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La gastronome du petit écran : Choumicha, la fée des Ch'hiwates

Tout le monde apprécie les délices de Choumicha.
Le secret de son ascension est son look de combattante et sa verve.
Ces talents lui donnent la force de savoir ce qu'elle veut ...
et finit toujours par l'obtenir.

La gastronome du petit écran : Choumicha, la fée des Ch'hiwates
Le Matin : Vous triomphez sur la télé depuis quelques années, devenant sans conteste le chouchou des adeptes de la bonne cuisine. C'est quoi votre secret ?
Choumicha :


Je trouve que le mot «triompher» est fort, d'autant plus que je juge que je suis loin de triompher. Quant à mon secret, c'est simple, je fais mon métier avec amour et passion. Et c‘est cette passion qui constitue mon véritable fer de lance, me dictant une application infaillible. D'autant plus, il ne faut pas sous-estimer le message de sincérité et d'authenticité que je traduis implicitement dans ma voix, et que les gens ont volontairement saisi, adopté et aimé.

Par ailleurs, certains expliquent que le succès de mes émissions a été la conséquence d'un mariage heureux entre le patrimoine culinaire traditionnel et le fait que j'appartiens à une génération de jeunes femmes, dont le look est moderne mais fermement attachée aux valeurs ancestrales. La combinaison des deux concepts a plu le consommateur, car tout le monde a pu s'identifier au concept et au contenu de l'émission en se procurant de précieux moments de bonheur. Encore une fois, cette équation n'aurait nullement fonctionné sans l'ingrédient de base, celui de la passion. Une fois on s'adresse aux gens avec un langage simple, leur parler avec le cœur, le langage de la maison, croyez-moi, à ce moment-là, on n'a pas besoin de traduction.

J'évite les complications, et je ne parle pas l'arabe classique qui a besoin d'être traduite. Je parle le marocain, une très belle langue, très poétique qui interpelle toutes les régions du Maroc. Ma langue standard, destituée d'accent permet de faire croire à chacun que je suis originaire de sa région.

Il est impossible que vous sortiez sans vous faire arrêter par des dizaines d'admirateurs. Attendiez-vous au succès ? Et comment le vivez-vous au quotidien ?
Le grand problème que j'affronte quotidiennement est la réaction de mes enfants. Ils évitent de sortir avec moi en public. Un de mes fils ne cesse de me répéter d'être discrète. Il me dit souvent qu'il faut que je cesse d'attirer la foule dès que je suis à l'extérieur. Les enfants acceptent mal le fait que les gens viennent nous aborder dans la rue, ils jugent qu'ils ne nous laissent pas assez de temps à passer ensemble. Pour éviter que les instants passés en famille ne deviennent pénibles, on choisit les endroits reculés.

A côté de cela, lorsque je rencontre des dames qui me disent des mots magnifiques : « quand je te vois, tu me fait rappeler ma fille», et elles commencent à me lancer des louanges, je reste sans voix tellement je suis heureuse. C'est vraiment agréable de se sentir aimée et appréciée. Toutefois, ces honneurs me poussent à être exigeante envers moi pour que je puisse être toujours à la hauteur de l'admiration de mon public.

Vous avez gagné le prix du Cordon bleu du festival Gourmet Voice à Cannes. Comment avez-vous vécu cet événement heureux ?
Le prix est une sorte de bourse que je n'ai pas eu encore le temps de partir le faire. J'étais affreusement surprise. Il y avait des personnes hyper qualifiées, comme la candidate grecque, âgée de 60 ans, et qui avait à son actif plus de 400 livres. Dites-vous bien qu'elle anime une émission culinaire télévisée en direct depuis 25 ans. Il y avait des femmes de toutes les destinations, et ma chance pour plaire au jury était infime, sans oublier les contraintes de la compétition.
Il fallait que je prépare un plat moderne avec des saveurs purement marocaines, sachant que l'on ne vous donne pas les ingrédients nécessaires pour élaborer un plat purement marocain.

Avec le poulet, les échalotes et les carottes, il fallait bien composer un plat qui répond à deux critères : insolite et succulent. L'idée a fait tilt dans ma tête, et je me suis dit que je vais caraméliser les carottes, comme on a l'habitude de le faire avec les coings, et le poulet sera présenté en version tajine traditionnel. Le résultat a été un tajine de poulet aux carottes caramélisées, et le goût a été sans appel, le jury a mangé tout le plat.

C'était tellement naturel que j'ai pensé qu'on aurait pris n'importe quelle femme marocaine pour élaborer un plat lors de ce festival, je suis convaincue qu'elle mijoterait les meilleurs plats qui décrocheraient certainement des prix. La cuisine marocaine nous permet d'avoir des références gustatives qui permettent l'élaboration pratiquement instinctive de plats savoureux et franchement bons.

Le talent culinaire et le savoir-faire sont des dons innés qui font partie de notre façon de vivre, dont les règles proviennent de notre patrimoine civilisationnel.

Les émissions Ch'hiwates et Ch'hiwates Bladi, diffusées sur 2M, ainsi que la publication d'ouvrages sur la cuisine marocaine, votre nom devient incontournable dans le monde de la gastronomie.

Effectivement, mon équipe est composée d'une dizaine de personnes et moi, défrichons les moyens professionnels pour devenir plus compétitives et pouvoir surprendre constamment le public. Nous voulons également saisir cette frénésie pour l'art culinaire, et répondre aux attentes multiples en étant des prestataires de service. Dans ce sens, on a réalisé récemment ce que l'on appelle le stylisme culinaire pour le long-métrage français «Iznougoud». Il faut être conscient d'un élément important, celui de la transmission qui ne se fait plus à la maison, en raison des changements économiques et sociaux qui s'opèrent dans notre environnement.

Pour combler cette lacune, et pour que le public se rassasie d'informations pour pouvoir bien manger, il achète les livres gastronomiques et regarde les émissions culinaires sur les chaînes satellitaires thématiques. La profusion d'images et de produits rend le consommateur très exigeant, d'où notre implication rigoureuse. Si par hasard je réalise un livre qui est mal fait, les gens vont systématiquement le bouder.

C'est un parcours sans faute qui doit être réalisé. Ce qui différencie mes livres des autres, c'est que j'accorde le même intérêt aussi bien au visuel qu'au contenu. Sachez que les recettes sont exécutées plus de trois fois jusqu'à ce que le résultat soit parfait. L'arabe dialectal est le langage simple des textes qui sont revus et corrigés par de grands professionnels. Quant à la photo, elle doit être sur le même pied d'égalité que le texte, et la réalisation de belles photos est loin d'être une mince affaire. Tous ces efforts sont très vite perceptibles, car la plupart des femmes me lancent que toutes les recettes essayées sont réussies et qu'elles sont réalisées selon les règles de l'art.

L'avenir comportera-t-il d'autres belles surprises culinaires ?

Je ne dirais pas un mot de plus, mais prochainement, on aura sur le marché un magazine culinaire marocain. Ce magazine aura le mérite de bout en bout d'être marocain.
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