaliste à avoir assisté à cela. J'ai couru à la maison pour envoyer la dépêche».
De Reuter à la BBC ou le New-York Times, le correspondant établi au Maroc aime encore à se remémorer ces articles qu'il a aimé écrire et ces événements qu'il a aimé raconter. Mémoire journalistique vivace, mémoire d'un pays. L'indépendance du pays, les 38 ans de règne du Roi défunt Hassan II, la transition démocratique. Celui qui a fêté son 80ème anniversaire hier mercredi 22 janvier se fait témoin et historien de l'instant et de l'éphémère. Il dit : « En ce temps-là, c'était le socialisme triomphant. C'était l'époque de Jamal Abdel Nasser.
Et Le Maroc avait déjà choisi sa voie et s'y était tenu». Il égrène les événements - qu'il a eu à couvrir - comme autant de souvenirs de baroudeur amoureux des mots, des bons mots aussi : les procès des opposants de gauche qu'il retrouvera deux ou trois décennies plus tard au pouvoir. « Par la grâce de l'alternance, les ennemis d'hier étaient devenus les amis d'aujourd'hui ».
Le journaliste couvrira aussi la Marche Verte « une idée formidable, géniale à laquelle personne ne croyait.
C'était une grande surprise à l'époque. Le Roi Hassan II l'a non seulement fait mais réussi. L'unité nationale est une réussite du Roi défunt. Couvrir la Marche Verte était vraiment passionnant»
Les journalistes étrangers de passage au Maroc lui posent souvent la même question. « Pourquoi vous ne rentrez pas après un demi-siècle au Maroc?».
Invariablement, Stephen Hughes sourit et répond : «ce pays est attachant et je m'y suis attaché. Puis on se sait jamais ce qui peut se passer au Maroc ». Les journalistes sont comme de vieux volcans. Ils ne s'éteignent jamais.
« Je n'ai jamais regretté d'avoir choisi le métier de journaliste. Cela a toujours été passionnant. Dès le premier jour, mon rédacteur en chef, un homme très difficile, m'avait prévenu : « Dans ce métier, on n'a pas le droit d'avoir une opinion. Tes opinions personnelles, on s'en f…. Tout ce que tu as à faire, c'est de rapporter ce que tu vois, ou ce que tu entends », m'avait-il dit en guise de première leçon. Les adjectifs étaient tabous à l'époque, car ils exprimaient une opinion ».
Alors quand il lit la presse marocaine, il s'énerve un peu. N'arrive toujours pas à s'y faire. Forcément. «C'est d'abord l'opinion personnelle avant de trouver trois paragraphes plus tard l'information. Bref, il faut souvent commencer par la fin de l'article pour savoir de quoi il s'agit ».
C'est à Paris, sur une terrasse de café, qu'il apprend qu'à Casablanca on cherchait un journaliste anglophone. Il venait à peine de claquer la porte de son premier job. Il téléphone à Casablanca.
« Dès le lendemain on est venu me chercher avec billet aller simple. J'ai débarqué à Casablanca. On a lancé ce journal de langue anglaise édité par Maroc-presse.
On m'avait dit « il ne faut rien écrire sur ce qui se passe au Maroc. Vous avez été recruté pour informer les Américains d'ici sur ce qui se base là-bas chez eux en Amérique» En 1952, déjà, j'étais fasciné par ce qui se passait au Maroc, il y avait une tension extraordinaire.
A cette époque j'avais rencontré Omar Sebti, l'istiqlalien, signataire du Manifeste de l'indépendance. J'avais fais alors un article en première page sans citer la source ».
Ce premier article sur les nationalistes lui coûtera son emploi. Le journal a été tout simplement fermé par la Résidence Générale. Le journaliste anglais, celui-là même à qui on avait appris à ne jamais exprimer son opinion avait-il alors épousé la cause des nationalistes et de l'indépendance de ce pays qu'il ne se résoudra pas de quitter ? « Moi, j'ai écris cet article parce que j'étais très intrigué par ce qui s'écrivait à l'époque dans des journaux comme « Le petit Marocain » ou « La Vigie » et qui étaient très anti-nationalistes.
J'ai voulu comprendre pourquoi un tel dénigrement et c'est comme ça que j'ai rencontré les nationalistes. J'ai eu l'avantage de connaître tous ces acteurs : Hassan Ouazzani, Benbarka, Réda Guedira, Oufkir ».
Il raconte encore ces hasards qui font le scoop, le vrai: « je promenais mon fils de 18 mois au Méchouar. Puis soudain je vois une voiture traction qui sort du Palais .
J'y aperçois le Roi Mohammed V et à ses côtés le Général Guillaume puis dans une seconde voiture les deux princes Moulay Al Hassan et Moulay Abdallah. Un officier français me lance « on les emmène ».
Je venais d'assister aux premières secondes du départ en exil de la famille royale. J'étais le seul journaliste à avoir assisté à cela. J'ai couru à la maison pour envoyer la dépêche».
De Reuter à la BBC ou le New-York Times, le correspondant établi au Maroc aime encore à se remémorer ces articles qu'il a aimé écrire et ces événements qu'il a aimé raconter. Mémoire journalistique vivace, mémoire d'un pays. L'indépendance du pays, les 38 ans de règne du Roi défunt Hassan II, la transition démocratique. Celui qui a fêté son 80ème anniversaire hier mercredi 22 janvier se fait témoin et historien de l'instant et de l'éphémère. Il dit : « En ce temps-là, c'était le socialisme triomphant. C'était l'époque de Jamal Abdel Nasser.
Et Le Maroc avait déjà choisi sa voie et s'y était tenu». Il égrène les événements - qu'il a eu à couvrir - comme autant de souvenirs de baroudeur amoureux des mots, des bons mots aussi : les procès des opposants de gauche qu'il retrouvera deux ou trois décennies plus tard au pouvoir. « Par la grâce de l'alternance, les ennemis d'hier étaient devenus les amis d'aujourd'hui ».
Le journaliste couvrira aussi la Marche Verte « une idée formidable, géniale à laquelle personne ne croyait.
C'était une grande surprise à l'époque. Le Roi Hassan II l'a non seulement fait mais réussi. L'unité nationale est une réussite du Roi défunt. Couvrir la Marche Verte était vraiment passionnant»
Les journalistes étrangers de passage au Maroc lui posent souvent la même question. « Pourquoi vous ne rentrez pas après un demi-siècle au Maroc?».
Invariablement, Stephen Hughes sourit et répond : «ce pays est attachant et je m'y suis attaché. Puis on se sait jamais ce qui peut se passer au Maroc ». Les journalistes sont comme de vieux volcans. Ils ne s'éteignent jamais.
