«Comme dans tous les romans, l'histoire du présent ouvrage est supposée être une fiction» . En bon Saint-Cyrien, le colonel-major Ahmed Hijaouy sait prendre ses précautions. A l'avance et en y mettant les formes. De fait, dans son roman «Le revers de la médaille», il ne fait que raconter, en la romançant, la réalité de la vie quotidienne de ces valeureux soldats qui ont fait don de leur vie pour que le Maroc s'installe dans ses terres, au Sahara, et qu'il y demeure.
Ce faisant, ils ont renoncé à tout ce qui fait le charme de l'existence. Privés de leurs épouses, ils n'auront pas l'heur de voir leurs enfants grandir, ni leur famille vivre dans la quiétude que lui confère la présence du père. «Si leur vie est un enfer, leur vie familiale était ponctuée de drames conjugaux ».
Ce qui est le cas pour le sous-lieutenant Ali Kamouni. A peine sorti de l'Académie militaire, ce fils de bonne famille va être affecté à l'un des régiments motorisés oeuvrant dans nos provinces du Sud et ce en qualité de commandant d'un point d'appui appelé Sakka. S'ensuit alors une poignante description de la frugalité de la vie en ce lieu éloigné de tout sauf de la géhenne et qui aura tôt fait de subir un déluge de feu dont les victimes furent nombreuses.
En filigrane, l'auteur fait défiler des limbes de souvenirs qui témoignent de la simple humanité de tous ces bidasses qui n'ont d'autres occupations quotidiennes que de maintenir leurs armes en fonction et leurs réflexes en éveil. Dixit le sergent Belghali : « Je suis étranger à la maison. Mes enfants me connaissent à peine. Leur conduite me dégoûte à tel point qu'il me tarde de retourner à Sakka. Je leur envoie le maximum d'argent, c'est une façon peut être de me déculpabiliser, de faire oublier ma responsabilité quant à leur mauvaise éducation. Comment peut-on s'occuper de ses enfants lorsqu'on est resté si longtemps loin de la maison ? ».
Question gigogne qui en cache d'autres. Elle est néanmoins sur toutes les langues. Notamment sur celle du caporal Assou : « Avant de venir ici, j'ai cru bon d'installer ma femme et mes deux jeunes enfants chez mes parents Et depuis, rien ne va plus … D'après ma mère, ma femme passerait son temps à tourner autour des célibataires du Douar ». Ce qui ne l'empêchera, ni lui, ni aucun autre, y compris le sous-lieutenant Kamouni de continuer à rêver d'avoir une vie de couple. Seul célibataire du groupe, ce dernier convolera même en justes noces.
Par amour et contre l'avis de sa mère. Mais il va finir par se rendre compte qu'il était déjà marié sans le savoir. Avec qui ? Avec l'armée, pardi ! Bigame, comme il le dira lui-même, il finira donc par délaisser son épouse légitime ; laquelle va succomber à la tentation de la chair. Son sort à lui sera moins enviable. Fauché par un éclat d'obus de mortier, il verra sa vie brisée à jamais : une médaille, une paire de béquilles, une pension pour infirmité, une déclaration d'inaptitude au service et une demande en divorce y mettront le point final.
Comme beaucoup d'autres, il paiera son tribut à notre cause nationale.
« Le revers de la médaille », colonel-major Ahmed Hijaouy, Ed. La Porte, 192 pages.
Ce faisant, ils ont renoncé à tout ce qui fait le charme de l'existence. Privés de leurs épouses, ils n'auront pas l'heur de voir leurs enfants grandir, ni leur famille vivre dans la quiétude que lui confère la présence du père. «Si leur vie est un enfer, leur vie familiale était ponctuée de drames conjugaux ».
Ce qui est le cas pour le sous-lieutenant Ali Kamouni. A peine sorti de l'Académie militaire, ce fils de bonne famille va être affecté à l'un des régiments motorisés oeuvrant dans nos provinces du Sud et ce en qualité de commandant d'un point d'appui appelé Sakka. S'ensuit alors une poignante description de la frugalité de la vie en ce lieu éloigné de tout sauf de la géhenne et qui aura tôt fait de subir un déluge de feu dont les victimes furent nombreuses.
En filigrane, l'auteur fait défiler des limbes de souvenirs qui témoignent de la simple humanité de tous ces bidasses qui n'ont d'autres occupations quotidiennes que de maintenir leurs armes en fonction et leurs réflexes en éveil. Dixit le sergent Belghali : « Je suis étranger à la maison. Mes enfants me connaissent à peine. Leur conduite me dégoûte à tel point qu'il me tarde de retourner à Sakka. Je leur envoie le maximum d'argent, c'est une façon peut être de me déculpabiliser, de faire oublier ma responsabilité quant à leur mauvaise éducation. Comment peut-on s'occuper de ses enfants lorsqu'on est resté si longtemps loin de la maison ? ».
Question gigogne qui en cache d'autres. Elle est néanmoins sur toutes les langues. Notamment sur celle du caporal Assou : « Avant de venir ici, j'ai cru bon d'installer ma femme et mes deux jeunes enfants chez mes parents Et depuis, rien ne va plus … D'après ma mère, ma femme passerait son temps à tourner autour des célibataires du Douar ». Ce qui ne l'empêchera, ni lui, ni aucun autre, y compris le sous-lieutenant Kamouni de continuer à rêver d'avoir une vie de couple. Seul célibataire du groupe, ce dernier convolera même en justes noces.
Par amour et contre l'avis de sa mère. Mais il va finir par se rendre compte qu'il était déjà marié sans le savoir. Avec qui ? Avec l'armée, pardi ! Bigame, comme il le dira lui-même, il finira donc par délaisser son épouse légitime ; laquelle va succomber à la tentation de la chair. Son sort à lui sera moins enviable. Fauché par un éclat d'obus de mortier, il verra sa vie brisée à jamais : une médaille, une paire de béquilles, une pension pour infirmité, une déclaration d'inaptitude au service et une demande en divorce y mettront le point final.
Comme beaucoup d'autres, il paiera son tribut à notre cause nationale.
« Le revers de la médaille », colonel-major Ahmed Hijaouy, Ed. La Porte, 192 pages.
