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De nouveaux traitements contre le cancer présentés à Paris

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ECCO, la conférence européenne sur la cancérologie organisée tous les deux ans par la Fédération des Sociétés de Cancérologie en Europe (FECS) a réuni environ 11000 scientifiques: chercheurs, oncologues, chirurgiens…, (dont plusieurs spécialistes maghrébins) du 30 octobre au 3 novembre à Paris. Ce forum dédié aux professionnels de santé, aux patients, et à leur famille a été une occasion de rencontres et d'échanges entre spécialistes et patients pour identifier les besoins et clarifier les voies à suivre afin de simplifier le traitement du cancer.

Ce fut également une occasion pour les spécialistes d'être informés des toutes dernières découvertes des chercheurs et des dernières actualités cliniques afin de leur permettre de traiter le cancer mais aussi d'assurer aux patients de meilleures chances de guérison, une diminution des effets secondaires et une bonne qualité de vie.

La pénicilline du cancer

Une ère nouvelle s'est ouverte dans la lutte contre le cancer. Les praticiens disposent actuellement de nouveaux traitements anticancéreux qui ont prouvé leur efficacité par des études scientifiques rigoureuses. Parmi ces traitements, bevacizumab (Avastin), une molécule surnommée «la pénicilline» du cancer a été présentée lors du congrès.

Les intervenants ont affirmé que ce traitement seul et le 1er médicament à cibler la vascularisation tumorale et à montrer une efficacité anti-cancéreuse sans précédent dans plusieurs types de cancers (rein, gros intestin, sein et poumon). Il ne stoppe pas le cancer, ne le guérit pas, mais offre une plus longue espérance de vie. En effet, les spécialistes ont précisé qu'à la différence d'autres médicaments, «il ne détruit pas les cellules cancéreuses, mais empêche le développement de leurs prolongations fibreuses dans le reste de l'organisme.

Cela veut dire qu'il freine les métastases, le développement chaotique des cellules cancéreuses dans l'organisme». Les études cliniques ont montré une efficacité très significative de ce traitement. Dans le cancer de poumon, par exemple, une étude a montré que le bevacizumab associé à une chimiothérapie standard (paclitaxel/carboplatin) pour le traitement de 1ère intention du cancer du poumon améliore de 30% la survie globale des patients. «Le succès de cette étude est une première dans le traitement du cancer du poumon.

En effet, depuis des décennies, aucune étude n'a montré une réelle efficacité dans le traitement de 1ère intention de ce cancer», ont précisé les intervenants.
Ce traitement s'avère également efficace dans le cancer colorectal métastatique (CCRm). Une étude randomisée de phase III utilisant le bevacizumab en association avec un programme de chimiothérapie standard en 1 ère intention a démontré une amélioration significative de la survie de patients atteints de CCRm. L'addition du bevacizumab 5mg/kg 2 fois par semaine à la chimiothérapie (Irinotecan/5-Fluorouracil/ Leucovorin) a augmenté la survie globale des patients de 30% et a surtout réduit l'échéance de la progression de leur cancer de 71 %.

Dans le cancer du sein, une étude clinique de phase III a montré que le bevacizumab associé à une chimiothérapie standard (paclitaxel) pour le traitement de 1ère intention du cancer du sein métastatique améliore la survie des patientes de 48% et réduit de manière spectaculaire l'échéance de la progression de leur cancer (de 83%).

«La pilule intelligente»

Sur un autre registre, les intervenants de la conférence ont débattu de la capecitabine ( Xeloda), un traitement surnommé « la pilule intelligente» par les spécialistes. Ils ont précisé que ce traitement améliore la survie des patients souffrant d'un cancer du pancréas. L'étude, présentée pour la première fois pendant ce congrès révèle, en effet, qu'après un an, 1 patient sur 4 était toujours en vie dans le cas d'un traitement au Xeloda en plus d'une chimiothérapie standard comparé à 1 sur 5 pour la seule chimiothérapie standard.

