Un total de 34,6 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour répondre à la question: "Approuvez-vous le Traité instituant une Constitution pour l'Europe ?". Alors que l'issue du référendum s'annonce incertaine au Royaume Uni ou en France, qui ont également choisi cette formule, elle est donnée largement positive en Espagne où le sentiment pro-européen est inébranlable depuis l'adhesion à l'UE en 1986. Selon le dernier sondage en date, publié samedi par le quotidien Expansion, entre 77 et 81% des Espagnols voteront "oui" à la Constitution européenne.
Mais le vote devrait être marqué par un taux d'abstention record, entre 55% et 60%, soit le plus élevé de l'histoire de la jeune démocratie espagnole. L'abstention doit être interprétée, paradoxalement, comme un reflet du "fort consensus social sur la construction européenne", mais également au vu du "caractère complexe" du traité et d'un "manque d'information", selon l'enquête.
Le gouvernement espagnol, qui estime qu'un taux de 40% de participation serait satisfaisant, a pourtant mené une vaste campagne d'information, distribuant gratuitement 6 millions d'exemplaires de la Constitution.
L'idée de convoquer un référendum aussi tôt revient au chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui a voulu manifester ainsi "le retour de l'Espagne au coeur de l'Europe", après le tournant altantiste de son précédesseur José Maria Aznar. "Ce sera une contribution digne à un processus de construction européenne auquel nous devons tant, duquel nous avons tant obtenu et auquel nous avons tant contribué", avait affirmé M. Zapatero devant les députés le 11 janvier dernier lors de la convocation du référendum.
L'Espagne a vécu une modernisation accélérée depuis son entrée dans l'UE, notamment grâce aux fonds européens qui ont apporté 105 milliards d'euros net à l'économie espagnole. Si le "oui" l'emporte, le parlement espagnol devra ratifier la Constitution par une loi organique, mais dans le cas contraire, bien que le référendum ne soit pas contraignant, l'Espagne ne la ratifiera pas, a déjà indiqué M. Zapatero. Les deux grands partis espagnols ont appelé à voter "oui", le Psoe (socialiste, au pouvoir) et le Parti Populaire (PP, droite, opposition), qui s'est rallié au texte en mars dernier malgré l'opposition de son ancien leader, José Maria Aznar.
Les partis nationalistes modérés, basque (PNV) et catalan (CiU), se sont également prononcés pour le "oui". En revanche, la coalition écolo-communiste Izquierda Unida (IU), alliée d'appoint du Psoe au parlement comme les indépendantistes républicains catalans (ERC), mais aussi les radicaux indépendantistes basques du parti interdit Batasuna, ainsi que les nationalistes galiciens (BNG), ont appellé à voter "non". Les indépendantistes considèrent que le projet de Constitution fait la part belle aux Etats, et néglige "les peuples" de l'UE, tandis que les communistes s'opposent à une Europe "anti-sociale, militariste, peu démocratique et néo-libérale".
Les deux principaux syndicats espagnols, UGT (proche des socialistes) et CCOO (commissions ouvrières, proche des communistes) se sont prononcées pour le "oui", estimant que la Constitution renforcera les droits professionnels et sociaux des Européens.
Jusqu'à présent, la Hongrie, la Lettonie et la Slovénie ont ratifié la Constitution par voie parlementaire. Comblés par une Union européenne qui incarnait pour eux modernité, démocratie et prospérité, les Espagnols ont désormais inscrit dans son paysage leurs industriels, politiciens et artistes et voteront "oui" à sa Constitution pour donner l'exemple, prédisent les analystes.
"Aujourd'hui, nous sommes les plus beaux, les plus forts, les plus blonds!", exultait le 29 mars 1985 le présentateur de la radio nationale espagnole: la Communauté européenne venait d'accepter la candidature de l'Espagne, sortie depuis dix ans seulement de 36 années de dictature franquiste. Vingt ans plus tard, l'euro-enthousiasme des Espagnols ne s'est jamais démenti dans les urnes. L'Espagne a su profiter à plein des aides communautaires pour développer ses infrastructures et son économie. Surtout, elle a racheté sa longue absence du paysage européen en y imprimant ses modèles, notamment industriels: d'Inditex (Zara), qui habille les femmes d'un bout à l'autre du continent, à Santander Central Hispano, qui a conquis la place de première banque de la zone euro.
