De manière inattendue, le gouvernement chinois a, malgré son opposition à l'autorité du Vatican sur les catholiques du pays, exprimé sa "préoccupation" face à la mort imminente du souverain pontife.
Surprenante aussi, la diffusion par la télévision d'Etat à Cuba de l'appel du cardinal Jaime Ortega Alamino aux habitants de l'île à prier pour le Pape.
Ce dernier a, par ailleurs, fait l'ouverture des journaux télévisés en Russie, où l'Eglise orthodoxe a accusé le Vatican de "prosélytisme". Un événement d'autant plus exceptionnel que, d'ordinaire, le premier titre des bulletins d'information des chaînes publiques y est invariablement consacré au président Vladimir Poutine.
Pendant ce temps, la ville de Rome s'organisait pour accueillir des centaines de milliers de fidèles affluant vers la cité éternelle afin d'être proches de Jean Paul II. Des dizaines de milliers de personnes ont veillé une partie de la nuit sur la place Saint-Pierre, sous les fenêtres du Pape.
La Pologne, sa patrie, restait unie dans la même ferveur autour de Jean Paul II, l'ancien président et Prix Nobel de la Paix Lech Walesa parlant du "Saint-Pierre de notre temps". A Wadowice, la cité natale de Karol Wojtyla, comme partout dans le pays, les fidèles remplissaient les églises pour des messes et des prières.
Dans beaucoup d'autres Etats européens, dont le Portugal, l'Irlande ou la Croatie, et en Amérique latine, qui rassemble la moitié des catholiques du monde, archevêques et cardinaux exhortaient à prier avec ardeur.
Au Brésil, le plus grand pays catholique de la planète, le cardinal Claudio Hummes, archevêque de Sao Paulo, pressenti comme un des possibles successeurs de Jean Paul II, a demandé de prier pour le Pape afin que "Dieu l'assiste et le réconforte".
Mais les fidèles avaient spontanément afflué par milliers vers les églises dès l'annonce de l'aggravation de son état de santé, comme en Lituanie, où 75% de la population est catholique.
Aux Etats-Unis, la Maison blanche annonçait parallèlement que "le président (George W. Bush) et Mme Bush se joignaient à tous ceux qui dans le monde prient pour le Saint-Père".
Son successeur au Vatican doit être un "évangélisateur", a estimé l'archevêque de Washington, le cardinal Theodore McCarrick. Au Québec, la plus catholique des provinces canadiennes, ils étaient des centaines à prier dans les églises et notamment à l'Oratoire Saint-Joseph, le plus imposant édifice religieux de Montréal. Au Proche-Orient et en Extrême-Orient, les chrétiens se mobilisaient également de façon significative.
Tandis qu'à Al Qods et Bethléem, les Palestiniens chrétiens suivaient les nouvelles avec angoisse, au Liban voisin, le président Emile Lahoud, seul chef d'Etat chrétien de la région, expliquait dans un communiqué "suivre avec une profonde inquiétude, la détérioration dangereuse de la santé du Pape".
A l'autre bout du continent, de nombreux fidèles fondaient en larmes samedi lors d'une messe célébrée dans la cathédrale de Dili, capitale du Timor-Leste (ex-Timor oriental).
Le Premier ministre australien John Howard saluait, lui, en Jean Paul II un grand chef religieux, mais aussi un combattant de la liberté ayant participé à la défaite du communisme.
L'Afrique n'était pas en reste. Au Rwanda, pays frappé il y a plus de dix ans par un génocide, des messes étaient organisées un peu partout. Une poignée de fidèles et de religieux s'est recueillie dans la monumentale basilique de Yamoussoukro (Côte d'Ivoire), un édifice que le souverain pontife avait consacré en 1990.
Fait notable, la compassion envers le Pape a largement dépassé les limites de la chrétienté.
Une prière spéciale a ainsi été prononcée samedi dans les synagogues de Paris à l'intention du Pape.
"Depuis deux mille ans, personne n'a fait autant que Jean Paul II pour la réconciliation entre les juifs et les catholiques", avait estimé vendredi le Grand rabbin de Pologne Michael Schudrich.
