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Réhabilitation de Arsat Moulay Abdeslam : La splendeur retrouvée d'un jardin historique de Marrakech

Les jardins historiques sont plus que des jardins verts. Ils sont la mémoire vivante de cette relation privilégiée que les Marocains ont toujours entretenu avec leur environnement. Leur rénovation est un acte sacré, une contribution majeure à la préservat

Réhabilitation de Arsat Moulay Abdeslam : La splendeur retrouvée d'un jardin historique de Marrakech
La restauration de Arsat Moulay Abdeslam s'inscrit dans le cadre du programme des villes fleuries
La restauration de Arsat Moulay Abdeslam est l'éclatante illustration de cet engagement sans failles pour des villes fleuries, action initiée grâce à l'implication personnelle de S.A.R. la Princesse Lalla Hasna, présidente de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement

Les jardins historiques sont plus que des jardins verts. Ils sont la mémoire vivante de cette relation privilégiée que les Marocains ont toujours entretenu avec leur environnement. Leur rénovation est un acte sacré, une contribution majeure à la préservation du patrimoine national vert. Le programme «Villes fleuries», initié depuis quelques années par la Fondation Mohammed VI pour l'environnement, vise justement, à redonner leur splendeur d'antan à ces lieux magiques, parfois uniques et souvent dans un état de délabrement avancé.

S.A.R. la Princesse Lalla Hasna avait, dès le départ, défini les lignes directrices de ce travail d'envergure qui ambitionne, entre autre, à «réhabiliter les jardins dans le respect de l'esprit de leurs fondateurs afin de les inscrire ultérieurement dans le réseau mondial des jardins historiques protégés, associer à chaque espace réhabilité un projet environnementale, ainsi que l'ouverture sur la modernité ; ouvrir les jardins réhabilités et les espaces qui leur sont associés à l'ensemble des couches de la population tout en les faisant participer au développement et à l'amélioration de l'offre touristique de notre pays et enfin mettre en place des organes autonomes et efficients pour la gestion et l'entretien des espaces réhabilités afin d'en assurer la durabilité et le développement ultérieur». La rénovation et la réhabilitation de «Arsat Moulay Abdeslam», en février dernier confirment, si besoin est, cette volonté de redonner vie et éclat, aux jardins historiques du Maroc.

S'étendant sur huit hectares, Arsat Moulay Abdeslam avait été créé au XVIIIe siècle par un diplomate lettré et poète, fils du Sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah. Ce «Prince aux centres d'intérêts multiples, érudit et amoureux des splendeurs de la nature, Moulay Abdeslam est également le fondateur, avec ses frères Moulay Mamoun et Moulay Mousa, de l'art des Arsat, considéré comme la référence esthétique en matière de jardins par ces princes», peut-on lire dans un ouvrage édité, à cette occasion, grâce au concours d'Itissalat Al Maghrib.

Les auteurs de «Arsat Moulay Abdeslam «, le temps des jardins princiers à Marrakech «se sont, ainsi, attachés à remonter le fil du temps pour en extraire la quintessence d'un art séculaire que les Marocains ont cultivé avec passion et plaisir.» «Les Marocains, par delà les tribulations de l'Histoire ont toujours fait du jardin l'un des fondements de leur civilisation…Séduits et fascinés, ne l'ont-ils pas reproduit, par delà même les jardins réels, en une riche variété de motifs et de styles, sur bois, sur plâtre, sur pierre, sur leurs tapis, leurs étoffes, leurs portes ou leurs plafonds ? Partout, le motif du jardin se décline comme un rêve de faste et de beauté, un avant goût du paradis conquis sur une nature inhospitalière…», nous explique Ouidad Tebaâ, universitaire et écrivain.

Mise en valeur de l'héritage
C'est dans cet espace, comme dans d'autres «Arsa» princiers du XVIIIe et XIXe siècle, qu'il y eut des représentations diplomatiques, des présentations des premières innovations technologiques introduites au Maroc et plus tard, de cadre pour les festivités populaires.

