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Manuel Falla : l'amour de la musique espagnole

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Falla a libéré l'Espagne des petites dimensions régionalistes. Il l'a incorporée à la musique universelle. Dans ce combat l'ont accompagné des personnalités de l'envergure de Pedrell, Albéniz et beaucoup d'autres. Il est vrai que les goûts musicaux changent. Toutefois, une personnalité comme celle de Falla ouvre toujours des perspectives.

Emilio García Gómez, arabisant et auteur d'Éloge de l'Islam espagnol, dit en se référant à Falla que "dans chaque pays apparaissent miraculeusement, de temps à autre, des êtres d'exception que la race choisit comme interprètes de sa conscience obscure." Peu de créateurs espagnols ont pu omettre de leurs portées le legs de Falla. Même Pablo Picasso se soumis à sa sensibilité éclectique et a collaboré avec lui dans l'écriture de Sombrero de tres picos.

Ses premiers pas musicaux il les a faits dans son Cadix natal. Ce fût là où il a commencé à se forger une sensibilité syncrétique. Il fusionnait des rythmes et des voix telluriques et la musique de Hayden, Mozart et de Beethoven.

À Madrid il perfectionne le piano avec Trago, disciple de Georges Matías et Chopin et essaye de s'ouvrir un chemin dans une capitale qui ne reconnaît que les musiciens de la Zarzuela. Il essaye cela avec les Amours d'Inès. Naquit ainsi le compositeur de l'Andalousie musicale et dramatique, de l'Espagne du Cante jonde.

Un critique du Courrier Musical parisien la définit comme drame vériste et parle des difficultés des compositeurs Espagnols de faire une musique universelle dans un pays où régnait le localisme. À Paris, il dispose du soutien de Claude Debussy, Paul Dukas, Cause Koechlin, Maurice Ravel et Isaac Albéniz, l'introducteur des Espagnols dans les circuits parisiennes. Il compose là-bas Sept Chansons, Mélodies sur Gautier, Pièces espagnoles, et les Nuits dans les jardins d'Espagne, qui donne à connaître à son retour en Espagne à l'explosion de la première guerre mondiale.

En Espagne il compose l'Amour Sorcier. Selon la Argentina, elle s´agit d´un chef-d'oeuvre chargé des beautés d'une race et de ses secrets les plus subtils. Il s'enfuit à Grenade parce que son éthique ne supporte pas l'esthétique des coups bas et les luttes de la capitale. Le poète Juan Ramón Jiménez affirme que Falla est allé à Grenade à la recherche de silence et du temps.

La ville de l'Alhambra lui a donné harmonie et éternité. Il les décrit ainsi : De nuit, montent les rumeurs de Grenade : cris d'enfants, cloches, bêlements comme des étoiles menues, un cornet à piston, couplets, lamentations ondulées ; et les lumières de la vallée qui vont et viennent.

La solitude est absolue dans l'Antequeruela, où s´exalte ce balcon vert, cette persienne verte, ce réverbère vert. Dans l'angle de la rue, un rat mort. Le coin secret de la tentation dramatique prend heure et sens.

En se dissimulant, dans l'ombre de la lune, il hante le sommeil du musicien, souriant et heureux après la prière; il hante le fantôme rythmique avec des soupirs tentants de l'occulte et cuivreuse chanson gitane".

Grenade se transforme en coin cordial de la musique européenne. Par là passent des compositeurs comme Maurice Ravel, Darius Milhaud, Wanda Landowska, Igor Strawinski , Roland Manuel, John Trend ou Jean Aubry, entre autres. Non seulement il influence des musiciens, mais sa conception noble touche des poètes comme García Lorca, Gerardo Diego et Alberti, véritables meneurs de l´avant-garde poétique espagnole du XX siècle.

Bien que ses premières compositions aient été andalouses, Falla a toujours considéré sa musique comme Espagnole.
Il considérait que le fait de créer de la musique andalouse, aragonaise, asturienne ou du Levante, c'était composer de la musique espagnole, de la même manière qu'écrire pour Menéndez Pelayo, en castillan, en catalan ou en galicien c'était écrire en Espagnol.

Quand explosèrent les hostilités il se déclara ennemi de la guerre même et écrit: "Je ne contribuerai pas avec mon verbe ou avec ma plume à ce qu'on verse une goutte de plus du sang espagnol"

Larbi el Harti (critique)
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