Le Matin : Quels sont les domaines de l'environnement sur lesquels votre département axe ses efforts ?
Mohamed Benyahya :On axe nos efforts particulièrement sur l'eau. Mais nous nous intéressons aussi à la biodiversité, à la qualité de l'air, au littoral… Les oasis préoccupent également le ministère. Des études et des formations sont en cours pour la sauvegarde des oasis. Cependant, le thème majeur qui retient une attention particulière c'est l'eau.
Pourquoi ?
L'eau est une ressource rare. Le Maroc est un pays semi-aride. Il convient de gérer cette situation convenablement. De par le passé, des efforts ont été entrepris pour la mobilisation des ressources en eau. Nous, nous avons péché par un manque d'attention en ce qui concerne le traitement des eaux usées sans oublier tout ce qui a trait à l'économie de l'eau et à sa réutilisation.
Nous nous sommes beaucoup plus préoccupés de l'amont : mobiliser les ressources, mais offrir aux secteurs d'activités et aux populations l'eau nécessaire. Et on s'est peu inquiété jusqu'aux dernières années des aspects qui viennent en aval à savoir le traitement de l'eau.
Depuis quelques années, la politique de l'eau est une politique intégrée qui se préoccupe autant de l'offre que de la demande et également de la quantité et de la qualité avec bien sûr de nouveaux créneaux comme la réutilisation des eaux usées et des ressources alternatives non classiques. Nous rejetons à peu près cinq cent millions de m3. Si on pouvait les traiter en fonction des ressources disponibles, on pourrait en profiter pour l'usage.
Quelles sont les régions du Maroc qui interpellent votre attention dans ce domaine ?
Nous nous intéressons à toutes les régions du Royaume. Le Maroc est découpé en bassins hydrographiques. Il y a des institutions mises en place dans le cadre de la loi sur l'eau qui date déjà de 1995. Ces institutions génèrent de l'aide d'une manière décentralisée. Quelques bassins ont des excédents en eau, d'autres sont déficitaires et posent le problème de l'eau avec acuité. Donc, des différences entre les régions sont enregistrées quant à la dégradation de la qualité de l'eau et l'impact des activités économiques.
D'un bassin à l'autre, on ne note pas la même qualité. Il existe des zones qui sont de bonne qualité, d'autres sont plus au moins dégradées. L'effort de dépollution n'est pas homogène. Dans quelques bassins, il existe une grande concentration d'industrie et d'artisanat ou de rejet des eaux urbaines qui intensifient l'effort de dépollution. Le bassin de Sebou est important en ressources en eau, mais il suscite des inquiétudes quant à la dégradation de ces ressources.
La pollution touche aussi les nappes phréatiques ?
Oui. Mais à un degré moindre que pour les eaux superficielles. Effectivement, on note la contamination des nappes aquatiques et des eaux souterraines dans certaines régions à cause des fertilisants, engrais chimiques, produits sanitaires... Parfois, l'infiltration des eaux usées cause une contamination microbienne des ressources en eau qui deviennent inaptes à l'utilisation alimentaire.
Vous pouvez nous citer des exemples?
Les nappes phréatiques sont contaminées au niveau de Tadla, du Gharb, du Souss et de Doukkala. Ce sont toutes des zones qui connaissent une culture intensive et l'usage non rationnel des produits chimiques.
Cependant, un autre problème est à souligner. C'est l'intrusion de l'eau marine au niveau du littoral. Ce qui contamine également la nappe phréatique qui devient salée et parfois impropre à l'utilisation agricole. Donc, on peut dire que l'eau est la première source qui est touchée par la pollution au Maroc.
Pourtant, on a toujours l'impression que c'est l'air qui connaît une forte pollution. L'essentiel des eaux usées vont à l'eau que ce soit les eaux de surface ou souterraines. Le milieu aquatique est le principal récepteur de la pollution. Les ressources en eau sont limitées. Le problème du littoral se pose.
On a des projets en cours pour le prétraitement des eaux usées avant leur rejet en mer. Mais de manière générale, les rejets ne sont pas traités et génèrent une grande pression sur les zones côtières en terme de la qualité des eaux, et des eaux de baignades. C'est un problème important qui a des répercussions sur la santé et le tourisme.
Avant de parler de l'air, il faut souligner que les déchets solides sont une plaie béante. La gestion de ces déchets relève des collectivités territoriales. La capacité de gestion est un problème. La solution trouvée dans le cadre du partenariat entre le public et le privé est la gestion déléguée de la collecte. Ceci a donné de bons résultats dans certaines villes. La problématique qui reste c'est la gestion des décharges. Des programmes sont en cours dans ce sens pour intégrer cette partie-là dans les concessions dans les grandes villes. Les déchets sont certes une forme de la pollution, mais, ils sont aussi des gisements importants de matériaux de recyclage.
