Vous n'aviez pas publié de poèmes depuis vingt ans. Ma planète me monte à la tête marque t-il un retour à la poésie ?
Retour non, car je n'ai jamais cessé d'écrire des poèmes toutes ces dernières années, en marge de mes ouvrages. Il y a des choses que je ne peux écrire qu'en poésie. Peut-être parce que c'est la seule manière d'écrire de façon autobiographique sans que cela se voit. Le roman demande une respiration très longue, tandis que la poésie est plus spontanée, plus complexe. Elle permet de marquer des instants, d'exprimer des émotions fortes. Or le roman ne supporterait pas des charges émotionnelles aussi importantes à chaque page. La poésie, c'est comme un coup au cœur, et on ne peut supporter des coups au cœur en continu.
Est-ce votre intention, comme l'indique le sous-titre, de « briser le cœur humain » ?
La poésie est aussi un aveu d'impuissance, l'expression de quelque chose qu'on ne peut expliquer, qu'on ne comprend pas totalement. On espère alors que ce que l'on ressent va être ressenti par d'autres. Par ailleurs, le cœur humain ne se brise pas facilement. L'être humain a une très forte capacité d'acceptation et, parfois, les malheurs les plus abominables lui semblent aller de soi. L'un des plus gros problèmes consiste donc à perforer la carapace d'indifférence. C'est en ce sens que je parle de briser le cœur humain.
Est-ce le rôle d'un poète de faire pleurer ?
Je ne sais pas si le poète a un rôle. Il y a des choses qu'on voudrait faire partager même si on ne sait pas exactement ce que l'on veut transmettre. La poésie, c'est le lieu du doute par excellence. Si elle peut introduire du doute, créer du doute, vous amener, peut-être, à vous poser quelques questions, c'est déjà ça. Mais le poète ne doit pas se faire beaucoup d'illusions.
Dans ce recueil, nombreux poèmes portent sur des animaux. Pourquoi la métaphore animale ?
Je ne me suis aperçu de ceci qu'après coup. Il est vrai que je me demande souvent comment l'animal nous perçoit. Je compare notre stupidité devant les mystères de l'univers à celle que l'animal peut avoir vis à vis des hommes quand il nous considère tous puissants. En outre, j'ai eu une grand-mère très particulière qui avait passé sa vie dans un cirque et me parlait beaucoup d'animaux.
Certains textes évoquent des moments privés, intimes comme la naissance de votre fille ou la mort de votre père. Pourquoi les publier ?
Sur le moment, on écrit sans penser à la publication, parce qu'on veut rendre un moment d'émotion très fort. L'envie de publier ne vient qu'ensuite et doit avoir un lien avec la transmission de la mémoire.
En terme de pudeur, il ne faudrait peut-être pas publier ces textes. Mais la volonté que quelque chose vive après vous, après la mort d'un proche par exemple, est supérieure à cette pudeur.
Je ne sais si cela apporte quelque chose aux gens. Mais quand on est écrivain, c'est aussi par le lecteur qu'on existe. D'où l'envie de lui transmettre certaines choses dont on se dit qu'on n'aura pas le temps de les écrire autrement.
Ces poèmes écrits sur quinze ans mettent en œuvre plusieurs formes poétiques. Cela relève t-il de l'exercice ? Du choix ?
En quinze ans, et comme je lis beaucoup, les influences sont forcément très diverses. Comme un peintre qui passe de la gouache à la peinture à l'huile, j'ai voulu essayer différentes formes. Mais comme il n'y avait pas d'autres enjeux que ma satisfaction personnelle quand j'écrivais, les formes se sont, d'une certaine façon, imposées. Nul doute, en revanche, qu'elles m'ont servi à nourrir les romans que j'écrivais au même moment.
Retour non, car je n'ai jamais cessé d'écrire des poèmes toutes ces dernières années, en marge de mes ouvrages. Il y a des choses que je ne peux écrire qu'en poésie. Peut-être parce que c'est la seule manière d'écrire de façon autobiographique sans que cela se voit. Le roman demande une respiration très longue, tandis que la poésie est plus spontanée, plus complexe. Elle permet de marquer des instants, d'exprimer des émotions fortes. Or le roman ne supporterait pas des charges émotionnelles aussi importantes à chaque page. La poésie, c'est comme un coup au cœur, et on ne peut supporter des coups au cœur en continu.
Est-ce votre intention, comme l'indique le sous-titre, de « briser le cœur humain » ?
La poésie est aussi un aveu d'impuissance, l'expression de quelque chose qu'on ne peut expliquer, qu'on ne comprend pas totalement. On espère alors que ce que l'on ressent va être ressenti par d'autres. Par ailleurs, le cœur humain ne se brise pas facilement. L'être humain a une très forte capacité d'acceptation et, parfois, les malheurs les plus abominables lui semblent aller de soi. L'un des plus gros problèmes consiste donc à perforer la carapace d'indifférence. C'est en ce sens que je parle de briser le cœur humain.
Est-ce le rôle d'un poète de faire pleurer ?
Je ne sais pas si le poète a un rôle. Il y a des choses qu'on voudrait faire partager même si on ne sait pas exactement ce que l'on veut transmettre. La poésie, c'est le lieu du doute par excellence. Si elle peut introduire du doute, créer du doute, vous amener, peut-être, à vous poser quelques questions, c'est déjà ça. Mais le poète ne doit pas se faire beaucoup d'illusions.
Dans ce recueil, nombreux poèmes portent sur des animaux. Pourquoi la métaphore animale ?
Je ne me suis aperçu de ceci qu'après coup. Il est vrai que je me demande souvent comment l'animal nous perçoit. Je compare notre stupidité devant les mystères de l'univers à celle que l'animal peut avoir vis à vis des hommes quand il nous considère tous puissants. En outre, j'ai eu une grand-mère très particulière qui avait passé sa vie dans un cirque et me parlait beaucoup d'animaux.
Certains textes évoquent des moments privés, intimes comme la naissance de votre fille ou la mort de votre père. Pourquoi les publier ?
Sur le moment, on écrit sans penser à la publication, parce qu'on veut rendre un moment d'émotion très fort. L'envie de publier ne vient qu'ensuite et doit avoir un lien avec la transmission de la mémoire.
En terme de pudeur, il ne faudrait peut-être pas publier ces textes. Mais la volonté que quelque chose vive après vous, après la mort d'un proche par exemple, est supérieure à cette pudeur.
Je ne sais si cela apporte quelque chose aux gens. Mais quand on est écrivain, c'est aussi par le lecteur qu'on existe. D'où l'envie de lui transmettre certaines choses dont on se dit qu'on n'aura pas le temps de les écrire autrement.
Ces poèmes écrits sur quinze ans mettent en œuvre plusieurs formes poétiques. Cela relève t-il de l'exercice ? Du choix ?
En quinze ans, et comme je lis beaucoup, les influences sont forcément très diverses. Comme un peintre qui passe de la gouache à la peinture à l'huile, j'ai voulu essayer différentes formes. Mais comme il n'y avait pas d'autres enjeux que ma satisfaction personnelle quand j'écrivais, les formes se sont, d'une certaine façon, imposées. Nul doute, en revanche, qu'elles m'ont servi à nourrir les romans que j'écrivais au même moment.