Des membres éminents de la communauté musulmane lui rendaient aussi hommage, à l'instar du plus haut dignitaire chiite du Liban, l'ayatollah Mohammed Hussein Fadlallah : "nous espérons que l'esprit de dialogue véhiculé par le Saint-Siège convaincra toutes les religions de se retrouver dans leur foi en Dieu", a-t-il notamment déclaré.
"Toutes nos prières vont vers le Pape", qui a "reçu une grande sympathie de la part des musulmans", avait dit vendredi le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur.
Pour le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nasser al Qidwa, Jean Paul II a "consolidé les racines de la paix et de l'amitié entre les peuples".
Après l'annulation des manifestations de campagne prévues par les partis politiques italiens avant les régionales des 3 et 4 avril, le Comité olympique italien (CONI) a à sont tour décidé de suspendre toutes les activités sportives nationales du week-end.
Les chefs d'Etat du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque) ont, dans un geste similaire, renoncé hier à un sommet en Pologne.
L'hommage des fidèles sur Internet
L'émotion et l'inquiétude suscitées dans le monde catholique, mais aussi au-delà, par l'agonie du Pape Jean-Paul II se sont reflétés hier dans les témoignages adressés sur l'Internet. "Bien que je ne sois pas particulièrement religieux, ni membre d'aucune église, la souffrance (du pontife) m'a touché d'une façon étrange", écrivait ainsi un lecteur du quotidien hongrois Nepszabadsag dans le forum de discussion en ligne du journal.
La hausse de fréquentation liée à l'actualité venant du Vatican ne pouvait pas encore être analysée précisément sur les Yahoo!, Google et autres sites les plus fréquentés. "Nous disposons d'une évaluation minute par minute de l'intérêt pour notre contenu, mais avec un décalage de 24 heures", a ainsi expliqué à l'AFP un porte-parole de BBC News, le site d'information de l'audiovisuel public britannique. Le classement des articles les plus lus et envoyés à d'autres internautes, en revanche, a déjà fait apparaître des différences sensibles d'un pays à l'autre.
Aux Etats-Unis, l'article le plus consulté sur yahoo.com était une dépêche sur le Pape. Le même sujet n'était que le 7e plus consulté par ceux qui ont navigué sur yahoo.co.uk, la version britannique du célèbre portail. Se fondant sur les chiffres de vendredi, le responsable actualité d'AOL en Allemagne, Matthias Bruegge, a estimé pour sa part que le nombre de recherches sur le Pape "de cinq à dix fois plus important que normalement. Pour les forums de discussion, l'intérêt était multiplié environ par dix". Ce sont les informations relatives au Souverain Pontife qui ont recueilli le plus de réactions d'internautes sur BBC News, devant la question plus triviale de la future hausse de la taxe d'embouteillage de Londres.
La section "Dites ce que vous pensez" du site comporte une sélection établie pour représenter la tonalité moyenne et la diversité des messages reçus par la BBC. Elle comprenait hier une écrasante majorité de messages attristés et d'hommages, venant de catholiques mais aussi d'athées, de musulmans ou de juifs notamment.
"Je suis très émue du courage et de la volonté du Pape", a ainsi écrit Anne Marie Farrell, une Londonienne, voyant dans la "sérénité face à la mort (...) un encouragement pour tous ceux d'entre nous qui affrontent une perte et le deuil". De nombreux internautes insistaient aussi sur la fidélité de Jean-Paul II à son message au long de son pontificat. "J'ai toujours admiré sa force et sa foi sans compromis dans la valeur de chaque vie humaine", soulignait l'Américaine Joanna, de Philadelphie. "Son engagement pour ses valeurs, même celles avec lesquelles je ne suis pas d'accord, ajoutait-elle, est admirable à une époque où les dirigeants mondiaux changent d'avis avec la moindre brise politique d'où qu'elle vienne".
"Il a eu un effet sur de nombreuses vies à travers sa conviction farouche et son optimisme sur la race humaine", concluait de son côté Paul Odey, de Port-Harcourt (Nigeria) M. Odey voyait dans la mort du pape "la fin d'une époque".
Fred, un internaute américain fréquentant le carnet en ligne "thepopeblog", a trouvé par contre du réconfort dans le fait que le Pape s'apprêtait à mourir "au début d'avril, traditionnellement identifié à la nouvelle vie, au renouveau et à la régénération."