«Ces données sont très encourageantes et donnent un nouvel espoir aux patients atteints d'un cancer pancréatique, qui, en général, disposent d'une espérance de vie très courte», a affirmé le professeur John Neoptolemos, chirurgien oncologue, Division de chirurgie et d'oncologie au Royal Liverpool University Hospital. «Depuis le lancement de l'étude en mai 2002, je constate que plus de patients survivent après 12 mois et plus suite à un traitement de Xeloda en bithérapie. Je n'ai jamais vu autant de patients parvenir à réaliser cela auparavant», ajoute-t-il.

Le Xeloda (capecitabine) associé à la Taxotere (docetaxel) améliore également la durée de survie de trois importants mois chez les femmes plus jeunes et plus en forme atteintes d'une forme agressive de cancer du sein s'étant propagée dans d'autres parties du corps (métastatique).

La première étude conçue pour montrer que l'action combinée de ces deux médicaments puissants, a révélé que cette bithérapie améliore la survie des femmes lorsque comparée à l'approche séquentielle habituelle consistant en une monothérapie avec Taxotere suivie d'une monothérapie avec Xeloda. «Ces nouvelles données montrent l'importance d'une investigation des bénéfices associés aux combinaisons modernes et synergétiques plutôt que de ceux des traitements séquentiels.

Il existe un besoin urgent et critique pour des traitements améliorés à l'intention de femmes plus jeunes ou plus en forme dont le cancer du sein s'est rapidement répandu. Les statistiques montrent que le cancer du sein se propage pour la moitié des femmes diagnostiquées et que la durée moyenne de survie pour ces femmes est de 18 à 30 mois» ont déclaré les intervenants. Xeloda et Taxotere constituent la seule bithérapie chimiothérapeutique dont la capacité à prolonger la survie de ces femmes, au-delà d'une monothérapie avec Taxotere, a été prouvée, ajoute-t-il.

« J'ai pu constater moi-même les bénéfices tangibles de la bithérapie Xeloda et Taxotere. Pour ces femmes, le prolongement de la durée de vie de trois mois leur donne des moments précieux avec leur famille et leurs êtres chers», a commenté le Dr Semir Beslija, investigateur principal de l'étude. «Maintenant que les avantages de survie de Xeloda et de Taxotere ont été confirmés, les patients et les médecins peuvent avoir confiance dans le potentiel positif énorme de cette bithérapie puissante» ajoute-t-il.

Une petite révolution

L'herceptine, le premier traitement du cancer qui vise une altération génétique spécifique et donc capable de tuer les cellules malignes en épargnant les cellules saines a été la star du congrès. Plusieurs experts n'ont pas hésité à parler de médicament «révolutionnaire», «stupéfiant», pour décrire les effets de l'Herceptine. Certains évoquent même la «guérison» d'un nombre considérable de femmes.

Les études publiées dans le New England Journal of Medicine ont montré que ce médicament réduit de près de 50 % la résurgence d'un cancer du sein peu développé mais particulièrement agressif (HER2). «La force de cette preuve est telle que ce serait une erreur de ne pas en donner à toutes les femmes qui en ont besoin», a déclaré le Dr Gabriel Hortobagyi, du Centre Anderson du cancer, à l'Université du Texas. Gabriel Hortobagyi est par ailleurs président élu de la Société américaine d'oncologie clinique. L'herceptine n'agit seulement que pour 20% des femmes, celles souffrant d'une forme de cancer caractérisée par une mutation génétique qui entraîne un excès de production de la protéine dite «HER-2».

Des études récentes soulignent que le médicament a été utilisé avec des traitements standard, notamment la chirurgie et la chimiothérapie. En dépit de cela, certaines patientes ont rechuté.

