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Plaidoyer pour la joie de vivre : Le bonheur, ça se cultive

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Le bonheur existe-t-il ? Si oui, à quoi consiste le bonheur ? Peut-on être heureux et comment ? Qui n'a pas eu au moins une fois durant sa vie de collégien, à répondre à de telles interrogations ? Matthieu Ricard lui, en fait un livre sous le titre "Plaidoyer pour le bonheur". Un véritable traité s'inspirant aussi bien de la sagesse bouddhiste aussi bien que de la philosophie occidentale.

Matthieu Ricard ? Moine bouddhiste d'origine française et l'un des spécialistes les plus connus de cette religion dans le monde. Chercheur en génétique cellulaire, il vit dans l'Himalaya depuis plus de 30 ans auprès des grands maîtres spirituels. Interprète du Dalaï-lama, photographe, traducteur et éditeur de textes sacrés, il réside dans le monastère de Shéchèn au Népal, où il se consacre à la vie monastique, à la préservation de la culture tibétaine et au Tibet.

Nous vivons dans un monde de plus en plus sophistiqué, de plus en plus impitoyable où nous sommes engagés souvent contre notre propre volonté, dans une compétition frénétique qui ne dit pas son nom, pour accéder à une parcelle de pouvoir, pour accumuler le plus de signes extérieurs possible de réussite sociale, pour être en vue, avoir un compte en banque toujours bien garni. Nous jubilons à l'idée de faire partie de l'humanité qui compte dans nos sociétés de consommation, et cependant nous nous pouvons prétendre ne pas connaître le sentiment de mal-être qui nous assaille à chaque instant, empoisonne nos vies au point de nous rendre malheureux. Nous souffrons du stress, nous connaissons l'angoisse des aléas de la vie, la peur de la maladie, de la vieillesse et de la mort, la convoitise, la colère et le reste, semblable en cela au plus miséreux d'entre nous qui peine à faire face à l'adversité du quotidien.

Le bonheur ne serait-ce donc qu'une illusion, un mirage dans un désert de souffrance, une utopie inaccessible, une chimère dont il faille faire notre deuil ?
Non, nous dit Matthieu Ricard, le bonheur est une réalité accessible. Il est, comme dit Aristote "le seul but que nous choisissions toujours pour lui-même et jamais pour une autre fin ", c'est le but de tous les buts que nous ambitionnons dans notre vie. Nous attendons des actions quotidiennes que nous entreprenons, comme des grands choix que nous faisons dans la vie qu'ils nous procurent du bien-être et du bonheur.

Qu'est-ce donc le bonheur ? Il faut faire la distinction entre la quête du bonheur et la recherche du plaisir : " L'erreur la plus courante consiste à confondre plaisir et bonheur. " Le plaisir, dit le proverbe hindou, n'est que l'ombre du bonheur. " Il est directement causé par des stimuli agréables d'ordre sensoriel, esthétique ou intellectuel. L'expérience évanescente du plaisir dépend des circonstances, des lieux ainsi que des moments privilégiés. (…) Le plaisir s'épuise à mesure qu'on en jouit, comme une chandelle qui se consume. Il est presque toujours lié à une action et entraîne naturellement la lassitude, par le simple fait de sa répétition ".
Le bonheur est autre chose. Le bouddhisme utilise un terme spécifique pour désigner l'état de bien-être : la Soukha .

Ce n'est pas un simple sentiment telle la joie ou la gaieté, "c'est un état de bien-être qui naît d'un esprit exceptionnellement saint et serein. C'est une qualité qui sous-tend et imprègne chaque expérience, chaque comportement ; qui embrasse toutes les joies et toutes les peines. Un bonheur si profond que " rien ne saurait l'altérer, comme ces grands eaux calmes, au-dessus des tempêtes".

La quête du bonheur ainsi défini, nous apprend l'auteur, est une entreprise qui se déroule à l'intérieur de nous-même et non à l'extérieur. Il se cultive comme on cultive son intelligence, ses performances intellectuelles ou physiques. C'est une œuvre de longue haleine qui nécessite de l'effort et du travail sur soi, un apprentissage et une éducation pour se forger une "force de l'âme" capable d'endurer les pires épreuves avec beaucoup de sagesse et de sérénité.

Comme l'écrit le psychiatre Christophe André : " Les bonheurs répétés sont souvent les fruits d'une ascèse. Non pas au sens chrétien de "privation", mais au sens étymologique, askésis signifiant " exercice " en grec. Le bonheur ne se décrète pas, ne se convoque pas, mais se cultive et se construit peu à peu, dans la durée ".

N'est-ce pas là le carrefour où se croisent toutes les religions, toutes les quêtes spirituelles d'essence religieuse ou profane ? N'est-ce pas là la meilleure réponse à opposer aux apôtres de la religiosité coléreuse et bruyante qui de nos jours envahissent nos vies ?
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