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Billet : Un simple Rêve

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Aforce de vivre des cauchemars en pleine journée, on finit par faire de beaux rêves la nuit. Comme les rêves sont des productions psychiques significatives, au même titre que les pensées ou les rêves éveillés, il arrive un moment où l'on ne fait plus la différence entre l'expression inconsciente de nos espérances, peurs, angoisses, difficultés et inquiétudes et nos aspirations, somme toute, légitimes.

L'essentiel dans tout cela est que la pression quotidienne des tracas et du mal-vivre est transcendée par notre activité mentale, lors du sommeil, aussi paradoxal soit-il. On rêve ! On ne cesse de rêver.
Dès que notre esprit n'est pas occupé par l'exécution de ses tâches normales, dès que nos paupières se referment pour cacher l'amère réalité, dès que notre lucidité s'estompe, nous commençons à rêver.

De simples rêves. Nous ne rêvons ni de milliards, ni des feux de la rampe, ni de propriétés fabuleuses ou d'affaires florissantes. Nous rêvons de choses à notre portée.

Pour Jung, « le rêve équilibre et enrichit la conscience », car le sommeil paradoxal et le rêve constituent une véritable fonction physiologique vitale. On est loin de la définition du Larousse Médical Illustré de 1924 qui indique que le rêve est « un désordre psychique à contenu absurde et sans valeur pratique».
Malheureusement, cette définition désuète fait encore des adeptes sous nos cieux où l'on persiste à ne pas croire que « chaque fait conscient plonge ses racines dans l'inconscient ». Qu'à cela ne tienne. Nous nous obstinons et nous faisons des rêves.

Par une chaude nuit d'été, j'ai fait un rêve rafraîchissant.
Je ne suis pas Martin Luther King et mes préoccupations ainsi que mes ambitions diffèrent des siennes. D'ailleurs, je n'ai pas rêvé d'émancipation, mais j'ai rêvé de comportement. Dans mon songe, il y avait de la joie. Dans la rue, dans les bureaux, dans les commerces, dans les jardins publics, sur la plage et partout où me transportaient mes visions, je ne voyais que des visages souriants, des hommes et des femmes affables et des enfants qui ne jouaient pas aux voyous.


J'ai vu des automobilistes qui ne conduisaient pas comme des fous, qui respectaient le code de la route, qui n'appuyaient pas à tout instant sur leurs avertisseurs et qui avaient perdu l'habitude de proférer des obscénités et de distribuer des bras d'honneur à tout bout de champ.

Dans mon rêve, j'ai vu des commerçants honnêtes, des travailleurs consciencieux, des élèves et des étudiants studieux et des fonctionnaires dévoués au service des citoyens. J'ai vu des rues propres. Les gens ne marchaient pas sur la chaussée.

Les trottoirs, assez larges, n'étaient pas occupés par les marchands ambulants et ne servaient pas d'extension illégale de magasins ou d'ateliers. Dans mon rêve, on avait cessé de se toiser mutuellement, on avait cessé de jeter les ordures n'importe où, on avait cessé d'être hypocrite, on avait cessé d'avoir une personnalité pour chaque occasion, on avait cessé de se comporter comme d'habitude. En me réveillant, j'étais heureux, non pas du fait que le rêve était agréable, mais parce que tout cela est possible.

Il suffit d'un rien pour que l'on rende notre quotidien supportable. Un petit effort sur nous ferait des miracles. Ce n'est qu'un rêve, un simple rêve.
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