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Table-ronde à Fès : Le Français, une langue devenue territoire

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L'exil, cette notion protéiforme est la chose la mieux partagée entre les écrivains réunis dans le cadre de la table ronde qui a eu lieu à la Faculté des Lettres Dhar El Mehraz de Fès, le jeudi 20 avril 2005, et ce dans le cadre de la manifestation le français dans tous ses états, organisée par le Bureau du livre et des médiathèques, Service de Coopération et d'Action Culturelle de l'Ambassade de France au Maroc et le réseau des Instituts Français. Cette rencontre fut animée par le professeur Khalid Zekri.

Il s'agit notamment de : M. Abdellatif Laâbi (Maroc), Mme Maïssa Bey (Algérie), M. Boualem Sensal (Algérie), Mme Kim Doan (romancière francophone originaire de Vietnam). Venus d'horizons différents, leur territoire commun est la langue.
Ce refuge chaleureux et aussi un instrument de reconfiguration d'une culture, d'une identité et d'une sensibilité souvent très éclatée.

Abdellatif Laâbi, déclare de prime abord, que l'exil est une forme de résistance. Car l'écrivain est né dans un terrain régi par une quête et une lutte permanente. Ainsi, le sentiment d'exil est disséminé dans la plupart de ses textes.

Ce rapport à l'exil est donc fondateur chez notre poète. Il ne cesse pas d'évoluer, de se transformer…Il s'inscrit même dans une aventure d'écriture qui permettra au poète de choisir ses propres questions, d'abolir d'autres et en fin de faire surgir d'autres.

Et toute question, qui prend forme chez l'écrivain, selon Laâbi, a sa vie et sa genèse…Pour Maïssa Bey, romancière algérienne, l'exil se situe au niveau scriptural. Quand on s'installe dans l'écriture, on vit un isolement, une solitude et un exil choisi. Cette situation de solitude assumée permettra à la romancière de vivre une liberté perdue et «de restituer sa propre parole». L'exil intérieur est donc une force draconienne pour faire saper les silences subis, Maïssa Bey stipule «j'ai subi, et l'écriture me donne un pouvoir pour exister …».

Pour Boualem Sansal, écrivain algérien qui a un parcours littéraire atypique, ce qui importe c'est le texte…Cet espace doit être un terrain de lutte contre la bêtise. L'écrivain doit assumer donc cette responsabilité et doit agir en tant que caisse de résonance de la société «vivre et dire» avance Sansal …Kim Doan, écrivain francophone d'origine vietnamienne, avec une voix truculente, elle avance que l'exil est un travail de deuil permanent.

A partir de son expérience douloureuse, Kim Doan vit un arrachement multiple : à sa terre, à son histoire, à ses amis, à sa langue…Elle écrit pour inventer un nouveau soi, un nouveau pays, bref un Pays de dedans !

L'univers scriptural de Kim Doan véhicule une expérience de solitude et de silence. Ecrire est donc vital pour la romancière afin de créer des passerelles (entre soi et les autres) et casser, ainsi, l'isolement terrible qui peut nous écraser à tout moment…Kim Doan, à travers ces paroles scandées par des blancs évocateurs et percutant, a su partagé avec le public un sentiment qui la taraude et l'habite viscéralement et qui n'est autre qu'un exil qui pèse… !
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