Menu
Search
Dimanche 28 Décembre 2025
S'abonner
close
Dimanche 28 Décembre 2025
Menu
Search

Une initiative inédite dans le monde arabe

Les médias internationaux ont qualifié de "fait sans précédent" et "d'initiative inédite" dans le monde arabe les auditions publiques des victimes des violations passées des droits de l'homme au Maroc, initiées depuis mardi, par l'Instance équité et récon

No Image
Ainsi, les médias espagnols ont souligné "le caractère inédit dans le monde arabe", l'événement "historique" que constituent les auditions publiques des victimes des "années de plomb" au Maroc.

Les titres de la presse espagnole sont à cet égard révélateurs: "Le Maroc à l'écoute des témoignages des victimes des années de plomb" (ABC), "La TV marocaine dénonce les tortures et les abus commis dans le passé" (La Razon) et "Plus de 20.000 victimes de la répression racontent les tortures et exigent réparation" (El Pais).

Les médias espagnols ont qualifié ces auditions de véritable "mise sous les projecteurs de la répression".

Plusieurs responsables de l'Instance Equité et Réconciliation sont cités par ces journaux qui reproduisent des passages des quatre premiers témoignages.
Aux critiques formulées quant au choix de limiter la prise de parole aux préjudices subis, Driss Benzkri, président de l'IER, répond en avançant au journaliste d'"El Pais", un argument juridique puisque la dénonciation à l'antenne de personnes physiques constitue un délit de diffamation.

Il a fait valoir à "ABC" que ces auditions sont "un indicateur des avancées démocratiques" que vit le Maroc et constituent un "moment clé pour que la vérité éclate. Et nous le faisons en toute sérénité malgré les choses horribles qui ont été vécues".
Selon "ABC", l'évènement est qualifié d'"historique" parce que c'est la première fois que sont rendus publics les abus du passé.
L'initiative constitue un "grand pas vers la démocratisation du régime et l'instauration d'un Etat de droit", relève pour sa part "La Razon" tout en formulant des critiques.

De son côté, le quotidien anglophone canadien "The Globe and Mail" estime que les auditions publiques des victimes des violations passées des droits de l'Homme constituent une "initiative sans précédent dans le monde arabe".
The Globe relève sous la plume de Gilles Trequesser (de l'agence Reuters), que "dans un processus de vérité sans précédent dans le monde arabe, le Maroc, qui tente d'effacer les séquelles des abus passés des droits humains, a commencé à diffuser, hier, les témoignages publics sur des tortures et des disparitions".
Le journaliste note aussi que la retransmission de ces témoignages en direct par la radio et la télévision nationales, constitue "une autre première".

"Les six intervenants de mardi, cinq hommes et une femme âgés de 50 à 60 ans, ont parlé calmement et avec dignité, des arrestations arbitraires, des longues détentions sans procès dans des conditions abjectes, et des +étranges et inimaginables tortures+ qu'ils ont subis", lit-on dans l'article du Globe qu'illustre une photo montrant deux femmes, l'une en djellaba et l'autre en mlehfa sahraouie, "en train d'attendre leur tour pour témoigner".

"Ces auditions, dont la diffusion se fait en direct sur les ondes de la télévision et de la radio nationales, - une autre première - sont réalisées à l'initiative d'un organisme chargé par l'Etat de se pencher sur les exactions commises sur une période de 43 ans (...) entre 1956, et 1999", note The Globe.
La publication rappelle aussi que "l'Instance équité et réconciliation (IER) a été chargée d'enquêter et de se documenter sur de "graves" violations des droits de l'homme commises notamment dans les années 1960 et 1970».

"Pour éviter de raviver des tensions dans le pays, aucun nom n'a été cité.
Les participants ne sont pas autorisés à dévoiler l'identité des individus responsables de ces sévices", écrit encore The Globe.
Des témoignages qui ont été entendus mardi, le journaliste retient notamment celui de El Ghali Bara, 62 ans, qui "a été emprisonné pendant 15 ans dont une bonne partie dans un centre de détention secret, jusqu'en 1991, date à laquelle il a bénéficié d'une grâce royale".

