Combien peut coûter un " cerveau " marocain à l'étranger ? " Trente fois plus cher que le SMIG au Maroc ", crie un ingénieur au chômage depuis des années. Alors que l'on parle de plus en plus de valorisation des ressources humaines et d'encadrement des entreprises, l'émigration de cerveaux commence à inquiéter sérieusement les dirigeants.
Ceci d'autant plus que les sit-in quasi-quotidiens des diplômés chômeurs devant le Parlement n'émeuvent plus personne. Sauf, en certaines occasions. La récente intervention de Habib Malki, ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique en fait partie.
" La diminution des opportunités de travail et l'absence d'un climat favorable d'emploi incitent à la fuite des compétences et des cerveaux malgré les efforts déployés par l'Etat pour leur formation ", a-t-il souligné sous la Coupole. " Ce problème, a-t-il ajouté, touche à des degrés différents tous les pays du monde, dont ceux de l'Europe ; étant entendu que ces derniers demeurent de grands récipiendaires des compétences africaines, dans tous les domaines. Le ministre a sans doute sous-entendu que le phénomène est purement continental et que la fuite des cerveaux est l'un des maux endémiques du continent noir.
" L'Afrique se vide dangereusement de ses matières premières et de son énergie, par la fuite des capitaux et des cerveaux ", explique, à ce propos, une étude internationale réalisée par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le préjudice subi profite à l'Occident qui récupère les bénéfices de longues années de formation.
A l'instar des autres pays africains, le Maroc se vide de sa matière grise et de ses compétences : chercheurs, informaticiens, médecins, personnels hautement qualifiés... L'une des causes est à chercher au niveau de la qualité des offres d'emploi qui reste chétive par rapport à celle des pays développés.
D'autres facteurs aggravant s'y mêlent dans les autres pays du Continent noir; notamment " les crises économiques, le taux de chômage élevé, les violations des droits de l'Homme et le manque de services sociaux adaptés, tels que la santé et l'éducation ". Des données confirmées par les statistiques onusiennes qui indiquent qu'" entre 1960 et 1975, 27000 Africains ont quitté le continent pour les pays industrialisés ". Selon la même source, " De 1975 à 1984, ce chiffre a atteint 40000 ". De nos jours, on estime que depuis 1990, chaque année 20000 personnes au moins quittent le continent.
Les spécialistes estiment que ce mouvement, presque à sens unique, induit " une grande perte de main d'œuvre qualifiée ". Un phénomène qui risque de s'aggraver puisque, de l'autre côté de la Mer Méditerranée, " les pays industrialisés n'ont de plus en plus besoin que de deux catégories d'immigrés : ceux qui sont prêts à accepter des emplois mal payés, durs et dangereux, dédaignés par leurs propres ressortissants, et des professionnels hautement qualifiés, tels les experts en logiciels, les ingénieurs, les médecins, etc.".
Comment stopper cette hémorragie qui, en dépit de tous les efforts, reste bénéfique pour les " chasseurs de têtes " ? A ce propos, Habib El Malki a souligné l'intérêt particulier qu'accorde son département à l'investissement dans la recherche et les technologies faisant appel aux compétences supérieures à travers l'octroi d'aides financières pour la réalisation de projets dont les sept projets d'incubateurs destinés à assister les lauréats des instituts, des facultés et des écoles à réaliser leurs projets. " Le ministère, a-t-il ajouté, se penche également sur l'élaboration d'une stratégie nationale pour la mobilisation des compétences marocaines pour contribuer au développement scientifique et économique du Maroc, et ce en partenariat avec les secteurs concernés, l'Association recherche et développement et avec le concours du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ".
Dans ce sens, M. El Malki a rappelé que son département a invité plusieurs compétences marocaines, notamment de Suède, pour participer à un congrès sur la neurologie et le handicap à Rabat, en plus de la participation d'autres compétences marocaines de France à la réalisation d'un laboratoire international commun dans le domaine de la chimie.
Le ministre a également cité l'organisation, en collaboration avec les lauréats du programme américain Fulbright, d'un colloque visant à sensibiliser les compétences formées aux Etats-Unis et à les mobiliser dans l'objectif de contribuer au développement de leur pays.
Aux yeux de certains, ces efforts demeurent néanmoins insuffisants face aux grandes campagnes de recrutement lancées à l'étranger par les pays industrialisés. " Nombre de Marocains sont très désireux de rentrer chez eux et de participer au développement de leur pays, mais leurs aspirations sont sérieusement compromises par des responsables négligents dont les priorités ...
ignorent le bien-être social ", déclare Mohammed Moufdi, informaticien marocain résidant au Canada. Son épouse Saida Znaibari, physicienne, indique, pour sa part, que " tant que les facteurs conduisant à l'émigration persisteront, il serait catastrophique de penser résoudre le problème par un retour immédiat des compétences expatriées dans leurs pays d'origine. L'émigration des cerveaux vers le monde industrialisé n'est que la résultante du déséquilibre social dans le monde.
L'Afrique, aujourd'hui, est le seul continent dont toutes les richesses sont exploitées de par les pays industrialisés. Le Maroc fait partie de ces pays africains qui perdent, annuellement, des dizaines de cerveaux. Et ce, pour la simple raison qu'ils ne sont ni encouragés ni motivés pour rester au pays. "Nous avons, nous aussi, droit à une vie digne et respectable. C'est ce que nous cherchons ailleurs", conclut Mme Znaibari. Dans l'attente, l'hémorragie continue.
