Chouchous de la Croisette depuis leur Palme d'Or en 1991 pour Barton Fink, les deux réalisateurs américains étaient très attendus. Mais en dépit d'un bon accueil public, leur dernier film, comme le précédent, Intolérable cruauté, coud dans de la grosse ficelle une comédie amusante mais sans surprises. Un talent qui se tasse ou qui se formate ? Depuis The Barber, les frères Coen n'innovent plus, ni dans la forme, ni dans le propos.
Cette fois, ils ont décidé de revisiter, à leur façon, Tueurs de dames, une comédie britannique réalisée par Alexander Mackendrick en 1955, avec Alec Guinness, Peter Sellers et Herbert Lom. Dans le vivier hollywoodien, leur nouvelle pépinière, ils ont pêché Tom Hanks, qui n'avait pas joué dans une comédie depuis dix ans. "L'un des acteurs les plus populaires qu'ait connus le 7ème Art, et le tandem de cinéastes le plus respecté qui soit... Ladykillers, c'est d'abord une rencontre au sommet", annonce prétentieusement le dossier de presse.
Le chéri des studios américains joue le rôle du Professeur Goldthwait Higginson Dorr. Un dandy criminel qui, pour braquer le casino d'une petite ville du Mississippi, loue une chambre chez une vieille dame noire qui habite à côté. Prétextant des répétitions de musique avec quelques amis, en réalité son gang, il investit la cave de sa logeuse pour forer le tunnel qui les mènera au coffre fort de l'établissement voisin. Le forfait est accompli tant bien que mal, mais la vieille dame, pas si bête, s'aperçoit de la supercherie. Elle devient donc un témoin gênant. Et les voleurs pas doués de tirer à la courte paille celui qui devra la supprimer...
Edgar Poe version cartoon
Le problème ne tient pas tant à l'histoire, plutôt bien construite, qu'aux personnages, tellement stéréotypés qu'on les dirait échappés de films de (mauvais) genre. La vieille dame noire évangéliste (Irma P. Hall) connaît mieux la bible que les jours de la semaine, mais ne manque pas de franc parler. Les malfrats comptent Gawain (Marlon Wayans), un jeune noir qui s'adonne au hip hop et jure comme un caïd évadé d'une série télévisée. Pancake (J.K. Simmons), un ancien militaire amical qui a troqué son treillis contre une veste de safari. Le Général (Tzi Ma), profil asiatique qui a biberonné, bien entendu, des méthodes yakusa.
Et Lump (Ryan Hurst), un grand gros, évidemment débile. Le prix d'originalité revient donc au Professeur, cerveau de l'opération. Sous sa longue cape, il cultive une passion solitaire pour les langues mortes, parle comme écrirait Shakespeare et marie des citations de Edgar Poe avec un rire digne d'une figurine de cartoon.
En passant vite sur les gags vulgaires ou gras (un obèse qui s'empiffre salement, un fragile du colon), on trouve quelques bonnes idées : un tableau jouant le rôle de Big Brother, une tendance démoniaque chez le Professeur face à l'angélique Mrs. Munson, un ensemble de musique de la Renaissance comme couverture pour les malfrats, ou encore la condescendance des policiers qui prennent Mrs. Munson pour une vieille folle.
Mais le meilleur effet comique réside dans le choc entre les différents niveaux de langage, gag que les frères Coen ont poussé jusqu'à prolonger les jeux de mots dans une traduction française en sous-titre. Reste que le déroulé de l'histoire est aussi lisse que prévisible. Même pas un soupçon d'immoralité pour mettre un peu de piment dans ce bain d'huile.
On rit, certes, devant ce divertissement bien monté et bien filmé. Mais on verse une larme en pensant aux subtilités de The Barber ou aux irrévérences de The Big Lebowski. Le festival de Cannes ne devrait-il pas être un espace de découverte et d'invention plutôt qu'une tribune supplémentaire pour des confirmés ? D'autant que les frères Coen n'ont pas vraiment besoin d'être estampillés "festival de Cannes" pour remplir les salles.
The Ladykillers, film américain de Joel et Ethan Coen avec Tom Hanks, Irma P. Hall, Marlon Wayans, J.K. Simmons, Tzi Ma, Ryan Hurst.
Dans le décor de «Ladykillers »
La fête organisée mardi soir pour le film «Ladykillers», des frères Coen, comportait des décors rappelant l'histoire du film, un casse contre un casino avec percement de tunnel pour y accéder. Le lieu, un grand restaurant-boite de nuit du Cap d'Antibes en bord de mer avec de grandes terrasses, comportait des faux murs percés représentant les ouvertures d'un tunnel, et une salle transformée en casino: à l'entrée, chaque invité recevait deux faux billets de un dollar (à l'effigie de Tom Hanks), à transformer en jetons pour jouer à la roulette ou au black-jack -mais sans réel enjeu financier. Tom Hanks, Joel Coen et Roger Moore, notamment, ont fait un tour à la soirée.
Le come-back de Marlon Brando
Marlon Brando est en discussions pour jouer son propre rôle dans un film que prépare le réalisateur tunisien Ridha Behi, «Brando et Brando», dont le tournage doit débuter cet été à Los Angeles, selon les quotidiens spécialisés «Variety» et «Hollywood Reporter».
Coproduction franco-anglo-tunisienne d'un budget de 5,5 millions de dollars, le film raconte l'histoire d'un jeune Tunisien fasciné par le «rêve américain» incarné par Marlon Brando et qui, une fois sur place, déchante. Ridha Behi, qui a également écrit le scénario, a réalisé notamment «Soleil des Hyènes» (1975) et «Les Anges» (1983), présentés à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, et plus récemment «La boîte magique» (2002).
