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Les résultats des élections en Irak se précisent : Nécessaires «rééquilibrages»

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Les Irakiens auront attendu quinze jours pour connaître les résultats officiels et (presque) définitifs des élections du 30 janvier dernier. Résultats dont, au demeurant, tout le monde devinait la tendance générale surtout après l'appel des principaux leaders sunnites au boycott d'une consultation qu'ils savaient ne pas devoir avantager leur communauté, arithmétiquement moins nombreuse que les chiites, mais aussi en raison du contexte exceptionnel et des circonstances très particulières dans lesquels elle devait se dérouler : occupation du pays par des forces étrangères, un climat social très tendu, une économie anémiée, une situation sécuritaire plus que précaire et un manque total de visibilité à court et moyen termes.

Il n'empêche que le scrutin a pu tout de même avoir lieu à la date prévue et voulue par la principale puissance occupante parce que telle était la volonté de son président qui tenait plus que toute autre chose à ce que son second mandat ne démarre pas sur une fausse note ou un demi-échec. Le non-respect du calendrier électoral, en l'occurrence-indépendamment de toute autre considération. Mais les faits sont là. Têtus et sournois et il faut bien faire avec.

L'Irak est donc désormais doté d'une Assemblée. Provisoire (ou transitoire), nous assure-t-on, mais elle ne l'est qu'en apparence seulement puisque ce qu'elle devra faire ensuite est, lui, appelé à durer plus ou moins longtemps et marquera profondément l'évolution future du pays et, d'une certaine manière, de toute la région. La future Assemblée nationale sera composée de 275 sièges, dont presque la moitié -soit 48,1 % des suffrages exprimés, représentant 140 élus-ira à la liste chiite de l'Alliance unifiée irakienne, suivie par celle des partis kurdes (25,7 % des voix et 75 sièges puis de la liste du Premier ministre sortant (sunnite mais laïc ) Iyad Allaoui (13,8 % - 40 sièges), les 20 mandats restants devant être répartis entre les différentes autres listes – formations ayant pris part à cette consultation. Les grands perdants dans cette expérience inédite depuis plus d'un demi-siècle sont, par conséquent, les sunnites mais l'on ne devrait pas pour autant parler de «revers»-comme certains confrères l'avancent -puisqu'ils ont choisi délibérément de rester à l'écart d'un processus dont pratiquement tous les analystes et observateurs de la scène irakienne s'accordent, depuis le début, à souligner les travers et insuffisances.

Les premières réactions, officielles ou officieuses, en Irak même et dans certains pays voisins sont généralement empreintes de satisfaction prudente et d'appréhension quant aux surprises-pas toujours agréables-qu'une telle expérience peut réserver dans un avenir prévisible. Ainsi, par exemple, du petit Koweït voisin dont le Premier ministre, Sabah Al Ahmed Al Sabah a peiné à cacher ses craintes et qui a formulé, hier, l'espoir que l'Irak «retrouverait son unité et que toutes les potentialités de son peuple seraient orientées vers les efforts de reconstruction et de stabilisation» du pays.

Ou de la «Grande» Turquie qui voit-selon un communiqué de son ministère des Affaires étrangères-dans «la faible participation de certains groupes aux élections, le fait que dans certaines provinces il n'y avait presque pas eu de vote et que des manifestations dans certaines régions, notamment à Kirkouk, ont conduit à des résultats déséquilibrés (…) des problèmes qui doivent être examinés sérieusement» et qu'»il est absolument essentiel pour la sécurité du processus politique en Irak de compenser la représentation injuste de l'administration du pays».

Les craintes d'Ankara n'ont, certes, absolument rien à voir avec le degré et la qualité de la représentation de telle ou telle communauté et sont essentiellement motivées par la peur de voir installer à son flanc-sud un Etat kurde autonome qui donnerait des idées à l'importante minorité kurde en Turquie même.
Accessoirement, celle-ci appréhende aussi le contrôle par une telle entité autonome des réserves pétrolières considérables que recèle la ville de Kirkouk, chef-lieu de la région et bastion de la communauté kurde irakienne.

Mais cela ne doit pas occulter pour autant les nécessaires ajustements et incontournables «rééquilibrages» préconisés par Ankara car il est impensable de construire ou plutôt de reconstruire un Irak viable, réellement, démocratique et souverain sur des fondations aussi biaisées. Il faudra donc impérativement trouver le moyen-voire des compromis - de persuader les sunnites-et l'ensemble des Irakiens de s'associer à l'élaboration de la future constitution et de leur offrir les garanties nécessaires d'une juste représentativité à la mesure de leur poids démographique, économique, politique, religieux, etc.

Une solution à ce dilemme consisterait à doter le pays d'une loi fondamentale «à la libanaise» qui favoriserait le partage des pouvoirs-présidence de la République, primature et présidence du Parlement-entre les principales communautés ethnico-religieuses.

Ce, même si la guerre civile au Liban à partir du milieu des années 70 du siècle dernier, a montré les limites d'une telle expérience ou si la nouvelle de l'assassinat de Rafiq Hariri, au moment même où nous traçons ces lignes peuvent laisser sceptiques plus d'un observateur. Ce serait, néanmoins, un pis-aller dont le principal mérite est de ne pas laisser presque la moitié de la population irakienne sur le bord de la route.
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