«Le concert des cloches» est en effet un roman taillé à la mesure de notre société marocaine. Un roman où les vies racontées pourraient si facilement être les nôtres. Un roman où nos vérités, tout comme nos mensonges, nous sont jetés à la figure. Rêves confinés, secrets dévoilés, lourdes confessions, révélations tapageuses … L'écrivain nous emporte, à travers les prises de bec et les dissensions des personnages de son roman, dans un tourbillon d'émotions.
Musicienne douée, Rawda végète devant son piano désaccordé. Bahi, serviteur sans nom, s'abrutit de travail et attend des jours meilleurs. Boughaba, astronome au chômage, cherche au fond d'un verre d'alcool le firmament qu'il a perdu.
Le trio autour duquel s'articule ce deuxième roman de Souad Bahéchar rêve d'une évolution sans compromission et passe pour une bande de cloches. Talent, savoir et énergie se consument dans le vide mais qui s'en soucie. Leurs aînés ? Non, ceux-ci ont troqué leurs ambitions de justice et de liberté contre ce qu'ils pouvaient acquérir d'argent et de pouvoir.
Avec tendresse et ironie, alternant dialogues et monologues ciselés, l'auteur dépeint de l'intérieur ces destins contrariés et souffle sur les protagonistes un vent de révolte : «Rawda était partie en refermant la porte derrière elle. Partie vers une nouvelle destination.
Une autre vie, des lieux où rien ni personne ne pouvait lui rappeler l'étrange destin qui avait fait d'elle un être basculé, ne sachant se tenir droit que quand on le faisait tourner sur lui-même comme une toupie… sans chagrin, sans colère, elle avait marché vers le haut de la rue, les bras ballants, le cœur nu». Poussés au dépassement, Rawda, tout comme ses amis Bahi et Boughaba trouvent un nouvel élan et se changent en héros du quotidien dans lequel de nombreux lecteurs se reconnaîtront.
Face à cette révolte, les langues et les cœurs commencent à se délier. C'est ainsi que le père de Rawda, autre protagoniste de ce roman, entreprend de laisser parler sa conscience et de chasser le spectre de ses mensonges : «Il désira en dire plus et se délivrer de son grand secret». Mais une fois son secret dévoilé, le père culpabilise.
Dans un monologue apitoyant, il s'évertue de justifier sa duplicité : «Parfois, comme en cet instant, le père se sentait écrasé par le poids de son existence, piétiné, broyé, laminé, réduit en bouillie sanguinolente. Image abominable contre laquelle il s'insurgea de toutes ses forces en s'écriant : on demande trop de choses à un homme ! On attend trop de lui ! J'ai fait ce que j'ai pu pour chacun. Ni Bahi ni sa mère ne peuvent me reprocher quelque chose. Je ne les ai abandonnés ni l'un ni l'autre. Au lieu de l'apaiser et de le consoler, ces paroles le précipitèrent dans un plus grand désarroi». Moralité de l'histoire : chacun récolte les fruits de ses actes.
C'est ainsi que le lecteur, transporté de révélation en révélation, se découvrira à la fin du roman savourant la douce victoire du trio de cloches. Souad Bahéchar est née à Casablanca en 1953. Après des études en art et en archéologie à la Sorbonne, elle s'installe à Tanger où elle enseigne l'histoire de l'art, devient conservateur de musée, puis dirige une galerie d'art avant de se consacrer à l'écriture. Son premier roman, «Ni fleurs, ni couronnes», traduit en allemand, a obtenu le prix Grand Atlas en 2002.
Musicienne douée, Rawda végète devant son piano désaccordé. Bahi, serviteur sans nom, s'abrutit de travail et attend des jours meilleurs. Boughaba, astronome au chômage, cherche au fond d'un verre d'alcool le firmament qu'il a perdu.
Le trio autour duquel s'articule ce deuxième roman de Souad Bahéchar rêve d'une évolution sans compromission et passe pour une bande de cloches. Talent, savoir et énergie se consument dans le vide mais qui s'en soucie. Leurs aînés ? Non, ceux-ci ont troqué leurs ambitions de justice et de liberté contre ce qu'ils pouvaient acquérir d'argent et de pouvoir.
Avec tendresse et ironie, alternant dialogues et monologues ciselés, l'auteur dépeint de l'intérieur ces destins contrariés et souffle sur les protagonistes un vent de révolte : «Rawda était partie en refermant la porte derrière elle. Partie vers une nouvelle destination.
Une autre vie, des lieux où rien ni personne ne pouvait lui rappeler l'étrange destin qui avait fait d'elle un être basculé, ne sachant se tenir droit que quand on le faisait tourner sur lui-même comme une toupie… sans chagrin, sans colère, elle avait marché vers le haut de la rue, les bras ballants, le cœur nu». Poussés au dépassement, Rawda, tout comme ses amis Bahi et Boughaba trouvent un nouvel élan et se changent en héros du quotidien dans lequel de nombreux lecteurs se reconnaîtront.
Face à cette révolte, les langues et les cœurs commencent à se délier. C'est ainsi que le père de Rawda, autre protagoniste de ce roman, entreprend de laisser parler sa conscience et de chasser le spectre de ses mensonges : «Il désira en dire plus et se délivrer de son grand secret». Mais une fois son secret dévoilé, le père culpabilise.
Dans un monologue apitoyant, il s'évertue de justifier sa duplicité : «Parfois, comme en cet instant, le père se sentait écrasé par le poids de son existence, piétiné, broyé, laminé, réduit en bouillie sanguinolente. Image abominable contre laquelle il s'insurgea de toutes ses forces en s'écriant : on demande trop de choses à un homme ! On attend trop de lui ! J'ai fait ce que j'ai pu pour chacun. Ni Bahi ni sa mère ne peuvent me reprocher quelque chose. Je ne les ai abandonnés ni l'un ni l'autre. Au lieu de l'apaiser et de le consoler, ces paroles le précipitèrent dans un plus grand désarroi». Moralité de l'histoire : chacun récolte les fruits de ses actes.
C'est ainsi que le lecteur, transporté de révélation en révélation, se découvrira à la fin du roman savourant la douce victoire du trio de cloches. Souad Bahéchar est née à Casablanca en 1953. Après des études en art et en archéologie à la Sorbonne, elle s'installe à Tanger où elle enseigne l'histoire de l'art, devient conservateur de musée, puis dirige une galerie d'art avant de se consacrer à l'écriture. Son premier roman, «Ni fleurs, ni couronnes», traduit en allemand, a obtenu le prix Grand Atlas en 2002.