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Anniversaire de la fin de la guerre Trente ans après, le Vietnam se souvient du 30 avril 1975

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Le Vietnam s'apprête à célébrer samedi le trentième anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam, marquée par la prise de l'ex-Saïgon par l'armée communiste, l'occasion de découvrir le rôle jusque là obscur des agents vietminhs.
Hoang Thi Nghi, aujourd'hui âgée de 77 ans, se souvient de ce passé d'espionne dont les faits d'armes n'ont rien à envier aux plus grands récits de la Seconde Guerre mondiale.

Lorsque le Vietnam fut divisé en deux en 1954 après une longue guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française, Nghi, alors âgée de 22 ans, fut envoyée clandestinement dans le sud capitaliste par les dirigeants communistes du nord, déjà persuadés qu'ils auraient à en découdre un jour avec les Etats-Unis.

Elle prit alors l'identité d'une veuve de soldat avec pour mission de tisser un réseau de "taupes" en prévision de la guerre à venir.
"J'ai dû mentir à ma famille, leur dire que j'allais étudier en Chine", se souvient-elle. "J'ai demandé à mon amoureux de m'attendre en lui disant que je reviendrai dans deux ans, sinon il aurait considéré que notre relation était finie." Nghi ne revint que 20 ans plus tard. Elle ne revit jamais son fiancé.

Neuf années en "enfer"

Trahie à deux reprises, elle passa neuf années en prison sur l'archipel de Con Dao, au large de Ho Chi Minh-Ville. Cet endroit fut surnommé "L'enfer sur terre" en raison notamment de ses effroyables "cages de tigres" construites en 1861 au début de la période coloniale française.

Les prisonniers étaient parfois entassés par groupe de douze dans des cellules prévues pour deux. Au total, 500 femmes y furent détenues dans des conditions infernales, avec parfois l'obligation de se tenir debout sur une jambe en raison de l'exiguïté des lieux.

Nghi se souvient que lorsque les gardiens apprirent la nouvelle de la libération de Saïgon, certains envisagèrent de faire sauter la prison, avec les détenus à l'intérieur, à l'aide de mines. Mais d'autres les en dissuadèrent et libérèrent les prisonniers.

"Nous avons donc été libérés de Con Dao sans tirer le moindre coup de feu", explique Nghi, rappelant que les troupes communistes mirent deux jours pour atteindre l'archipel après la libération de Saïgon.

La plupart des souvenirs publiés cette semaine par la presse officielle vietnamienne relatent l'histoire de la prise du Palais de l'indépendance, tel qu'il a été rebaptisé depuis, qui était alors le siège du gouvernement sud-vietnamien.
Sur le parvis du bâtiment, les touristes peuvent aujourd'hui encore contempler la "star" de cet épisode, le char 390 de l'armée nord-vietnamienne qui renversa les grilles du palais.

Les quatre soldats qui étaient aux commandes du blindé de confection chinoise joueront samedi un rôle central lors des célébrations du 30e anniversaire. Tous sont aujourd'hui revenus à la vie civile.

Nguyen Van Tap, le conducteur, manie des chariots élévateurs. Vu Van Toan, le commandant d'équipage, dirige, lui, un atelier de peinture. L'artilleur Le Van Phuong est devenu coiffeur et raconte avec plaisir à ses clients le récit de cet épisode historique. Enfin, Ngo Sy Nguyen, le plus jeune des quatre, est aujourd'hui inspecteur pour la sécurité des bus.

C'est le général Pham Xuan The, devenu l'un des plus hauts responsables de l'armée vietnamienne, qui reçut le 30 avril 1975 des mains du président Duong Van Minh et de son gouvernement la capitulation du Sud-Vietnam.
"Les 42 membres du gouvernement étaient tous là. Le président Duong Van Minh a déclaré qu'il attentait pour faire le transfert de pouvoir", se souvient la général The.

"J'ai alord dit qu'il n'était pas question de transfert mais qu'il devait capituler sans condition. Minh proposa d'échanger une poignée de mains, je l'ai refusée car il s'agissait d'un ennemi." The n'a qu'un seul regret aujourd'hui, celui d'avoir perdu les deux copies originales de l'acte de capitulation lu par Minh à la radio lorsqu'il changea de chemise dans la soirée du 30 avril 1975.

Anecdote de l'Histoire, il raconte que l'enregistreur qui devait servir à diffuser le message de Minh à la population saïgonnaise tomba en panne à la dernière minute.

Un journaliste allemand prêta alors son appareil pour que le message soit diffusé, permettant une fin rapide des combats dans la capitale sud-vietnamienne.
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