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Dr Najia Rguibi : «Tous les médicaments ne sont pas incompatibles avec le jeûne»

La prise de médicaments constitue un vaste domaine, qui varie selon le type de la maladie, le nombre de prises, les délais entre les prises, les modes d'administration et bien d'autres paramètres. Si ces paramètres ne posent pas de problème en temps norm

Dr Najia Rguibi : «Tous les médicaments ne sont pas incompatibles avec le jeûne»
Durant le mois de Ramadan, de nombreux problèmes se posent pour les personnes contraintes de prendre des médicaments. Comment gérer ces situations ?

Nombreux sont ceux qui ignorent encore que seules les formes de médicaments prises par voie orale (comprimé, gélules…) sont incompatibles avec le jeûne.

Alors que par exemple, les aérosols, utilisés pour l'asthme, les gouttes auriculaires, oculaires et nasales, les suppositoires, les injections , les ovules, pommades, crème, bains de bouche etc., sont compatibles avec le jeûne. De fait, les aérosols sont une dispersion très fine, en nuage, d'une solution ou d'une poudre médicamenteuse. Pendant l'aspiration, la solution est vaporisée dans la bouche ou dans les fosses nasales.

Cette forme d'administration est donc compatible avec le jeûne puisque aucune substance n'est avalée, le médicament étant absorbé au niveau des muqueuses respiratoires. Cette forme Spray ou aérosol est de plus en plus employée, notamment dans le traitement de l'asthme. L'action obtenue sur les voies respiratoires est aussi bonne, sinon meilleure, que celle des produits absorbés par voie orale. Malgré cela, on constate chaque année une aggravation de l'asthme chez les personnes qui jeûnent et qui refusent de les utiliser durant la journée.

Les caries dentaires et les affections de la sphère ORL augmentent également durant ce mois du fait du non brossage dentaire quotidien. Pourtant le dentifrice et les bains de bouche sont aussi autorisés pendant le jeûne. Bien plus, la prise de comprimés sublinguaux contre l'angine de poitrine chez les cardiaques est permise. Il en est de même pour les patchs ou les timbres.

L'interruption du traitement oral ou son décalage peut s'avérer dramatique pour les malades souffrant de pathologies chroniques. Quelle alternative leur proposer alors?

Les médecins doivent être sensibilisés à cette question et faire en sorte de prescrire autant que possible chez les jeûneurs des traitements en mono prise ou en deux prises quotidiennes. Ils vont également privilégier les formes médicamenteuses à libération prolongée. En effet, la prise orale unique le soir reste l'idéal mais pour les médicaments qui nécessitent deux prises, la répartition peut s'envisager selon le schéma suivant : première prise le soir au moment de la rupture du jeûne, et la seconde prise au shor.

Par contre, le problème reste entier si le malade est parfaitement équilibré avec un rythme d'administration supérieur à deux prises par jour et qui ne peut être modifié. En effet, il est, difficile d'établir une répartition adéquate pour la période qui s'étend entre le f'tour et le shor. Dans ce cas l'Islam permet de ne pas jeûner.

Ceci dit, certains malades font " leur propre petite cuisine" en regroupant tous les traitements au même moment, en ignorant les dangers des interactions entre médicaments et en ne respectant pas les délais des prises ou, au contraire en n'utilisant pas la quantité suffisante pour leur traitement. Certains médicaments peuvent, en effet, être reportés le soir mais ce n'est pas le cas de tous.

Quoi qu'il en soit, il faut garder à l'esprit que l'effet thérapeutique de certains médicaments oraux dont l'administration est reportée peut altérer la qualité du sommeil (psychostimulants, diurétiques, antidépresseurs stimulants, corticoïdes…), le médecin modifiera la prescription afin de minimiser cet inconvénient.

Le non-respect des prescriptions médicales peut engendrer les rechutes et les complications de plusieurs pathologies. Quels sont les cas les plus graves ?

Les complications constatées concernent l'aggravation de certaines pathologies telles que les troubles digestifs, l'ulcère, le diabète, quelques maladies cardiovasculaires et d'autres affections insuffisamment traitées.

On constate aussi de nombreuses rechutes chez les épileptiques qui jeûnent. Les risques de perforation d'ulcère sont accrus même pour ceux cicatrisés.

Normalement, le traitement d'entretien des ulcères duodénaux cicatrisés devrait débuter au moins une semaine avant le Ramadan, se poursuivre pendant tout le mois et se prolonger six semaines après sa fin.

Malheureusement, faute de moyens financiers ou de sensibilisation, nombreux sont les malades qui n'entreprennent pas ce traitement protecteur. En principe, les médecins déconseillent aux personnes souffrant d'une pathologie chronique de jeûner.

Cependant, bien que le Coran préconise l'exonération de sa pratique en cas de maladie, certains patients s'obstinent tout de même à jeûner malgré un avis médical contraire, mettant en péril leur santé. Le pharmacien se doit de renforcer les messages dispensés par le médecin, particulièrement en cas de tuberculose, de certains diabète, d'épilepsie non contrôlée, d'ulcère récemment cicatrisé etc.

La réalité des situations auxquelles nous sommes confrontés nous indique qu'il reste un long chemin à parcourir en matière d'éducation de la population pour corriger les attitudes mettant en danger la santé des patients durant ce mois sacré.

Pour conclure, il faut rappeler que seuls les médicaments pris par voie orale, et les injections intraveineuses à visée nutritive sont interdits pendant le jeûne.
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