Ceci d'autant plus que les sit-in quasi-quotidiens des diplômés chômeurs devant le Parlement n'émeuvent plus personne. Sauf, en certaines occasions. La récente intervention de Habib Malki, ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique en fait partie.
" La diminution des opportunités de travail et l'absence d'un climat favorable d'emploi incitent à la fuite des compétences et des cerveaux malgré les efforts déployés par l'Etat pour leur formation ", a-t-il souligné sous la Coupole. " Ce problème, a-t-il ajouté, touche à des degrés différents tous les pays du monde, dont ceux de l'Europe ; étant entendu que ces derniers demeurent de grands récipiendaires des compétences africaines, dans tous les domaines. Le ministre a sans doute sous-entendu que le phénomène est purement continental et que la fuite des cerveaux est l'un des maux endémiques du continent noir.
" L'Afrique se vide dangereusement de ses matières premières et de son énergie, par la fuite des capitaux et des cerveaux ", explique, à ce propos, une étude internationale réalisée par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le préjudice subi profite à l'Occident qui récupère les bénéfices de longues années de formation.
A l'instar des autres pays africains, le Maroc se vide de sa matière grise et de ses compétences : chercheurs, informaticiens, médecins, personnels hautement qualifiés... L'une des causes est à chercher au niveau de la qualité des offres d'emploi qui reste chétive par rapport à celle des pays développés.
D'autres facteurs aggravant s'y mêlent dans les autres pays du Continent noir; notamment " les crises économiques, le taux de chômage élevé, les violations des droits de l'Homme et le manque de services sociaux adaptés, tels que la santé et l'éducation ". Des données confirmées par les statistiques onusiennes qui indiquent qu'" entre 1960 et 1975, 27000 Africains ont quitté le continent pour les pays industrialisés ". Selon la même source, " De 1975 à 1984, ce chiffre a atteint 40000 ". De nos jours, on estime que depuis 1990, chaque année 20000 personnes au moins quittent le continent.
Les spécialistes estiment que ce mouvement, presque à sens unique, induit " une grande perte de main d'œuvre qualifiée ". Un phénomène qui risque de s'aggraver puisque, de l'autre côté de la Mer Méditerranée, " les pays industrialisés n'ont de plus en plus besoin que de deux catégories d'immigrés : ceux qui sont prêts à accepter des emplois mal payés, durs et dangereux, dédaignés par leurs propres ressortissants, et des professionnels hautement qualifiés, tels les experts en logiciels, les ingénieurs, les médecins, etc.".
Comment stopper cette hémorragie qui, en dépit de tous les efforts, reste bénéfique pour les " chasseurs de têtes " ? A ce propos, Habib El Malki a souligné l'intérêt particulier qu'accorde son département à l'investissement dans la recherche et les technologies faisant appel aux compétences supérieures à travers l'octroi d'aides financières pour la réalisation de projets dont les sept projets d'incubateurs destinés à assister les lauréats des instituts, des facultés et des écoles à réaliser leurs projets. " Le ministère, a-t-il ajouté, se penche également sur l'élaboration d'une stratégie nationale pour la mobilisation des compétences marocaines pour contribuer au développement scientifique et économique du Maroc, et ce en partenariat avec les secteurs concernés, l'Association recherche et développement et avec le concours du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ".
Dans ce sens, M. El Malki a rappelé que son département a invité plusieurs compétences marocaines, notamment de Suède, pour participer à un congrès sur la neurologie et le handicap à Rabat, en plus de la participation d'autres compétences marocaines de France à la réalisation d'un laboratoire international commun dans le domaine de la chimie.
Le ministre a également cité l'organisation, en collaboration avec les lauréats du programme américain Fulbright, d'un colloque visant à sensibiliser les compétences formées aux Etats-Unis et à les mobiliser dans l'objectif de contribuer au développement de leur pays.
Aux yeux de certains, ces efforts demeurent néanmoins insuffisants face aux grandes campagnes de recrutement lancées à l'étranger par les pays industrialisés. " Nombre de Marocains sont très désireux de rentrer chez eux et de participer au développement de leur pays, mais leurs aspirations sont sérieusement compromises par des responsables négligents dont les priorités ...
ignorent le bien-être social ", déclare Mohammed Moufdi, informaticien marocain résidant au Canada. Son épouse Saida Znaibari, physicienne, indique, pour sa part, que " tant que les facteurs conduisant à l'émigration persisteront, il serait catastrophique de penser résoudre le problème par un retour immédiat des compétences expatriées dans leurs pays d'origine. L'émigration des cerveaux vers le monde industrialisé n'est que la résultante du déséquilibre social dans le monde.
L'Afrique, aujourd'hui, est le seul continent dont toutes les richesses sont exploitées de par les pays industrialisés. Le Maroc fait partie de ces pays africains qui perdent, annuellement, des dizaines de cerveaux. Et ce, pour la simple raison qu'ils ne sont ni encouragés ni motivés pour rester au pays. "Nous avons, nous aussi, droit à une vie digne et respectable. C'est ce que nous cherchons ailleurs", conclut Mme Znaibari. Dans l'attente, l'hémorragie continue.