C'est un bon filon économique, rentable pour les entreprises privées. Le programme est de pouvoir assurer en partenariat avec le ministère de l'Intérieur la collecte pour qu'il n'y ait pas de points noirs dans la ville. Il faut noter aussi le travail de sensibilisation de la population et d'encadrement pour la création des coopératives pour tous ceux qui ramassent les ordures sur la voirie. Les décharges doivent être contrôlées pour qu'il n'y ait pas une contamination de la nappe et une nuisance pour le voisinage.
Elle doit être, ainsi, construite selon les normes et gérée de manière rationnelle. C'est un chantier en cours : 100% collecte et 100% décharge contrôlée. En troisième position vient la mise en place des filières de traitement.
L'air connaît aussi une grande pollution.
La pollution de l'air n'est pas la même partout au Maroc. Elle est présente surtout dans les grandes villes où il y a une densité de la population, un grand parc automobile et une activité industrielle : Rabat, Casablanca, Marrakech, Fès…La pollution ne touche pas toute la ville, mais des quartiers particuliers, les plus proches des sources de la contamination de l'air.
Nous avons mené des études à Casablanca et à Mohammédia où on a fait des évaluations qui ont montré que parfois il y a des pics inquiétants de pollution. A Marrakech aussi la pollution de l'air existe, principalement on y enregistre : la poussière et le dioxyde de souffre. Les gaz d'échappement des véhicules sont la première source de pollution car le parc automobile marocain est vieux et manque d'entretien. Le plan de circulation de la ville et la qualité des carburants jouent aussi un rôle important dans la pollution.
Dans quelles mesures les études que vous menez ont-elles un impact sur les décisions des responsables?
L'objectif de toute étude est l'évaluation. Pour l'air particulièrement, il y a une prise de conscience généralisée car c'est une affaire qui concerne les spécialistes. Maintenant, le grand public a pris lui aussi conscience de cette question.
Les décideurs au niveau local ont commencé à mettre en place des instruments de surveillance de la qualité pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
Actuellement, un grand programme du ministère chargé de l'Environnement avec la météo et la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement vise à doter Casablanca et Rabat de réseaux locaux de surveillance de la qualité de l'air selon des paramètres comme le dioxyde de souffre, le dioxyde d'azote, les particules en suspension dans l'air, l'ozone...
Par la suite, ce programme va être généralisé sur d'autres villes. Toutes les informations seront mises à la disposition d'abord des acteurs locaux pour prendre les décisions qui s'imposent, puis des administrations concernées pour avoir une vision d'ensemble sur l'évaluation de la qualité de l'air dans notre pays.
Mohamed Benyahya :On axe nos efforts particulièrement sur l'eau. Mais nous nous intéressons aussi à la biodiversité, à la qualité de l'air, au littoral… Les oasis préoccupent également le ministère. Des études et des formations sont en cours pour la sauvegarde des oasis. Cependant, le thème majeur qui retient une attention particulière c'est l'eau.
Pourquoi ?
L'eau est une ressource rare. Le Maroc est un pays semi-aride. Il convient de gérer cette situation convenablement. De par le passé, des efforts ont été entrepris pour la mobilisation des ressources en eau. Nous, nous avons péché par un manque d'attention en ce qui concerne le traitement des eaux usées sans oublier tout ce qui a trait à l'économie de l'eau et à sa réutilisation.
Nous nous sommes beaucoup plus préoccupés de l'amont : mobiliser les ressources, mais offrir aux secteurs d'activités et aux populations l'eau nécessaire. Et on s'est peu inquiété jusqu'aux dernières années des aspects qui viennent en aval à savoir le traitement de l'eau.
Depuis quelques années, la politique de l'eau est une politique intégrée qui se préoccupe autant de l'offre que de la demande et également de la quantité et de la qualité avec bien sûr de nouveaux créneaux comme la réutilisation des eaux usées et des ressources alternatives non classiques. Nous rejetons à peu près cinq cent millions de m3. Si on pouvait les traiter en fonction des ressources disponibles, on pourrait en profiter pour l'usage.
Quelles sont les régions du Maroc qui interpellent votre attention dans ce domaine ?
Nous nous intéressons à toutes les régions du Royaume. Le Maroc est découpé en bassins hydrographiques. Il y a des institutions mises en place dans le cadre de la loi sur l'eau qui date déjà de 1995. Ces institutions génèrent de l'aide d'une manière décentralisée. Quelques bassins ont des excédents en eau, d'autres sont déficitaires et posent le problème de l'eau avec acuité. Donc, des différences entre les régions sont enregistrées quant à la dégradation de la qualité de l'eau et l'impact des activités économiques.
D'un bassin à l'autre, on ne note pas la même qualité. Il existe des zones qui sont de bonne qualité, d'autres sont plus au moins dégradées. L'effort de dépollution n'est pas homogène. Dans quelques bassins, il existe une grande concentration d'industrie et d'artisanat ou de rejet des eaux urbaines qui intensifient l'effort de dépollution. Le bassin de Sebou est important en ressources en eau, mais il suscite des inquiétudes quant à la dégradation de ces ressources.