D'autres traitements ont été également présentés lors de la conférence tel que le Bondronat, un médicament oral qui a montré une efficacité équivalente et tolérabilité supérieure comparée à l'acide zoledronique dans le traitement de la maladie métastatique osseuse. Les résultats des essais cliniques annoncés au congrès ont montré que ce traitement a une tolérance supérieure à celle d'un autre biphosphonate communément utilisé (le Zometa) dans le traitement des métastases osseuses.

Les essais clinques présentés lors du congrès ont révélé également que le Mabthera est efficace dans le traitement lymphme non-hodgkinien indolent.
L'organisation Européenne de recherche et de traitement du cancer a déclaré que «la phase 3 de l'étude sur le lymphome non-hodgkinien indolent qui évaluait le Mabthera en traitement de maintenance a démontré des résultants positifs plus tôt que prévu. Le ritixumab est administré pour deux années dans l'objectif de prévenir la récidive du cancer».

Enfin, les personnes souffrant du cancer du pancréas pourront bénéficier du Tarceva, un traitement qui a déjà montré son efficacité dans l'amélioration de la survie des patients atteints du cancer du poumon. «Ce traitement est le premier nouveau traitement en une décennie à offrir une amélioration importante de la survie globale (23 %) quand on l'administre en association avec la chimiothérapie», précisent les intervenants.


Le Cancer, c'est quoi ?


Le terme de «cancer» recouvre un groupe de maladies malignes très différentes qui ont toutes un point commun: la division incontrôlée des cellules d'un organe ou d'un tissu. Une accumulation de cellules cancéreuses est qualifiée de tumeur. Du fait de sa croissance incontrôlée, la tumeur détruit les tissus sains environnants. Véhiculées par le sang ou le système lymphatique, des tumeurs secondaires appelées métastases peuvent se former dans d'autres organes.

Le cancer est une maladie multifonctionnelle; autrement dit, son apparition peut, mais ne doit pas, être déclenchée par plusieurs voire l'intégralité des quatre facteurs suivants: l'environnement, une prédisposition génétique, le système de santé disponible, le mode de vie.

Les facteurs de risque ci-après ont été mis en évidence.

• Mode de vie et alimentation: une alimentation riche en graisses, la consommation de tabac et d'alcool
• Causes génétiques, facteurs de risque héréditaires (prédisposition héréditaire)
• Prolifération bénigne des lobules de la glande mammaire et du tissu conjonctif (mastopathie proliférative)
• Infections virales
• Troubles du système immunitaire

Les prédispositions génétiques


Dans le cancer du sein, deux gènes responsables de la tumeur, les gènes BRCA 1 et BRCA2, ont été récemment découverts. BRCA est ici l'abréviation de «Breast Cancer» (cancer du sein). Les femmes présentant la mutation en BRCA1 ou BRCA2 encourent un risque accru de 85% de développer un cancer du sein. Dans près de 30% des tumeurs de l'intestin, on trouve à l'origine un risque familial.

Dans ce type de risque, on distingue entre cancer héréditaire de l'intestin et augmentation du nombre de cancers de l'intestin au sein d'une même famille. Le cancer héréditaire de l'intestin représente environ 7–10% des cancers de l'intestin. Dans les autres cas de risque familial, on ignore encore les causes génétiques exactes de la prédisposition familiale.

Dans le cas des lymphomes malins, aucune prédisposition génétique ni aucun facteur héréditaire n'ont été jusqu'ici mis en évidence. Dans certains lymphomes non hodgkiniens, on a toutefois découvert des modifications des chromosomes qui sont acquises au cours de la vie. Il s'agit donc ici non pas de facteurs héréditaires, mais d'anomalies nouvelles, affectant uniquement le tissu lymphatique.