Surprenante aussi, la diffusion par la télévision d'Etat à Cuba de l'appel du cardinal Jaime Ortega Alamino aux habitants de l'île à prier pour le Pape.
Ce dernier a, par ailleurs, fait l'ouverture des journaux télévisés en Russie, où l'Eglise orthodoxe a accusé le Vatican de "prosélytisme". Un événement d'autant plus exceptionnel que, d'ordinaire, le premier titre des bulletins d'information des chaînes publiques y est invariablement consacré au président Vladimir Poutine.
Pendant ce temps, la ville de Rome s'organisait pour accueillir des centaines de milliers de fidèles affluant vers la cité éternelle afin d'être proches de Jean Paul II. Des dizaines de milliers de personnes ont veillé une partie de la nuit sur la place Saint-Pierre, sous les fenêtres du Pape.
La Pologne, sa patrie, restait unie dans la même ferveur autour de Jean Paul II, l'ancien président et Prix Nobel de la Paix Lech Walesa parlant du "Saint-Pierre de notre temps". A Wadowice, la cité natale de Karol Wojtyla, comme partout dans le pays, les fidèles remplissaient les églises pour des messes et des prières.
Dans beaucoup d'autres Etats européens, dont le Portugal, l'Irlande ou la Croatie, et en Amérique latine, qui rassemble la moitié des catholiques du monde, archevêques et cardinaux exhortaient à prier avec ardeur.
Au Brésil, le plus grand pays catholique de la planète, le cardinal Claudio Hummes, archevêque de Sao Paulo, pressenti comme un des possibles successeurs de Jean Paul II, a demandé de prier pour le Pape afin que "Dieu l'assiste et le réconforte".
Mais les fidèles avaient spontanément afflué par milliers vers les églises dès l'annonce de l'aggravation de son état de santé, comme en Lituanie, où 75% de la population est catholique.
Aux Etats-Unis, la Maison blanche annonçait parallèlement que "le président (George W. Bush) et Mme Bush se joignaient à tous ceux qui dans le monde prient pour le Saint-Père".
Son successeur au Vatican doit être un "évangélisateur", a estimé l'archevêque de Washington, le cardinal Theodore McCarrick. Au Québec, la plus catholique des provinces canadiennes, ils étaient des centaines à prier dans les églises et notamment à l'Oratoire Saint-Joseph, le plus imposant édifice religieux de Montréal. Au Proche-Orient et en Extrême-Orient, les chrétiens se mobilisaient également de façon significative.
Tandis qu'à Al Qods et Bethléem, les Palestiniens chrétiens suivaient les nouvelles avec angoisse, au Liban voisin, le président Emile Lahoud, seul chef d'Etat chrétien de la région, expliquait dans un communiqué "suivre avec une profonde inquiétude, la détérioration dangereuse de la santé du Pape".
A l'autre bout du continent, de nombreux fidèles fondaient en larmes samedi lors d'une messe célébrée dans la cathédrale de Dili, capitale du Timor-Leste (ex-Timor oriental).
Le Premier ministre australien John Howard saluait, lui, en Jean Paul II un grand chef religieux, mais aussi un combattant de la liberté ayant participé à la défaite du communisme.
L'Afrique n'était pas en reste. Au Rwanda, pays frappé il y a plus de dix ans par un génocide, des messes étaient organisées un peu partout. Une poignée de fidèles et de religieux s'est recueillie dans la monumentale basilique de Yamoussoukro (Côte d'Ivoire), un édifice que le souverain pontife avait consacré en 1990.
Fait notable, la compassion envers le Pape a largement dépassé les limites de la chrétienté.
Une prière spéciale a ainsi été prononcée samedi dans les synagogues de Paris à l'intention du Pape.
"Depuis deux mille ans, personne n'a fait autant que Jean Paul II pour la réconciliation entre les juifs et les catholiques", avait estimé vendredi le Grand rabbin de Pologne Michael Schudrich.
