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Rida Lamrini : «La Centrale des risques verra le jour dans les mois à venir»

Professionnalisation du secteur, gouvernance des institutions de micro-finance, modèle de financement et développement de nouveaux produits. Entretien avec Rida Lamrini, président de la Fédération nationale des associations de micro-crédit.

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Le Matin : Vous organisez le 1er Forum de la micro-finance à Marrakech. De quoi allez-vous débattre et quels seront les points forts de ce rendez-vous ?

Rida Lamrini :
Le 1er Forum de la micro-finance qui se tiendra du 30 novembre au 2 décembre prochain au Palais des congrès à Marrakech, couronne une année 2005 riche en activités et événements qui ont valu au Maroc d'être primé par les Nations unies. Le prix est décerné au Comité national du Maroc en reconnaissance pour ses réalisations et ses efforts inlassables en faveur d'un engagement national vers un secteur financier intégrant.

Moment de célébration, le 1er Forum est également une opportunité exceptionnelle pour faire l'état des lieux de la micro-finance nationale et dans le monde, de présenter les tendances et les perspectives d'évolution et de rechercher la convergence des outils de la micro-finance avec les politiques du développement humain. Professionnalisation du secteur, transparence financière, centrale des risques, gouvernance des institutions de micro-finance (IMF), modèle de financement, développement de nouveaux produits, régulation et supervision. Voilà quelques sujets qui seront abordés par des spécialistes nationaux et experts internationaux.

L'expérience marocaine en micro crédit fait office de référence parmi les pays méditerranéens. La moitié des bénéficiaires dans cette région se trouve dans notre pays. Comment expliquez-vous ce résultat ?

Tout d'abord la foi, la volonté et la persévérance des militants qui se sont engagés dans l'activité du micro-crédit au début des années 90, à une époque où le sujet de la pauvreté était un tabou. Ils ont persévéré en dépit de la dérision suscitée par les montants prêtés et du caractère quasi illégal de leur activité.

Le deuxième facteur de succès a été les bailleurs de fonds nationaux et internationaux qui nous ont accompagnés dès le début et l'intervention des pouvoirs publics par une injection de 100 millions de dirhams du Fonds Hassan II, elle a été également déterminante dans l'essor du secteur. Autres facteurs ayant participé à l'évolution du micro-crédit, la promulgation de la loi 18-97 qui a organisé le secteur et favorisé une plus grande professionnalisation, grâce à un travail commun et le lancement de plusieurs chantiers du secteur au sein de la Fédération nationale des associations de micro-crédit (FNAM).

Votre Fédération devait élaborer un code de déontologie et mettre en place une centrale des risques. Avez-vous avancé dans la réalisation de ces deux programmes ?

Tout à fait. Puisque le Code de déontologie a été soumis au ministre des Finances pour approbation. Quant à la Centrale des risques, c'est un projet qui verra le jour dans les mois à venir. Et là, vous venez de citer deux projets communs parmi les nombreux initiés par la FNAM, dont plusieurs ont été couronnés et d'autres sont en bonne voie de réalisation.

Autres projets qui devaient voir le jour, l'engagement des associations dans le système de rating ou de pré rating par les agences de notation internationales.

Aujourd'hui les associations sont-elle prêtes à se lancer dans ce processus ?

Elles se sont déjà lancées dans cette voie. Sur les 13 associations de micro-crédit qui constituent la FNAM, quatre sont déjà notées et les autres ont des pré-notations. Outre, les exigences de la loi en termes d'audits annuels obligatoires, ainsi la supervision de " Bank Al Maghrib ", c'est un autre gage de rigueur et de transparence de la part des Associations de microcrédit. Il y a tout lieu de penser que l'ensemble du secteur sera noté à l'horizon 2006-2007.

Selon une de vos études, le microcrédit cible majoritairement les femmes avec 68%. Pourquoi les hommes sont ils moins présents dans ce secteur ?

Première raison, une volonté délibérée chez nombre d'associations de micro-crédit de servir la femme, en partant du constat qu'elle est la clé du développement, en raison de ses préoccupations tournées naturellement vers son foyer et ses proches pour ce qui concerne leur bien-être. La deuxième raison, que révèle d'ailleurs l'étude que vous avez mentionnée, est que justement les femmes constituent la frange la plus vulnérable de la population pauvre. Il n'est donc que normal qu'elles soient prioritaires dans les interventions des associations de micro-crédit.

Quels sont les nouveaux produits apparus dans le secteur du microcrédit et que vous souhaitez introduire au Maroc ?

La micro épargne et la micro assurance. Et là nous parlerons de micro-finance au Maroc au vrai sens du terme, en tant qu'ensemble de services financiers destinés aux personnes défavorisées.

Driss Jettou a déclaré lors du lancement de l'année internationale du microcrédit au Maroc que ce mode de financement ne peut constituer la panacée dans la lutte contre la pauvreté. Partagez-vous cet avis ?

Dans son discours, à l'occasion du lancement de cette Année Internationale du Microcrédit au Maroc, le Premier ministre avait déclaré que l'effet du micro-crédit sur les conditions de vie des bénéficiaires n'est pas à démontrer, comme le confirme l'étude d'impact réalisée à l'initiative de la FNAM.

Il a ajouté que le micro-crédit ne peut constituer la panacée, dans la lutte contre la pauvreté, ni la solution providentielle du développement social intégré et durable. Un tel objectif suppose des politiques globales, couvrant l'ensemble de la chaîne de la transformation sociale, allant de l'éducation, la formation, la santé, l'emploi et le logement, à l'intégration aux circuits de production dans ce faisceau d'interventions, le micro-crédit peut occuper une place non négligeable, au bénéfice de l'autopromotion d'une frange particulière de notre société, en tant que moyen de financement d'activités génératrices de revenus et d'assistance des micro entrepreneurs, à travers des produits financiers appropriés. Une déclaration que nous partageons parfaitement.
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