Le diagnostic précoce essentiel


Les techniques de dépistage d'un cancer sont les suivantes:
• Frottis sanguin au microscope (formule sanguine)
• Détermination des protéines sanguines et des immunoglobulines (anticorps)
• Vitesse de sédimentation des hématies (vitesse de sédimentation)
• Recherche d'infections virales (sérologie virale)
• Examen au microscope du tissu des ganglions lymphatiques
• Analyse d'échantillons de moelle osseuse ou analyse d'organes internes (biopsie)
• Analyse du liquide céphalo-rachidien prélevé dans l'espace discal (ponction lombaire)
• Exploration visuelle de la cavité abdominale (endoscopie)
• Analyse cytogénétique des chromosomes (mise en évidence des gènes sur les chromosomes au moyen de la microscopie de fluorescence)
• Echographie, tomodensitométrie ou imagerie par résonance magnétique
Grâce aux techniques immunodiagnostiques modernes, il est possible de dresser une classification des cellules cancéreuses à l'aide de réactions d'anticorps spécifiques. Ces examens permettent d'établir des pronostics thérapeutiques à partir de certains médicaments et contribuent ainsi à renforcer les chances de guérison.
Comment traiter le cancer ?
• En cas d'intervention chirurgicale, on procède à l'ablation de la totalité de l'organe atteint et, généralement, de zones importantes du tissu environnant.
• En cas de radiothérapie, on traite localement le tissu atteint à l'aide d'une dose accrue de rayons. On utilise alors un rayonnement électromagnétique ainsi qu'un rayonnement particulaire, le plus souvent en association avec d'autres méthodes.
• En cas de chimiothérapie, le traitement médicamenteux se compose de différentes substances chimiques appelées cytostatiques, qui bloquent la croissance des cellules cancéreuses ou détruisent les cellules tumorales.
• Les hormones stimulent la croissance cellulaire. Dans le cas d'un traitement hormonal, on peut stopper ou tout au moins nettement réduire la croissance tumorale en supprimant la stimulation de la croissance cellulaire par les hormones.
• En cas de traitement immunitaire, on renforce la vigilance du système immunitaire à l'égard des cellules cancéreuses. Les substances caractéristiques sont les interférons, les interleukines et les anticorps monoclonaux.

Les chiffres dans le monde


Le cancer pulmonaire est le plus fréquent, avec 1,2 million de nouveaux cas par an. Viennent ensuite le cancer du sein, avec un peu plus d'un million de cas, le cancer du côlon ou du rectum, 940 000 cas, de l'estomac, 870 000 cas, du foie, 560 000 cas, du col de l'utérus, 470 000 cas, de l'œsophage, 410 000 cas, de la tête et du cou, 390 000 cas, de la vessie, 330 000 cas, les lymphomes non hodgkiniens, 290 000 cas, les leucémies, 250 000 cas, le cancer de la prostate ou du testicule, 250 000 cas, du pancréas, 216 000 cas, de l'ovaire, 190 000 cas, du rein, 190 000 cas, de l'endomètre, 188 000 cas, du système nerveux, 175 000 cas, les mélanomes, 133 000 cas, le cancer de la thyroïde, 123 000 cas, du pharynx, 65 000 cas et la maladie de Hodgkin, 62 000 cas. Les trois formes de cancer les plus mortelles sont aussi les plus courantes : le cancer pulmonaire est responsable de 17,8 % des décès par cancer, le cancer de l'estomac de 10,4 % et le cancer du foie de 8,8 %.

Les pays industrialisés connaissant les taux les plus élevés de cancer sont les suivants : Etats-Unis d'Amérique, Italie, Australie, Allemagne, Pays-Bas, Canada et France.

Quelques règles


Modes de comportement permettant à tout un chacun de réduire ses risques de tomber malade:
• Ne pas fumer
• Ne pas consommer d'alcool
• Eviter le surpoids
• Consommer tous les jours des fruits et des légumes frais ainsi que des produits céréaliers riches en fibres
• Eviter l'exposition immodérée au soleil
• Pour les femmes: palpation régulière des seins
• Faire procéder régulièrement à des examens préventifs par le médecin
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