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Devant l'Onu à Genève : Poignant témoignage de deux rescapées de Tindouf

Une file s'allonge à l'entrée du Palais des Nations ce mardi 5 avril à 10h00. Des centaines de militants associatifs qui doivent d'abord passer au contrôle électronique avant d'investir l'imposante bâtisse des Nations unies, se préparent à entamer leur jo

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Il s'y tient une rencontre sur le rôle de la société civile dans la promotion des droits de l'Homme, à l'initiative de l'Union de l'action féminine, l'AMDH, l'Association des amis des centres de réformes, le Comité de défense des droits humains en collaboration avec l'Association sahraouie pour la défense des droits humains et l'association Pasverti.

Les intervenants vont tour à tour, chacun selon son expérience associative, brosser un tableau de la situation des droits de l'Homme au Maroc.

Ghalli Bentaleb et Sallouka Babakr, installées à la tribune, attendent leur tour pour prendre la parole. Le vécu de l'une et de l'autre, pratiquement similaire, vaut tous les discours. Mais cette fois, elles vont non pas raconter leur drame, mais plutôt parler au nom des associations qu'elles représentent, l'Association sahraouie pour la défense des droits humains et l'association Pasverti en l'occurrence, pour en présenter les objectifs et la démarche.

Il s'agit essentiellement d'interpeller la communauté internationale sur le drame des prisonniers et des séquestrés marocains à Tindouf. A l'appui, Ghalli présente une liste de disparus et appelle à la réunification des familles.


Les deux jeunes filles s'expriment en espagnol. “ C'est plus facile pour nous qui avons vécu pendant de longues années à Cuba ”, explique Ghalli, en regrettant de ne pas pouvoir faire une présentation en arabe comme elles l'auraient souhaité. Mais est-ce bien sa faute ? Elle a autour de dix ans quand elle est arrachée à sa famille et envoyée dans ce pays lointain où elle restera 13 ans sans voir sa famille. Elle fera ses études en espagnol, préparera son diplôme de médecine en espagnol et ne parlera pas d'autre langue pendant plus de dix ans. Et c'est ainsi qu'elle retrouvera sa famille, au bout d'une longue et pénible expérience. Elle essaie de se reconstruire peu à peu, grâce au soutien des associations et grâce à elle-même surtout.

“ Lorsque j'ai revu ma mère à mon retour de Cuba, j'étais choquée. Elle avait pris de l'âge et avait terriblement changé. Quant à ma sœur et mon frère, ils étaient très petits quand je suis partie. Je ne les avais pas vu grandir ”. L'émotion de Ghalli se lit aussi sur le visage de Sallouka Babakr, une jeune fille émotive et fragile. Elle a vécu le même drame. Déportée à Cuba elle aussi, elle sort à peine de son cauchemar. Elle aussi s'investit pour que cesse le drame des séparations des familles. A la tribune, elle a un peu de mal à s'exprimer, l'émotion étant trop forte sans doute -c'est la première fois qu'elle parle en public dans une salle des Nations unies à Genève, mais elle parvient à faire passer le message.

Présente dans la salle de conférences XX, Anna Maria Stame Cervone, présidente de l'IDC, l'Internacional Democrata de Centro, une association internationale œuvrant dans le domaine des droits de l'Homme, a profité de cette occasion pour réaffirmer le soutien de son organisation à la cause des prisonniers et des séquestrés à Tindouf en mobilisant les moyens nécessaires pour faire pression sur la communauté mondiale afin que soient libérés immédiatement et sans condition les Marocains retenus dans les geôles du “ polisario ”. C'est la deuxième année que Anna Maria évoque le cas des prisonniers et des séquestrés à Tindouf au sein des Nations unies à l'occasion de la commission des droits de l'Homme.

La conférence prend fin après la séance de question-réponse. Ghalli et Sellouka ont apparemment marqué l'assistance. Sâadani Maalaïnaine écrase une larme en allant féliciter Sallouka. Une manière de l'encourager, car elle lui rappelle ses débuts, son retour de Cuba, ses interventions dans les rencontres mondiales pour raconter son expérience douloureuse. Elle se souvient aussi de son père qu'elle a vu mourir devant ses yeux lorsqu'elle avait 5 ans, tué par le “ polisario ”. Keltoum Khayyati se joint au groupe des ex- déportées de Cuba et partage leur émotion. Mais elles se ressaisissent. C'est l'heure d'une pause déjeuner, car la journée n'est pas finie. A la cafétéria autour d'un sandwich, elles poursuivent le débat avec des personnes intéressées qui veulent en savoir plus, en attendant la suite du programme.

A 18h30 à l'Université de Genève, le Comité international pour la libération des prisonniers de Tindouf a organisé une conférence-débat sous le thème “ Pour la libération des plus vieux prisonniers de guerre du monde ”.


Un monde en mouvement
Le hall principal du Palais des Nations grouille de monde. C'est en fait le point de rencontre de tous les participants. Entre deux conférences, on fait la queue pour accéder à un ordinateur –une douzaine au total-, on imprime des notes d'informations, on discute de tout et de rien histoire d'établir des contacts, on accroche des invitations aux tableaux d'affichages…C'est un monde en mouvement.

Des espaces sont aménagés pour ceux qui disposent de leur propre ordinateur. Des tables de 4 places sont occupées par des participants de nationalités différentes. On parle plusieurs langues, mais on partage le même espace et les même ambitions : plaider pour une cause et contribuer à la promotion des droits de l'Homme.



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