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Harcelé par la pression de la rue depuis l'assassinat de Rafiq El Hariri : la démission du gouvernement Karamé vise le régime syrien

Harcelé par les manifestations de rue et une contestation soutenue depuis le 14 février, date de l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafiq Al Hariri, le gouvernement libanais dirigé par Omar Karamé a fini par céder et jeter l'éponge lundi.

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Mais, et cela est connu, les régimes arabes (et du tiers-monde en général) n'ont pas l'habitude de céder à la pression de la rue et on n'a encore jamais vu un gouvernement arabe démissionner simplement parce que l'opposition a multiplié les manifestations et haussé le ton dans les travées du Parlement. Quand Parlement il y a, l'explication de la décision du cabinet Karamé est donc à chercher ailleurs.

Principalement en Israël où l'on se défend d'«intervenir» dans les affaires intérieures du Liban mais où l'on ne s'est pas privé pourtant d'applaudir chaudement cette démission.

Sitôt celle-ci annoncée, la presse israélienne comme certains officiels dont, en particulier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Marc Régév se sont publiquement félicités de ces développements. Ce dernier a, en effet, déclaré à l'AFP qu' «Israël – suit avec attention ce qui se passe au Liban, sans intervenir» tout en exprimant l'espoir que ce pays «se débarrasse de l'occupation syrienne et des milices».

Par milices, le haut fonctionnaire israélien vise principalement le Hizbollah chiïte pro-iranien et très actif dans le Sud-Liban d'où il a porté des coups très durs à Israël par un passé pas très lointain. Si dicter à un pays «souverain» la conduite à suivre n'est pas de l'intervention dans ses affaires intérieures, l'ingérence c'est quoi donc ? Plus encore que le harcèlement exercé directement ou indirectement par Tel-Aviv, ce sont les pressions d'autres puissances étrangères à la région mais qu'y ont des intérêts énormes tels la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis qui ont apparemment forcé la décision du gouvernement libanais.

Le jour même où ce dernier a annoncé son retrait des affaires, le secrétaire d'Etat adjoint, David Satterfield se trouvait justement Beyrouth où il a notamment eu des entretiens avec les chefs religieux des principales communautés du pays et qui ont tous en commun de se réclamer de l'opposition quand ils n'en sont pas les animateurs : le patriarche maronite Nasrallah Sfeir qui dirige l'opposition chrétienne (ouvertement hostile à la Syrie), le leader druze Walid Jumblatt et le député chrétien Nassib Lahoud. M. Satterfield n'a quitté Beyrouth que mardi.

Au lendemain donc de la démission du gouvernement et où le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan a immédiatement vu «l'occasion pour les Libanais de se doter d'un nouveau gouvernement représentant la diversité du pays et d'organiser des élections libres et équitables».

Tant d'interférences, ajoutées aux pressions, déclarations et autres petits «coups de pouce» de Paris, Londres, etc, ne pouvaient ne pas déstabiliser même les gouvernements les plus populaires et les plus solides.

Ce n'était, certes, pas le cas de l'Exécutif libanais, mais si nous tenons à relever le rôle de l'étranger dans sa chute- comme ce fut le cas, il y a quelques semaines en Ukraine- c'est pour mieux souligner que ce n'est pas tant le sort du peuple libanais ou l'avenir de la démocratie et de la liberté dans ce pays qui sont en jeu ici.

Le principal enjeu c'est la présence de quelques milliers de soldats syriens au Liban et une telle présence, conjuguée au soutien que Damas n'a cessé d'apporter à certaines milices libanaises et palestiniennes, représente pour la sécurité d'Israël. Mais la présence militaire et le soutien à des groupes considérés, à tort ou à raison, par Tel-Aviv et ses protecteurs occidentaux comme « terroristes» peuvent être résolus. Par le retrait du contingent syrien et l'arrêt de toute aide aux dits groupes «terroristes», tout simplement.

Ce que le Président syrien semble compris et à quoi il s'est enfin résolu. Bachar Al Assad qui a dépêché tout récemment son ministre des A.E. à Ryad est en effet attendu aujourd'hui ou demain en Arabie Saoudite où, selon des sources diplomatiques, il doit s'entretenir avec ses hôtes de la situation au Liban principalement et du retrait de ses forces de ce pays.

D'autres capitales arabes, dont Le Caire, en particulier, tentent depuis quelques jours d'intercéder et de convaincre Damas de faire baisser la tension.
Mais Israël ne semble pas devoir se contenter de «si peu», ni s'arrêter en si bon chemin. Ce qu'il veut, en fait, c'est la chute de la branche syrienne du Baâth, au pouvoir à Damas depuis des lustres et qui, comme son pendant irakien, aujourd'hui presque oublié, a toujours la hantise de Tel-Aviv.

Israël veut certainement faire la paix avec les Palestiniens et les Arabes, mais à condition qu'ils soient faibles et que, lui, reste le maître incontesté du jeu.
Or, avec un régime comme celui actuellement aux commandes en Syrie et une idéologie «panarabiste» et «chauvine» telle que celle que véhicule le Baâth, cela n'arrange pas ses affaires.

En conséquence, il faut le faire tomber et c'est ce qui est en train de se préparer actuellement, la «crise» du Liban n'étant qu'une «voie de contournement» pour enfin, porter l'estocade au régime syrien.
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