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Exposition à la Chorfi Art Gallery à Casablanca : Les nouvelles silhouettes de Abdallah Dibaji

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Abdallah Dibaji expose ses dernières créations à la Chorfi Art Gallery. La maturité de l'artiste, ses années de recherche et d'exploration dans l'univers plastique révèlent une touche empreinte de sérénité et de douceur. L'artiste qui avait donné à la couleur, pendant de longues années, sa pleine mesure, a trouvé dans le blanc et ses différentes subtilités, matière de réflexion, de recherche et de création. «Da par ma formation, je suis coloriste. On remarque toujours dans mes travaux cette recherche de la lumière. Mais ce qui est nouveau dans ma démarche, c'est ce rappel de mon enfance.

On le remarque par le geste enfantin au fusain, qui voyage autour de la toile, librement, sans hésitation. Comme vous l'avez remarqué, il y a deux choses essentielles dans mon travail, le geste rigoureux et puis ce trait enfantin qui échappe à cette rigueur…Il y a donc le côté spontané, le côté zen… Dans la touche, il y a cette force de concentration …», explique Abdallah Dibaji qui rappelle qu'il s'est inspiré des poètes de son enfance comme Henri Michaud, Nizar Kabbani. «A mon âge, je reviens chercher la force de l'enfance».

En effet, les silhouettes de l'artiste sont devenues presque éthérées. Ses toiles célèbres par les touches transparentes et opaques, par un trait puissant et des couleurs chaudes, presque violentes, ont gagné en luminosité. «Dans mes derniers tableaux, on remarque une certaine économie de la couleur. J'étais coloriste. Aujourd'hui, la couleur est devenue très fluide, très subtile. Il y a le travail du blanc, la luminosité du blanc qui est très sensible et le paradoxe du noir qui s'ajoute», précise le peintre.

Artiste expérimenté et confirmé, Dibaji avait commencé sa arrière artistique en travaillant sur la figuration. «Ma préoccupation d'alors était la couleur et rien d'autre», dit-il. Il a ainsi centré son travail sur des thèmes précis comme les fenêtres, le linge, le corps féminin, la nature morte (moderne), la foule. «Mais peu importait le thème, le côté plastique est ce qui fonde mon travail : le rythme, l'ombre et la lumière…». Une peinture gestuelle qui ne cesse d'évoluer à travers différents thèmes et qui imprègne la toile d'une force tranquille.

Dans son atelier à El Jadida, Abdallah Dibaji se ménage des moments privilégiés pour méditer et réfléchir. L'œuvre qui naît alors est chargée d'émotions forte et de perceptions multiples. Elle est le fruit d'un long cheminement, de choix réfléchis et assumés, mais aussi de recherches permanentes qui incitent le peintre à ne jamais tomber dans la facilité et à être toujours exigeant envers lui-même. «Au Maroc, malheureusement, beaucoup de peintres se répètent, font le même geste, adoptent la même forme. Je ne considère pas cela comme un style. Le style vient avec la recherche, la maturité. C'est comme une signature et c'est ce qui permet de dire que ce tableau est celui de tel ou tel artiste», souligne Abdallah Dibaji.

«Dibaji travaille apparemment sur l'espace vide d'une ville : murs, portes et fenêtres. Derrière cette représentation géométrique et abstraite, le peintre interroge la couleur avec une tonalité ni froide ni chaude, mais mesurée et rythmée. Rythme progressif, avançant par touches émotives presque cachées, mais subtiles», écrivait Abdélkébir Khatibi

Dans les œuvres de Dibaji, l'élément récurrent est la foule. Compacte et dense au début, elle a tendance, dans les toutes dernières créations, à se fluidifier et à devenir lumineuse. «Il y a un changement aussi dans la perception de la foule. Avant c'était trop coloré, Il y a la foule, l'accumulation de la foule, la lumière, l'architecture…Et puis la foule diminue. L'impression qui se dégage, c'est comme si moi je suis dedans, devant ce personnage, avec ce personnage qui a absorbé toutes les couleurs. La lumière a absorbé toutes les couleurs. Il n' y a plus que des traits, toutes les nuances de la lumière, le graphisme et le geste fort…», assure le peintre.

Lorsqu'on contemple les dernières créations de l'artiste, la vision de cette foule et de ces silhouettes à peine esquissée nous attire. Le regard intérieur du peintre est fortement perceptible dans chaque détail et chaque trait. «L'envie de peindre se saisit de moi, petit à petit. Cela ressemble parfois à un accouchement, difficile et douloureux au départ et puis la délivrance arrive et avec elle le sentiment d'avoir accompli un bon travail, d'avoir couché sur la toile des sentiments, des impressions et ma façon de voir les choses…», révèle l'artiste. Une démarche qui incite le peintre à «désapprendre» la facilité académique apprise dans les écoles d'art pour s'enrichir d'une spontanéité et d'une poésie aux charmes intemporels. Cela confère aux œuvres de l'artiste une touche toute particulière. Il s'en dégage une émotion qui nous transpose dans un univers lumineux et infini.

Parcours :
Abdallah Dibaji est né en 1952 à Azemmour. Il vit et travaille à El Jadida. Il a à son actif plusieurs expositions tant au Maroc qu'à l'étranger (Belgique, Allemagne, France, USA…). Voici quelques dates marquantes dans son parcours.
1976 : Ecole des Beaux Arts à Tétouan.
1979 : Académie Royale des Beaux Arts - Liège- Belgique
1979-83 : Profession inspecteur au CEI ".Education Artistique"
1989 : Lauréat de la première rencontre de la jeune peinture marocaine organisée par WAFABANK
2003 : Château de Borely Marseille. Prix de la Découverte.
2004 : Hommage à Kacimi Bab Rouah Rabat.
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