Des membres éminents de la communauté musulmane lui rendaient aussi hommage, à l'instar du plus haut dignitaire chiite du Liban, l'ayatollah Mohammed Hussein Fadlallah : "nous espérons que l'esprit de dialogue véhiculé par le Saint-Siège convaincra toutes les religions de se retrouver dans leur foi en Dieu", a-t-il notamment déclaré.
"Toutes nos prières vont vers le Pape", qui a "reçu une grande sympathie de la part des musulmans", avait dit vendredi le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur.
Pour le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nasser al Qidwa, Jean Paul II a "consolidé les racines de la paix et de l'amitié entre les peuples".
Après l'annulation des manifestations de campagne prévues par les partis politiques italiens avant les régionales des 3 et 4 avril, le Comité olympique italien (CONI) a à sont tour décidé de suspendre toutes les activités sportives nationales du week-end.
Les chefs d'Etat du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque) ont, dans un geste similaire, renoncé hier à un sommet en Pologne.
L'hommage des fidèles sur Internet
L'émotion et l'inquiétude suscitées dans le monde catholique, mais aussi au-delà, par l'agonie du Pape Jean-Paul II se sont reflétés hier dans les témoignages adressés sur l'Internet. "Bien que je ne sois pas particulièrement religieux, ni membre d'aucune église, la souffrance (du pontife) m'a touché d'une façon étrange", écrivait ainsi un lecteur du quotidien hongrois Nepszabadsag dans le forum de discussion en ligne du journal.
La hausse de fréquentation liée à l'actualité venant du Vatican ne pouvait pas encore être analysée précisément sur les Yahoo!, Google et autres sites les plus fréquentés. "Nous disposons d'une évaluation minute par minute de l'intérêt pour notre contenu, mais avec un décalage de 24 heures", a ainsi expliqué à l'AFP un porte-parole de BBC News, le site d'information de l'audiovisuel public britannique. Le classement des articles les plus lus et envoyés à d'autres internautes, en revanche, a déjà fait apparaître des différences sensibles d'un pays à l'autre.
Aux Etats-Unis, l'article le plus consulté sur yahoo.com était une dépêche sur le Pape. Le même sujet n'était que le 7e plus consulté par ceux qui ont navigué sur yahoo.co.uk, la version britannique du célèbre portail. Se fondant sur les chiffres de vendredi, le responsable actualité d'AOL en Allemagne, Matthias Bruegge, a estimé pour sa part que le nombre de recherches sur le Pape "de cinq à dix fois plus important que normalement. Pour les forums de discussion, l'intérêt était multiplié environ par dix". Ce sont les informations relatives au Souverain Pontife qui ont recueilli le plus de réactions d'internautes sur BBC News, devant la question plus triviale de la future hausse de la taxe d'embouteillage de Londres.
La section "Dites ce que vous pensez" du site comporte une sélection établie pour représenter la tonalité moyenne et la diversité des messages reçus par la BBC. Elle comprenait hier une écrasante majorité de messages attristés et d'hommages, venant de catholiques mais aussi d'athées, de musulmans ou de juifs notamment.
"Je suis très émue du courage et de la volonté du Pape", a ainsi écrit Anne Marie Farrell, une Londonienne, voyant dans la "sérénité face à la mort (...) un encouragement pour tous ceux d'entre nous qui affrontent une perte et le deuil". De nombreux internautes insistaient aussi sur la fidélité de Jean-Paul II à son message au long de son pontificat. "J'ai toujours admiré sa force et sa foi sans compromis dans la valeur de chaque vie humaine", soulignait l'Américaine Joanna, de Philadelphie. "Son engagement pour ses valeurs, même celles avec lesquelles je ne suis pas d'accord, ajoutait-elle, est admirable à une époque où les dirigeants mondiaux changent d'avis avec la moindre brise politique d'où qu'elle vienne".
"Il a eu un effet sur de nombreuses vies à travers sa conviction farouche et son optimisme sur la race humaine", concluait de son côté Paul Odey, de Port-Harcourt (Nigeria) M. Odey voyait dans la mort du pape "la fin d'une époque".
Fred, un internaute américain fréquentant le carnet en ligne "thepopeblog", a trouvé par contre du réconfort dans le fait que le Pape s'apprêtait à mourir "au début d'avril, traditionnellement identifié à la nouvelle vie, au renouveau et à la régénération."
