Jamais Marrakech, jamais l'univers du terrible Caïd Glaoui qui tenait la ville sous ses pieds, n'ont été aussi bien rendu que sous la plume de Binebine, marrakchi de cœur et de naissance qui, malgré les pérégrinations à travers le monde, en France, puis aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs, exilé mi volontaire, mi forcé, garde toujours l'humour, l'accent et les couleurs, la sympathie aussi, la tendresse qui font de Marrakech ce qu'elle est, ce qu'elle fut toujours : une ville joyeuse et jouissive, à l'ironie mordante, une ville lascive qui séduit par je ne sais quelle mystérieuse magie ses visiteurs d'ailleurs, nationaux ou étrangers.
C'est par hasard que Binebine s'est découvert un talent de romancier, de conteur en fait, comme le fut son père, conteur et humoriste à ses moments perdus. Et dire que tout a commencé par une lettre à un ami espagnol. Une lettre écrite mais jamais postée où il raconte sa vie à Marrakech, sa famille.
Plus tard, sous l'encouragement d'un autre ami, français celui-là, la lettre donne naissance au roman. Sa carrière est désormais toute tracée. Binebine était prof de maths à Paris où il vivait avec sa mère après un terrible drame dans la famille au Maroc, un frère à Tazmamart, un cocon protecteur éclaté, et l'exil. C'est la revanche de Binebine sur la vie.
C'est heureux qu'il se découvre également des talents de poète et de peintre. Peut-on être l'un sans être l'autre ? Alors il ne cesse, depuis, de raconter, plutôt de conter, tel le saltimbanque de la place de Jamaâ l'Fna, dont il s'est sûrement abreuvé, depuis l'enfance, s'est fait son plein de rêves, de couleurs et de sensibilité ; de conter le monde perdu de son enfance, de dessiner les contours d'un univers évanescent fait de petites choses de la vie, mais aussi de grands et terribles évènements.
C'est cet univers qui peuple également ses toiles avec au centre une tragédie indicible, qui a du mal à se dire, du mal à crier sa rage, celle d'une humanité outrageusement écrasée, broyée et réduite à la servilité humiliante, celle-là même dont il porte les stigmates dans sa chaire comme dans son âme.
La peinture de Binebine, c'est cela. Une histoire kafkaïenne, la même partout, celle de l'homme bafoué, bâillonné, supplicié au point d'être réduit à une silhouette, un contour tracé à la hâte par une main maladroite sur un bout de papier ou un bout de bois ; quand ce n'est pas un masque aux traits affreusement tiraillés, creusés par la peur panique, la douleur et l'incompréhension, et ployant sous le poids écrasant de l'oppression.
C'est cette humanité là qui peuple les toiles de Binebine, une humanité étrangement déclinée au singulier, comme dans la solitude d'une douleur, d'une tragédie, et qui envahit, tel un cri assourdissant, tout l'espace de la toile.
La peinture de Binebine c'est cela, l'humain dans toute sa singularité tragique. Pour cela ,elle se prête mal à la décoration. C'est une peinture qui touche à l'existentiel, une incitation à la méditation, si ce n'est à la colère.
C'est par hasard que Binebine s'est découvert un talent de romancier, de conteur en fait, comme le fut son père, conteur et humoriste à ses moments perdus. Et dire que tout a commencé par une lettre à un ami espagnol. Une lettre écrite mais jamais postée où il raconte sa vie à Marrakech, sa famille.
Plus tard, sous l'encouragement d'un autre ami, français celui-là, la lettre donne naissance au roman. Sa carrière est désormais toute tracée. Binebine était prof de maths à Paris où il vivait avec sa mère après un terrible drame dans la famille au Maroc, un frère à Tazmamart, un cocon protecteur éclaté, et l'exil. C'est la revanche de Binebine sur la vie.
C'est heureux qu'il se découvre également des talents de poète et de peintre. Peut-on être l'un sans être l'autre ? Alors il ne cesse, depuis, de raconter, plutôt de conter, tel le saltimbanque de la place de Jamaâ l'Fna, dont il s'est sûrement abreuvé, depuis l'enfance, s'est fait son plein de rêves, de couleurs et de sensibilité ; de conter le monde perdu de son enfance, de dessiner les contours d'un univers évanescent fait de petites choses de la vie, mais aussi de grands et terribles évènements.
C'est cet univers qui peuple également ses toiles avec au centre une tragédie indicible, qui a du mal à se dire, du mal à crier sa rage, celle d'une humanité outrageusement écrasée, broyée et réduite à la servilité humiliante, celle-là même dont il porte les stigmates dans sa chaire comme dans son âme.
La peinture de Binebine, c'est cela. Une histoire kafkaïenne, la même partout, celle de l'homme bafoué, bâillonné, supplicié au point d'être réduit à une silhouette, un contour tracé à la hâte par une main maladroite sur un bout de papier ou un bout de bois ; quand ce n'est pas un masque aux traits affreusement tiraillés, creusés par la peur panique, la douleur et l'incompréhension, et ployant sous le poids écrasant de l'oppression.
C'est cette humanité là qui peuple les toiles de Binebine, une humanité étrangement déclinée au singulier, comme dans la solitude d'une douleur, d'une tragédie, et qui envahit, tel un cri assourdissant, tout l'espace de la toile.
La peinture de Binebine c'est cela, l'humain dans toute sa singularité tragique. Pour cela ,elle se prête mal à la décoration. C'est une peinture qui touche à l'existentiel, une incitation à la méditation, si ce n'est à la colère.
