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Billet : Une communication d'un âge révolu

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Il est une donne qui fait défaut et qui démontre à quel point nous sommes encore loin du stade élémentaire de la communication moderne. Pour un gouvernement hétéroclite, comme celui dont nous disposons actuellement, il aurait été souhaitable de voir les détenteurs des médias publics prendre leurs distances vis-à-vis des voix officielles et jouer le rôle qui leur revient de fait en tant qu'éclaireurs et médiateurs entre les espaces de l'Etat et ceux de la société civile et partisane. Inutile de rappeler combien sont ennuyeuses ces semblants de rencontres organisées par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et les représentants de la presse, après chaque conseil de gouvernement.

A l'instar de ce qui se passe dans certaines cérémonies, on fait réunir des gens pour leur tenir souvent un discours pompeux, creux et vide de toute substance vivante, du genre, «Les deux parties, marocaines et x ( c'est-à-dire étrangère) ont examiné des sujets d'intérêt commun». Sont mis au-devant de la scène des faits qui n'attirent plus personne, mais qui continuent de constituer le passage obligé pour véhiculer le discours gouvernemental et faire connaître les projets de l'Etat.

Dans les chaînes de télévision, la monotonie et la banalisation du fait politique prennent des dimensions qui frisent l'absurde. Combien de fois avons-nous vu des couvertures médiatiques annonçant la chaleur d'une rencontre officielle alors que toutes les donnes indiquent que même le climat naturel était glacial et que l'événement filmé était sans intérêt ou n'avait aucune importance réelle.

Plus grave encore, il est des faits qui n'existent probablement nullement ailleurs. Par exemple ces députés, souvent absents de l'enceinte parlementaire qui font appel au service des cameramen pour se faire passer sur les chaînes de télévision en train de présenter une question à un ministre ou explicitant un point de vue, souvent d'intérêt secondaire ou strictement local, mais dont le seul objectif consiste à maintenir un électorat en éveil.

Combien de fois a-t-on vu des chefs de partis politiques, qui ne représentent personne ou presque personne, prendre la parole et se prononcer sur des sujets qu'ils ignorent, mais qui sont d'une importance capitale pour le pays, alors que les positions des formations les plus crédibles et disposant de popularité réelle sont reléguées au second plan.

Rien ne distingue le vrai du faux et la banalisation prend toute sa proportion au cours des échéances électorales. Au nom de la liberté d'expression, tout un chacun peut intervenir et s'exprimer. Sur tous les sujets et sur n'importe quel dossier.

Mais, paradoxalement, dans d'autres circonstances, le moindre chuchotement est prohibé ou considéré comme susceptible de porter atteinte à l'ordre public.
A cela s'ajoute la pauvreté intellectuelle de bon nombre de nos dirigeants ou de ceux qui se proclament comme tels. Mais, là où le phénomène devient grave c'est lorsqu'on voit ce vide qui nous entoure. Débats rares, niveaux bas sur le plan intellectuel de plusieurs intervenants et surtout montée du populisme et de la surenchère, chère aux usagers des supports médiatiques.

Les « doxosophes », ceux qui parlent de tout et de rien, qui parlent pour ne rien dire et qui font semblant de maîtriser leurs dossiers arrivent, parfois à travers le bruit qu'ils font, à se placer au-devant de la scène et attirer l'attention de ce qui reste de « la masse des téléspectateurs ».

Bref, quand les règles du jeu ne sont pas définies et/ou arrêtées clairement, les frontières disparaissent. Et la confusion s'installe.
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