De Josep Borell, président du parlement européen, à Javier Solana, chef de la diplomatie européenne, l'Espagne politique s'exprime désormais depuis le coeur de l'Europe, où s'épanouissent ses cuisiniers, emmenés par Ferran Adria, et ses cinéastes, avec un Alejandro Amenabar qui a repris le flambeau d'Almodovar. Le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a dit son espoir d'un vote exemplaire le 20 février qui placerait l'Espagne "dans la locomotive du projet européen". En rappelant à chaque meeting que "sur 10 km d'autoroute construits en Espagne, quatre ont été financés par l'UE", "c'est l'Europe que vend Zapatero, pas la Constitution", observe Javier Noya, sociologue et responsable des études sur l'image extérieure de l'Espagne au Real Instituto Elcano de Ma Pour M. Moya, "Zapatero a surtout convoqué ce référendum pour des raisons extérieures, pour aider Chirac et Schroeder en montrant que certains pays allaient voter clairement oui, que l'Espagne serait le grand exemple". M. Zapatero a affirmé à plusieurs reprises souhaiter une Espagne "au coeur de la construction européenne, proche des grands moteurs de l'Union, la France et l'Allemagne". L'historien Javier Tussel, interrogé par l'AFP quelques jours avant sa mort, le 8 février, abondait: "Sous Franco, pour l'opposition, l'Europe représentait la démocratie et pour la société dans son ensemble, la modernité tout proche". "L'union de l'opposition contre Franco a débuté en 1962 à Munich, lors d'une réunion européiste d'opposants en exil et de l'intérieur", rappelait-il. L'engouement européen des Espagnols, "très identitaire" à gauche, "plus lié aux bienfaits matériels de l'UE" à droite, promet une victoire confortable du "oui", estime Javier Moya. "C'est une sorte d'acte de foi. Nous ne connaissons pas le texte mais nous sommes convaincus que l'Europe est bonne, que sa Constitution ne peut être mauvaise et qu'elle reflète les grandes valeurs de l'UE", estime le sociologue. Tous les sondages confortent cette opinion.
Mais le vote devrait être marqué par un taux d'abstention record, entre 55% et 60%, soit le plus élevé de l'histoire de la jeune démocratie espagnole. L'abstention doit être interprétée, paradoxalement, comme un reflet du "fort consensus social sur la construction européenne", mais également au vu du "caractère complexe" du traité et d'un "manque d'information", selon l'enquête.
Le gouvernement espagnol, qui estime qu'un taux de 40% de participation serait satisfaisant, a pourtant mené une vaste campagne d'information, distribuant gratuitement 6 millions d'exemplaires de la Constitution.
L'idée de convoquer un référendum aussi tôt revient au chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui a voulu manifester ainsi "le retour de l'Espagne au coeur de l'Europe", après le tournant altantiste de son précédesseur José Maria Aznar. "Ce sera une contribution digne à un processus de construction européenne auquel nous devons tant, duquel nous avons tant obtenu et auquel nous avons tant contribué", avait affirmé M. Zapatero devant les députés le 11 janvier dernier lors de la convocation du référendum.
L'Espagne a vécu une modernisation accélérée depuis son entrée dans l'UE, notamment grâce aux fonds européens qui ont apporté 105 milliards d'euros net à l'économie espagnole. Si le "oui" l'emporte, le parlement espagnol devra ratifier la Constitution par une loi organique, mais dans le cas contraire, bien que le référendum ne soit pas contraignant, l'Espagne ne la ratifiera pas, a déjà indiqué M. Zapatero. Les deux grands partis espagnols ont appelé à voter "oui", le Psoe (socialiste, au pouvoir) et le Parti Populaire (PP, droite, opposition), qui s'est rallié au texte en mars dernier malgré l'opposition de son ancien leader, José Maria Aznar.