Constitué de deux espaces, Arsat Moulay Abdeslam comprenait deux jardins superposés : celui imaginé et créé par le Prince Moulay Abdeslam et un autre, aménagé sous le protectorat, vers 1920. Une fois réhabilité et restauré, ce jardin a ainsi pu intégrer harmonieusement deux données essentielles : une mise en valeur de l'héritage historique existant et une ouverture sur le futur avec la création d'un espace d'exposition et de démonstration des technologies de pointe dans le domaine de la communication.

Dédié à la détente et à la convivialité mais aussi à la découverte des nouvelles technologies de communication les plus récentes et à l'acquisition de savoirs via les nouveaux outils d'information, le cyber parc Moulay Abdeslam, dont la restauration a été possible grâce à la contribution de Maroc Telecom, comprend aussi un espace dédié à l'apprentissage des techniques Internet pour les enfants et un autre réservé aux adultes.

Les nombreuses bornes interactives le long des allées sont une autre invitation pour accéder à sa base de données, naviguer sur Internet ou encore téléphoner. Ces bornes multimédias ont aussi l'avantage de permettre aux visiteurs de s'orienter à la fois dans le jardin et dans la ville, d'effectuer une visite virtuelle du jardin et même de fonctionner comme des guides en fournissant à celui qui les consulte des renseignements sur l'animation et l'actualité de la ville.

17 mois de travaux
Les travaux d'aménagement de cet espace qui ont duré 17 mois, ont porté notamment sur le réaménagement des espaces verts à travers l'élagage et le nettoyage de 450 arbres et la plantation de 200 palmiers, 500 arbustes et 680 orangers, citronniers et autres, la réalisation d'un nouveau système d'irrigation et la construction de bassins d'eau, et la réhabilitation du Parc via notamment le réaménagement des allées (13.000 m2 dans la partie Aarsat et 2.000 m2 de pavés autobloquants).

Cet espace comprend aussi des kiosques, un amphithéâtre, des bancs et un espace d'animation, le tout dans un but de préserver le cachet traditionnel de ce jardin et de symboliser le Maroc actuel à la fois fier de son passé et tourné vers l'avenir.

Des mots pour dire les jardins
Marrakech est la cité-jardin par excellence. Dès l'origine, "le jardin" accompagne son mouvement d'urbanisation. Avec les almohades, dès le 12ème siècle, l'Agdal est conçu en même temps que la cité dont il est une composante essentielle, conçu à la fois comme un moyen de subsistance vital pour la ville mais aussi comme un havre de fraîcheur et de paix, de réjouissance et de contemplation car la sensualité et la spiritualité ne sont, absolument pas, ici, obligées de se distendre.

"Arsat Moulay Abdeslam, le temps des jardins princiers à Marrakech" retrace l'historique des jardins de Marrakech et répertorie, tous les mots créés, au fil des ans et des siècles pour évoquer ce terme. On a relevé pour vous quelques-uns :
Buhayra (petite mer). C'est un immense verger clos, doté d'un grand bassin, destiné à apporter une abondante provision d'eau pour l'irrigation des arbres fruitiers au milieu desquels des cultures intercalaires de légumes ou de légumineuse trouvent place".

Agdal. C'est un pré réservé sur les rives d'un Oued entouré d'une enceinte en pierre. En fait, Buhayra et Agdal désignent un même objet. Ce sont des jardins impériaux qui se trouvent à proximité des Palais des Sultans.

'Arsa. Ce terme signifie en arabe classique la cour intérieure d'une maison et par extension, toute étendue vide et non construite. Une fois transformés en jardins, ces espaces ont gardé le nom d'Arsa. C'est un jardin irrigué, mais moins étendu que l'Agdal. Jnan (singulier, janna, paradis). Ce terme désigne un espace planté d'arbres fruitiers et de palmiers. Ce type de jardin doit nécessairement comporter des vignes et des palmiers, sinon, on l'appellera Hadîqa (ou enclos).
Riyad (pluriel de Rawda et Rawd : parc ; cimetière). Ce nom désigne un beau parc (bustan).

Sources : "Arsat Moulay Abdeslam, le temps
des jardins princiers à Marrakech".
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