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SIDI H'AMMU Poète chleuh du 16e siècle

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Sidi H'ammu est le poète chleuh le plus célèbre de la période ancienne. Surnommé bab n umarg, le maître de la poésie, la tradition lui attribue un grand nombre de pièces, aujourd'hui encore récitées. Il faisait non seulement des poémes mais il parlait aussi en vers, ainsi que l'attestent les nombreux bouts rimés que l'on conserve de lui.

On connaît mal sa vie, envahie par les légendes, voire les faits miraculeux. Comme les imdyazen, les poètes ambulants des temps modernes, il allait de village en village, récitant ses pièces. Beaucoup de poèmes ont été composés au cours de ses pérégrinations : il traitent souvent de faits et d'anecdotes vécues par le poète. L'aire chleuhe étant très vaste, la langue connaissant une grande variété : Sidi H'ammu devait s'exprimer dans une sorte de berbère moyen, compris de tous.

Comme un grand nombre de poétes berbères (voir Si Moh'and, pour la Kabylie, par exemple), il aurait reçu de Dieu (ou des saints) le don de faire des poèmes.
On rapporte qu'il entra en rivalité avec un poète noir du Draâ à propos d'une jeune fille prénommée Fad'ma et dont chacun voulait obtenir les faveurs. Le poète composa une pièce de vers satiriques, insultant copieusement son rival et le calomniant. La jeune fille aurait bien penché pour Sidi H'ammu, mais elle était subjuguée par le poète du Draâ, qui maniait si bien le verbe.

Sidi H'ammu n'était pas encore poète et souffrait de ne pas se défendre par le même moyen que son rival. Il se rendit sur le tombeau d'un saint local, Sidi Brahim, et le supplia de lui accorder le don de poésie. Le saint se montra sensible à sa demande et exauça son vœu. Sidi H'ammu convoqua alors le poéte et lui demanda de se mesurer avec lui dans une joute poétique à laquelle devaient assister des connaisseurs. Le poète du Draâ récita alors une poésie, qui était très belle, mais celle que composa Sidi H'ammu l'était encore plus.

Son adversaire, reconnaissant sa supériorité se retira. Le poème composé à cette occasion, nous est parvenu sous le titre de Fad'ma Tagurramt. Il est plein d'images et de symboles, suggérant la beauté de la jeune femme et la violence des sentiments qui secouent le poète. Voici un extrait de cette pièce célèbre, recueillie par Johnston au début du vingtième siècle.

« Le nuage se fond dans les ténèbres, la brise se perd dans la rivière :
Que l'eau emporte les feuilles flétries !
Pèse tes paroles plutôt que tes richesses
Quant à l'argent, il n'y en a pas sans alliage
Est-ce que je demande au chameau la noblesse du cheval.
Le laurier-rose me donnerait-il de la douceur ?
On ne cherche pas un lieu sec dans l'océan.

Et moi, puis-je espérer une réponse d'un mort ?
Oranger que ta beauté est grande, à toi qui es si petit ?
Par quelle loi est-il permis au corbeau de dévorer un fruit si doux ? ».
(Johnston. Le poème de Fad'ma Tagurramt, avec sa tradution française, tome II des actes du XIV congrès des Orientalistes, Alger 1965).

Sidi H'ammu aurait été le comtemporain du fameux Sidi'Abd al Rah'mân al Majd'ub, avec qui il engagea également une joute poétique, lui parlant en berbère, l'autre en arabe. Originaire d'Awluz, Sidi H'ammu mourut chez les Iskrouzen où son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage. Par Haddadou
Sidi H'ammu est le poète chleuh le plus célèbre de la période ancienne. Surnommé bab n umarg, le maître de la poésie, la tradition lui attribue un grand nombre de pièces, aujourd'hui encore récitées. Il faisait non seulement des poémes mais il parlait aussi en vers, ainsi que l'attestent les nombreux bouts rimés que l'on conserve de lui.

On connaît mal sa vie, envahie par les légendes, voire les faits miraculeux. Comme les imdyazen, les poètes ambulants des temps modernes, il allait de village en village, récitant ses pièces. Beaucoup de poèmes ont été composés au cours de ses pérégrinations : il traitent souvent de faits et d'anecdotes vécues par le poète. L'aire chleuhe étant très vaste, la langue connaissant une grande variété : Sidi H'ammu devait s'exprimer dans une sorte de berbère moyen, compris de tous.

Comme un grand nombre de poétes berbères (voir Si Moh'and, pour la Kabylie, par exemple), il aurait reçu de Dieu (ou des saints) le don de faire des poèmes.
On rapporte qu'il entra en rivalité avec un poète noir du Draâ à propos d'une jeune fille prénommée Fad'ma et dont chacun voulait obtenir les faveurs. Le poète composa une pièce de vers satiriques, insultant copieusement son rival et le calomniant. La jeune fille aurait bien penché pour Sidi H'ammu, mais elle était subjuguée par le poète du Draâ, qui maniait si bien le verbe.

Sidi H'ammu n'était pas encore poète et souffrait de ne pas se défendre par le même moyen que son rival. Il se rendit sur le tombeau d'un saint local, Sidi Brahim, et le supplia de lui accorder le don de poésie. Le saint se montra sensible à sa demande et exauça son vœu. Sidi H'ammu convoqua alors le poéte et lui demanda de se mesurer avec lui dans une joute poétique à laquelle devaient assister des connaisseurs.

Le poète du Draâ récita alors une poésie, qui était très belle, mais celle que composa Sidi H'ammu l'était encore plus. Son adversaire, reconnaissant sa supériorité se retira. Le poème composé à cette occasion, nous est parvenu sous le titre de Fad'ma Tagurramt. Il est plein d'images et de symboles, suggérant la beauté de la jeune femme et la violence des sentiments qui secouent le poète. Voici un extrait de cette pièce célèbre, recueillie par Johnston au début du vingtième siècle.

« Le nuage se fond dans les ténèbres, la brise se perd dans la rivière :
Que l'eau emporte les feuilles flétries !
Pèse tes paroles plutôt que tes richesses
Quant à l'argent, il n'y en a pas sans alliage
Est-ce que je demande au chameau la noblesse du cheval.
Le laurier-rose me donnerait-il de la douceur ?
On ne cherche pas un lieu sec dans l'océan.

Et moi, puis-je espérer une réponse d'un mort ?
Oranger que ta beauté est grande, à toi qui es si petit ?
Par quelle loi est-il permis au corbeau de dévorer un fruit si doux ? ».
(Johnston. Le poème de Fad'ma Tagurramt, avec sa tradution française, tome II des actes du XIV congrès des Orientalistes, Alger 1965).
Sidi H'ammu aurait été le comtemporain du fameux Sidi'Abd al Rah'mân al Majd'ub, avec qui il engagea également une joute poétique, lui parlant en berbère, l'autre en arabe. Originaire d'Awluz, Sidi H'ammu mourut chez les Iskrouzen où son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage.
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