Les partis nationalistes modérés, basque (PNV) et catalan (CiU), se sont également prononcés pour le "oui". En revanche, la coalition écolo-communiste Izquierda Unida (IU), alliée d'appoint du Psoe au parlement comme les indépendantistes républicains catalans (ERC), mais aussi les radicaux indépendantistes basques du parti interdit Batasuna, ainsi que les nationalistes galiciens (BNG), ont appellé à voter "non". Les indépendantistes considèrent que le projet de Constitution fait la part belle aux Etats, et néglige "les peuples" de l'UE, tandis que les communistes s'opposent à une Europe "anti-sociale, militariste, peu démocratique et néo-libérale".
Les deux principaux syndicats espagnols, UGT (proche des socialistes) et CCOO (commissions ouvrières, proche des communistes) se sont prononcées pour le "oui", estimant que la Constitution renforcera les droits professionnels et sociaux des Européens.
Jusqu'à présent, la Hongrie, la Lettonie et la Slovénie ont ratifié la Constitution par voie parlementaire. Comblés par une Union européenne qui incarnait pour eux modernité, démocratie et prospérité, les Espagnols ont désormais inscrit dans son paysage leurs industriels, politiciens et artistes et voteront "oui" à sa Constitution pour donner l'exemple, prédisent les analystes.
"Aujourd'hui, nous sommes les plus beaux, les plus forts, les plus blonds!", exultait le 29 mars 1985 le présentateur de la radio nationale espagnole: la Communauté européenne venait d'accepter la candidature de l'Espagne, sortie depuis dix ans seulement de 36 années de dictature franquiste. Vingt ans plus tard, l'euro-enthousiasme des Espagnols ne s'est jamais démenti dans les urnes. L'Espagne a su profiter à plein des aides communautaires pour développer ses infrastructures et son économie. Surtout, elle a racheté sa longue absence du paysage européen en y imprimant ses modèles, notamment industriels: d'Inditex (Zara), qui habille les femmes d'un bout à l'autre du continent, à Santander Central Hispano, qui a conquis la place de première banque de la zone euro.
De Josep Borell, président du parlement européen, à Javier Solana, chef de la diplomatie européenne, l'Espagne politique s'exprime désormais depuis le coeur de l'Europe, où s'épanouissent ses cuisiniers, emmenés par Ferran Adria, et ses cinéastes, avec un Alejandro Amenabar qui a repris le flambeau d'Almodovar. Le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a dit son espoir d'un vote exemplaire le 20 février qui placerait l'Espagne "dans la locomotive du projet européen". En rappelant à chaque meeting que "sur 10 km d'autoroute construits en Espagne, quatre ont été financés par l'UE", "c'est l'Europe que vend Zapatero, pas la Constitution", observe Javier Noya, sociologue et responsable des études sur l'image extérieure de l'Espagne au Real Instituto Elcano de Ma Pour M. Moya, "Zapatero a surtout convoqué ce référendum pour des raisons extérieures, pour aider Chirac et Schroeder en montrant que certains pays allaient voter clairement oui, que l'Espagne serait le grand exemple". M. Zapatero a affirmé à plusieurs reprises souhaiter une Espagne "au coeur de la construction européenne, proche des grands moteurs de l'Union, la France et l'Allemagne". L'historien Javier Tussel, interrogé par l'AFP quelques jours avant sa mort, le 8 février, abondait: "Sous Franco, pour l'opposition, l'Europe représentait la démocratie et pour la société dans son ensemble, la modernité tout proche". "L'union de l'opposition contre Franco a débuté en 1962 à Munich, lors d'une réunion européiste d'opposants en exil et de l'intérieur", rappelait-il. L'engouement européen des Espagnols, "très identitaire" à gauche, "plus lié aux bienfaits matériels de l'UE" à droite, promet une victoire confortable du "oui", estime Javier Moya. "C'est une sorte d'acte de foi. Nous ne connaissons pas le texte mais nous sommes convaincus que l'Europe est bonne, que sa Constitution ne peut être mauvaise et qu'elle reflète les grandes valeurs de l'UE", estime le sociologue. Tous les sondages confortent cette opinion.