La pollution touche aussi les nappes phréatiques ?
Oui. Mais à un degré moindre que pour les eaux superficielles. Effectivement, on note la contamination des nappes aquatiques et des eaux souterraines dans certaines régions à cause des fertilisants, engrais chimiques, produits sanitaires... Parfois, l'infiltration des eaux usées cause une contamination microbienne des ressources en eau qui deviennent inaptes à l'utilisation alimentaire.
Vous pouvez nous citer des exemples?
Les nappes phréatiques sont contaminées au niveau de Tadla, du Gharb, du Souss et de Doukkala. Ce sont toutes des zones qui connaissent une culture intensive et l'usage non rationnel des produits chimiques.
Cependant, un autre problème est à souligner. C'est l'intrusion de l'eau marine au niveau du littoral. Ce qui contamine également la nappe phréatique qui devient salée et parfois impropre à l'utilisation agricole. Donc, on peut dire que l'eau est la première source qui est touchée par la pollution au Maroc.
Pourtant, on a toujours l'impression que c'est l'air qui connaît une forte pollution. L'essentiel des eaux usées vont à l'eau que ce soit les eaux de surface ou souterraines. Le milieu aquatique est le principal récepteur de la pollution. Les ressources en eau sont limitées. Le problème du littoral se pose.
On a des projets en cours pour le prétraitement des eaux usées avant leur rejet en mer. Mais de manière générale, les rejets ne sont pas traités et génèrent une grande pression sur les zones côtières en terme de la qualité des eaux, et des eaux de baignades. C'est un problème important qui a des répercussions sur la santé et le tourisme.
Avant de parler de l'air, il faut souligner que les déchets solides sont une plaie béante. La gestion de ces déchets relève des collectivités territoriales. La capacité de gestion est un problème. La solution trouvée dans le cadre du partenariat entre le public et le privé est la gestion déléguée de la collecte. Ceci a donné de bons résultats dans certaines villes. La problématique qui reste c'est la gestion des décharges. Des programmes sont en cours dans ce sens pour intégrer cette partie-là dans les concessions dans les grandes villes. Les déchets sont certes une forme de la pollution, mais, ils sont aussi des gisements importants de matériaux de recyclage.
C'est un bon filon économique, rentable pour les entreprises privées. Le programme est de pouvoir assurer en partenariat avec le ministère de l'Intérieur la collecte pour qu'il n'y ait pas de points noirs dans la ville. Il faut noter aussi le travail de sensibilisation de la population et d'encadrement pour la création des coopératives pour tous ceux qui ramassent les ordures sur la voirie. Les décharges doivent être contrôlées pour qu'il n'y ait pas une contamination de la nappe et une nuisance pour le voisinage.
Elle doit être, ainsi, construite selon les normes et gérée de manière rationnelle. C'est un chantier en cours : 100% collecte et 100% décharge contrôlée. En troisième position vient la mise en place des filières de traitement.
L'air connaît aussi une grande pollution.
La pollution de l'air n'est pas la même partout au Maroc. Elle est présente surtout dans les grandes villes où il y a une densité de la population, un grand parc automobile et une activité industrielle : Rabat, Casablanca, Marrakech, Fès…La pollution ne touche pas toute la ville, mais des quartiers particuliers, les plus proches des sources de la contamination de l'air.
Nous avons mené des études à Casablanca et à Mohammédia où on a fait des évaluations qui ont montré que parfois il y a des pics inquiétants de pollution. A Marrakech aussi la pollution de l'air existe, principalement on y enregistre : la poussière et le dioxyde de souffre. Les gaz d'échappement des véhicules sont la première source de pollution car le parc automobile marocain est vieux et manque d'entretien. Le plan de circulation de la ville et la qualité des carburants jouent aussi un rôle important dans la pollution.
Dans quelles mesures les études que vous menez ont-elles un impact sur les décisions des responsables?
L'objectif de toute étude est l'évaluation. Pour l'air particulièrement, il y a une prise de conscience généralisée car c'est une affaire qui concerne les spécialistes. Maintenant, le grand public a pris lui aussi conscience de cette question.
Les décideurs au niveau local ont commencé à mettre en place des instruments de surveillance de la qualité pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
Actuellement, un grand programme du ministère chargé de l'Environnement avec la météo et la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement vise à doter Casablanca et Rabat de réseaux locaux de surveillance de la qualité de l'air selon des paramètres comme le dioxyde de souffre, le dioxyde d'azote, les particules en suspension dans l'air, l'ozone...
Par la suite, ce programme va être généralisé sur d'autres villes. Toutes les informations seront mises à la disposition d'abord des acteurs locaux pour prendre les décisions qui s'imposent, puis des administrations concernées pour avoir une vision d'ensemble sur l'évaluation de la qualité de l'air dans notre pays.