Cette fois, ils ont décidé de revisiter, à leur façon, Tueurs de dames, une comédie britannique réalisée par Alexander Mackendrick en 1955, avec Alec Guinness, Peter Sellers et Herbert Lom. Dans le vivier hollywoodien, leur nouvelle pépinière, ils ont pêché Tom Hanks, qui n'avait pas joué dans une comédie depuis dix ans. "L'un des acteurs les plus populaires qu'ait connus le 7ème Art, et le tandem de cinéastes le plus respecté qui soit... Ladykillers, c'est d'abord une rencontre au sommet", annonce prétentieusement le dossier de presse.
Le chéri des studios américains joue le rôle du Professeur Goldthwait Higginson Dorr. Un dandy criminel qui, pour braquer le casino d'une petite ville du Mississippi, loue une chambre chez une vieille dame noire qui habite à côté. Prétextant des répétitions de musique avec quelques amis, en réalité son gang, il investit la cave de sa logeuse pour forer le tunnel qui les mènera au coffre fort de l'établissement voisin. Le forfait est accompli tant bien que mal, mais la vieille dame, pas si bête, s'aperçoit de la supercherie. Elle devient donc un témoin gênant. Et les voleurs pas doués de tirer à la courte paille celui qui devra la supprimer...
Edgar Poe version cartoon
Le problème ne tient pas tant à l'histoire, plutôt bien construite, qu'aux personnages, tellement stéréotypés qu'on les dirait échappés de films de (mauvais) genre. La vieille dame noire évangéliste (Irma P. Hall) connaît mieux la bible que les jours de la semaine, mais ne manque pas de franc parler. Les malfrats comptent Gawain (Marlon Wayans), un jeune noir qui s'adonne au hip hop et jure comme un caïd évadé d'une série télévisée. Pancake (J.K. Simmons), un ancien militaire amical qui a troqué son treillis contre une veste de safari. Le Général (Tzi Ma), profil asiatique qui a biberonné, bien entendu, des méthodes yakusa.
Et Lump (Ryan Hurst), un grand gros, évidemment débile. Le prix d'originalité revient donc au Professeur, cerveau de l'opération. Sous sa longue cape, il cultive une passion solitaire pour les langues mortes, parle comme écrirait Shakespeare et marie des citations de Edgar Poe avec un rire digne d'une figurine de cartoon.
En passant vite sur les gags vulgaires ou gras (un obèse qui s'empiffre salement, un fragile du colon), on trouve quelques bonnes idées : un tableau jouant le rôle de Big Brother, une tendance démoniaque chez le Professeur face à l'angélique Mrs. Munson, un ensemble de musique de la Renaissance comme couverture pour les malfrats, ou encore la condescendance des policiers qui prennent Mrs. Munson pour une vieille folle.
Mais le meilleur effet comique réside dans le choc entre les différents niveaux de langage, gag que les frères Coen ont poussé jusqu'à prolonger les jeux de mots dans une traduction française en sous-titre. Reste que le déroulé de l'histoire est aussi lisse que prévisible. Même pas un soupçon d'immoralité pour mettre un peu de piment dans ce bain d'huile.
On rit, certes, devant ce divertissement bien monté et bien filmé. Mais on verse une larme en pensant aux subtilités de The Barber ou aux irrévérences de The Big Lebowski. Le festival de Cannes ne devrait-il pas être un espace de découverte et d'invention plutôt qu'une tribune supplémentaire pour des confirmés ? D'autant que les frères Coen n'ont pas vraiment besoin d'être estampillés "festival de Cannes" pour remplir les salles.
The Ladykillers, film américain de Joel et Ethan Coen avec Tom Hanks, Irma P. Hall, Marlon Wayans, J.K. Simmons, Tzi Ma, Ryan Hurst.
Les échose de la Croisette
Dans le décor de «Ladykillers »
La fête organisée mardi soir pour le film «Ladykillers», des frères Coen, comportait des décors rappelant l'histoire du film, un casse contre un casino avec percement de tunnel pour y accéder. Le lieu, un grand restaurant-boite de nuit du Cap d'Antibes en bord de mer avec de grandes terrasses, comportait des faux murs percés représentant les ouvertures d'un tunnel, et une salle transformée en casino: à l'entrée, chaque invité recevait deux faux billets de un dollar (à l'effigie de Tom Hanks), à transformer en jetons pour jouer à la roulette ou au black-jack -mais sans réel enjeu financier. Tom Hanks, Joel Coen et Roger Moore, notamment, ont fait un tour à la soirée.
Le come-back de Marlon Brando
Marlon Brando est en discussions pour jouer son propre rôle dans un film que prépare le réalisateur tunisien Ridha Behi, «Brando et Brando», dont le tournage doit débuter cet été à Los Angeles, selon les quotidiens spécialisés «Variety» et «Hollywood Reporter».
Coproduction franco-anglo-tunisienne d'un budget de 5,5 millions de dollars, le film raconte l'histoire d'un jeune Tunisien fasciné par le «rêve américain» incarné par Marlon Brando et qui, une fois sur place, déchante. Ridha Behi, qui a également écrit le scénario, a réalisé notamment «Soleil des Hyènes» (1975) et «Les Anges» (1983), présentés à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, et plus récemment «La boîte magique» (2002).