"Il est impossible de pouvoir décrire ces souffrances endurées, par moi-même, ma famille", a-t-il dit, se souvenant de "la brûlure des cigarettes appliquées sur tout son corps ".
The Globe rapporte aussi des propos de Hanny Megally, de l'International Centre for Transitional Justice (ICTJ, siège aux Etats-Unis), affirmant que "l'impact de ces auditions (...) sera énorme, non seulement pour le pays mais pour toute la région".
"Peu après son accession au trône, le Roi Mohammed VI, animé d'intentions réformistes, a créé une commission qui a dédommagé financièrement environ 4 000 victimes de violations", rappelle le journal.

A noter par ailleurs que le quotidien montréalais, +La Presse+, se fait également l'écho de ces auditions sur son site Web où il reproduit une dépêche de l'AFP rendant compte des six premiers témoignages entendus mardi.
La presse internationale a également qualifié les auditions publiques de l'IER de "première expérience du genre dans le monde arabe".

Ainsi, la correspondante de la chaîne TV satellitaire "Abou Dhabi" à Rabat estime que ces auditions constituent "une étape cruciale dans le processus engagé par l'Instance Equité et réconciliation, qui s'est attelée, depuis sa création, il y a près d'une année, au règlement des dossiers des violations des droits de l'Homme que le Maroc a connues depuis l'indépendance jusqu'à la fin des années 90".

"La réhabilitation morale des victimes, en prenant à témoin la société en vue de l'enracinement des principes des droits de l'Homme, est l'une des principales conditions pour tourner la page des violations du passé et réaliser la réconciliation de la société avec elle-même et la patrie avec son histoire", indique la correspondante.
Une des victimes de ces violations interrogée par la chaîne a estimé que "le plus important dans ces auditions est l'intérêt que l'opinion publique nationale et internationale accorde à ce dossier".

La chaîne "Al Jazeera" a diffusé, pour sa part, un entretien avec l'ancien ministre des droits de l'Homme, M. Mohamed Aujjar, qui a estimé que ces auditions "émouvantes et civilisées ont un sens profond, l'aspiration de l'ensemble des Marocains à résoudre les dossiers du passé pour réaliser la réconciliation nationale avec l'histoire et avec eux-mêmes et ouvrir les perspectives d'avenir au Maroc pour construire une expérience démocratique pilote". "L'objectif de cette initiative, ajouté M. Aujjar, est d'éviter la répétition de ce qui s'est passé et de rendre hommage à toutes les victimes et leurs familles en leur permettant de contribuer à l'édification de l'avenir".

Radio France internationale (RFI) a donné la parole à l'une des victimes, Jamal Cherkaoui, pour qui le "Maroc est en train de franchir un pas de non retour sur la voie de la démocratie ". L'initiative, selon lui, est d'une "grande importance" en ce qu'elle va permettre d'"apprendre à être tolérant" et de "croire en l'avenir".
"Je ne suis pas contre la désignation des tortionnaires, mais je respecte beaucoup la démarche intelligente de l'institution " (IER), a-t-il dit au micro de la correspondante de la radio. Le correspondant de la Radio BBC a rapporté les propos du ministre de la justice, M. Mohamed Bouzoubaâ qui a estimé que "l'important, chez nous, est de dépasser ce passé, afin qu'il ne se répète plus, et de regarder vers l'avenir".

Les auditions publiques des victimes des violations des droits de l'Homme, retransmises en direct sur les antennes des deux chaînes de télévision nationales (TVM et 2M) et de la chaîne satellitaire marocaine Al Maghribia ainsi que sur les ondes de la radio nationale, ont débuté mardi soir par le témoignage de six personnes.
Lisez nos e-Papers