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Trois ans après le 11 septembre 2001 : un terrorisme aux contours toujours plus mouvants

Eparpillement des réseaux, surenchère dans la violence, rôle accru d'internet: trois ans après les attentats du 11 septembre, le terrorisme islamiste, un temps incarné par la seule figure d'Oussama ben Laden, a pris des contours plus mouvants, estiment de

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Depuis le 11 septembre 2001, les attentats revendiqués par Al-Qaïda ou attribués au réseau terroriste se sont multipliés partout dans le monde. Parallèlement, la «guerre contre le terrorisme», marquée par les interventions américaines en Afghanistan puis en Irak et une traque mondiale sans précédent contre les membres d'Al-Qaïda, bat son plein.
«Les années 2001 à 2004 ont été marquées par la disparition du sanctuaire afghan, de ses camps et de ses filières mises en place au début des années 90. La mouvance d'Al-Qaïda, c t repliée dans le nord de l'Irak, au Proche-Orient et dans le Caucase», explique à l'AFP Louis Caprioli, haut responsable antiterroriste français en poste de janvier 1988 à mars 2004.
Paradoxalement, la destruction du sanctuaire afghan, en favorisant l'éparpillement et la décentralisation de la nébuleuse, a amoindri le contrôle sur les groupes terroristes et favorisé leur développement anarchique, ainsi qu'une sorte de surenchère dans la violence.
«Jusqu'à maintenant, on envisageait Al-Qaïda comme une organisation centralisée, contrôlée par ben Laden et ses lieutenants. Mais on a affaire à un mouvement social islamiste non-coordonné, décentralisé. C'est une configuration beaucoup plus dangereuse», estime Marc Sageman, un psychiatre américain, ex-agent de la CIA, qui a étudié le parcours et dressé le profil de quelque 400 terroristes.
«Avant 2001, on pouvait arrêter une personnalité d'Al-Qaïda et tirer le fil. Ce qu'on a aujourd'hui, ce sont des +bandes de potes+ qui, à Hambourg, Madrid ou Casablanca, se réunissent et décident d'une action, de façon indépendante», explique-t-il.
Si avant 2001, les terroristes étaient formés et sélectionnés dans les camps d'Afghanistan, ce sont aujourd'hui des expatriés, souvent originaires de l'élite et venus en Europe pour étudier, selon l'étude de M. Sageman.
«Ils se sentent exclus, marginalisés, se retrouvent à la mosquée, non pour des raisons religieuses, mais pour rencontrer leurs amis. Ils connaissent finalement un double phénomène de désocialisation extérieure et de resocialisation interne», poursuit M. Sageman.
Dans ce contexte d'indépendance et d'éparpillement des cellules terroristes, internet a pris une importance cruciale, tant pour permettre au label Al-Qaïda de «récupérer» ou revendiquer les opérations, que pour créer et recruter des émules.
«Sans internet, il n'y aurait pas d'Al-Qaïda, sans chaînes de télévision arabes par satellite, pas d'Al-Qaïda non plus», résume lapidairement Gilles Kepel, spécialiste du monde arabo-musulman.
«C'est la lecture des textes de Zawahiri (l'"idéologue» du réseau) sur le net, c'est la contemplation de ben Laden à la télévision qui les pousse à agir, à vouloir imiter», estime-t-il. Internet permet aussi d'établir un lien entre différentes actions, de les regrouper sous la bannière de ce que Marc Sageman appelle «l'utopie salafiste» visant à expulser les mécréants --Etats-Unis et leurs alliés-- du Moyen-Orient et détruire les régimes arabes en place.
«Tant qu'il y aura des gens séduits par ce discours radical, la lutte antiterroriste sera sans fin», résume M. Caprioli, tandis que Jacques Baud, ancien membre des services de renseignement suisses, met en garde contre la «radicalisation du terrorisme islamiste».
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