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Dyslexie : toute difficulté de lecture doit être explorée

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«Adil est peut-être dyslexique». Quand la maîtresse annonça cette nouvelle à Najia, la maman d'Adil, celle-ci pensait que son fils était atteint d'une grave maladie. Ses résultats scolaires, relativement catastrophiques, l'inquiétaient et elle pensait qu'il était paresseux et ne voulait pas faire un effort pour les améliorer. Et voilà qu'on lui parle de dyslexie, un mot inconnu pour elle jusqu'à ce jour. Najia n'est pas la seule à ne pas connaître le trouble dont souffre son enfant, la plupart de parents l'ignorent également.

Pour sensibiliser et informer sur ce trouble, l'association des parents d'enfants dyslexiques AMPEDYS a organisé samedi dernier à Casablanca une journée de dyslexie. Cette rencontre a connu un très grand succès, le corps enseignants et les parents d'enfants en difficulté se sont déplacés en masse pour y participer.

Comment diagnostiquer le trouble ? Que faut-il faire ? Quelle prise en charge ? Sont autant de questions auxquelles les spécialistes marocains et français ont essayé de répondre tout au long de la journée. Ces intervenants ont affirmé que «Les procédures de lecture et de difficultés spécifiques d'apprentissage du langage écrit sont un réel handicap».

La dyslexie est un trouble durable dans l'acquisition de la lecture chez un enfant scolarisé, normalement intelligent et sans troubles sensoriels. Adil, comme tous les enfants dyslexiques n'aime pas lire, il souffre d'une véritable erreur de jugement dont il n'est pas conscient. En effet, parce que les dyslexiques n'aiment pas lire, ils sont souvent considérés comme des inattentifs, des paresseux, voire des arriérés mentaux.

Souvent les parents et les éducateurs essayent toutes les méthodes pour les intéresser à la lecture sans aucun succès, alors ils finissent par se lasser, culpabilisent et rejettent les enfants sans chercher vraiment la cause de cette inaptitude. Pourtant, les spécialistes ne cessent, aujourd'hui, d'attirer l'attention sur ces troubles. Un psychiatre casablancais précise que toute difficulté de lecture doit systématiquement être explorée.

La dyslexie est parfaitement définie. Elle correspond à des troubles de la lecture et s'accompagne de troubles de l'écriture.

Il est certes difficile d'établir des frontières nettes à cette inaptitude, car le trouble est relatif, peut-être différent pour un enfant qui ne sait pas lire et un autre qui lit lentement. C'est pour cela qu'il est nécessaire de faire la différence entre les mauvaises initiations à la lecture et les inaptitudes durables. D'autre part, il y a des dyslexies légères et d'autres plus lourdes associant même d'autres troubles. Certes, beaucoup d'enfants ne savent pas lire à la fin du cours préparatoire.

Un bon nombre d'entre eux peuvent rattraper leur retard l'année d'après sans parler de dyslexie. De plus les méthodes d'apprentissage de la lecture sont le plus souvent des méthodes globales et non individuelles, et donc elles ne peuvent pas convenir aux spécificités de chaque enfant. Il existe également certains enfants qui souffrent de troubles tels que l'immaturité affective ou tout simplement ils n'aiment pas l'école à cause d'une mauvaise pédagogie ou autre, ce qui ne les aide pas à s'intéresser à la lecture.

Une rééducation de ces inaptitudes passagères par un psychiatre et une attention particulière de la part des parents et des éducateurs peuvent régler ces petits problèmes. Par contre lorsqu'elle est importante et entraîne des retards scolaires importants : leçons mal sues, devoirs illisibles, et cela dans toutes les matières qui peuvent aboutir à un mauvais parcours scolaire, une prise en charge pluridisciplinaire s'impose.

«Ce qui frappe lorsque la dyslexie est importante, est la difficulté, la médiocrité de la lecture anormale pour l'âge de l'enfant ( persistance des inversions après deux ou trois lectures)», affirme le psychiatre. L'enfant substitue les lettres par incapacité de distinguer les lettres de formes analogues (b et d) et a du mal à décerner les lettres dans une ou plusieurs syllabes ou remplacer un mot entier par un autre de signification proche.

Ainsi son langage devient souvent une sorte de «charabia» qui n'est pas compréhensible. Quoiqu'il en soit, un dépistage précoce des troubles phonétiques qui apparaissent au moment de l'acquisition du langage permettra seule de mettre en place une rééducation orthophonique et donc d'améliorer considérablement le pronostic psychologique, scolaire et social de l'enfant.

Les intervenants de cette journée ont insisté sur la nécessité de faire des bilans pluridisciplinaires afin d'apporter l'aide spécifique dont chaque dyslexique a besoin. Ils ont également affirmé que les collaborations entre spécialistes, enseignants, éducateurs pour une prise en charge sont indispensables au succès du traitement.
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