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La richesse de Safi : Le tourisme comme atout supplémentaire

D'aucuns ne voient nullement le nom de la ville de Safi associé à une destination touristique probablement une des plus variées du Maroc. Safi a longtemps été confiné dans la sphère des villes industrielles avec une pollution inhérente, l'agroalimentaire

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Cette imagerie d'Epinal encore galvaudée par des profanes ne doit plus être combattue mais tout bonnement ignorée telle une conversation de bas étage où les impressions disputent aux raisons la suprématie dans l'argumentaire. En fait Safi est une Caverne d'Ali Baba pour ce Maroc en quête d'initiatives créatives et pragmatiques. Certes, il a fallu une conjonction quasi-astrale pour que certaines arlésiennes passent de la chimère au concret : citons les installations universitaires et l'évolution d'une équipe de football en 1ère Division.

Cela médiatise positivement et c'est du sérieux. Quant au créneau touristique safiot, il semble fort utile de rappeler que certaines spécificités locales sont prédisposées à éclore, voire même à s'épanouir. Il suffit d'en déclencher les mécanismes nécessaires pour provoquer le déclic attendu.
Ainsi pouvons-nous affirmer sans aucun doute que Safi est à même d'offrir à ses visiteurs plusieurs palettes :

Tourisme culturel
Dans plusieurs écrits antérieurs, nous avons rappelé cet aspect " melting pot " de la cité de l'Atlantique, sacrifiant même à l'autel d'un anglicisme dévastateur en baptisant Safi de " Little Morocco ". En effet c'est une ville et un hinterland qui homogénéisent ce Maroc pluriel. Ainsi, les éléments constitutifs de la Culture safiote sont :
- l'aspect amazigh qui subsiste encore dans les noms de poissons, entre autres.
- l'élément sépharade avec une communauté hébraïque, certes en diminution quantitative, mais dont un Mausolée des 7 saints, Ben Zmirrou, atteste une présence édifiante.

- l'afflux africain : une petite communauté de nos Gnaouas regardent avec envie la fortune et l'aura de leurs frères un peu plus au Sud. - la présence européenne depuis les Portugais, qui ont laissé comme empreinte un Château de mer unique en son genre sur le littoral africain, jusqu'aux temps plus récents.
Tous ces éléments baignent dans une sphère arabo-musulmane où la légende d'un OQBA et de son compagnon Chakir rejoint une des premières agences de voyage au Monde lancée par le Saint tutélaire de la ville, Abou M'Hammed Saleh et son service d'hostellerie pour les pèlerins.
Chaque élément possède sa cuisine, son rythme, sa musique à découvrir.

Tourisme de mémoire
A partir de ce socle touristique, un tourisme de mémoire peut se développer autour de certains lieux hautement symboliques pour telle ou telle communauté. Ainsi, il n'y pas que des Marabouts avec des légendes bibliques comme ce saint Daniane ( Daniel) dont la tombe mesure plusieurs mètres pour abriter un corps de Goliath, il y a des Qasbahs avec une profondeur historique impressionnante ( Aïssa Ben Omar et la Saga de l'Aîta par exemple) sans oublier les Saints de la Communauté israélite.

Tourisme rural
Là, nous ne parlerons que de la Région d'Ahmr (" l'Ocre ") qui est fascinante par plusieurs aspects. Durant les longs mois de l'été, la terre offre une impression lunaire. Un western spaghetti ne s'y sentirait pas étranger, une terre où des hommes sont venus tout droit de la lointaine Arabie avec leur Khaïma (tente), même si la maison actuelle est en dur (béton), leur Douar ( ronde) même si la forme est rectiligne et un vocabulaire à faire pâlir les fameux bac + 5 : un Hamri analphabète mais non ignorant dirait à la vue d'un nuage d'été que c'est une " Mezna " mot pur arabica qui signifie " nuage sans risque de pluie ". Nous ne mettrons pas sous boisseau un des fidèles compagnons de l'homme de ces régions semi-arides : une magnifique race de lévrier, le Sloughi, cousin de l'Afghan et du Barzoï russe, célèbre dans les chasses à courre. Le Sloughi ne peut plus chasser la gazelle qui court des jours heureux dans la Réserve d'Ighoud qui lui est consacrée.

Tourisme nautique
Vague de SAFI ( doc L.MIRAMON)
C'est le dernier volet de ce triptyque des potentialités touristique de Safi. En fait, nous ne parlons pas du balnéaire ordinaire style SS (Sun and Sand) mais surtout d'un don de la nature toujours généreuse avec le passage fréquent d'une des 10 meilleures vagues au monde et qui commence à être enfin connue par la communauté des surfeurs et autres adeptes des sports de glisse. Un club vient d'y être aménagé, ce ne sera que bénéfique pour la Région.

Les 3 ensembles
Safi peut, qui mieux est, en puisant dans sa mémoire maritime créer des événements. Et à ce sujet, nous rappellerons la fantastique épopée du Ra, bateau en papyrus construit par le Norvégien Thor Heyerdahl, parti en 1969 de Safi pour atteindre les Amériques afin de prouver qu'avant même Christophe COLOMB, cette traversée transatlantique avait fort bien pu être réalisée. Un livre très documenté de Mme Aïcha AMARA est déjà sur le marché et n'attend plus que d'être exploité dans le bon sens.

Savez-vous que le port de Safi a déjà accueilli en rade le " Queen Mary " ?
Vous en conviendrez, le tableau est magnifique mais il reste à le concrétiser par des actions visant à promouvoir et à encourager l'investissement privé et étatique dans le domaine touristique. Localement, les Autorités font ce qu'elles peuvent. Reste à bien orienter et guider les professionnels ce qui n'est malheureusement pas une mince affaire. Face à cette tache noire, l'Etat semble bouger et découvrir le potentiel de Safi (grâce à un engagement de la société civile locale, cf. la lettre du Collectif de Safi au Ministre du Tourisme). Ainsi, le porteur du maroquin " Tourisme " sera l'hôte de Safi avec une importante délégation : il convient de saisir cette occasion … historique.


De notre correspondant Salah Zentar
en collaboration avec
Saïd Laqabi
(Enseignant universitaire)
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