La réforme du régime de la retraite s'impose
Le MATIN : Pour commencer, qu'est-ce que la CIMR et quelle est sa mission ?
KHALID CHEDDADI : Je crois qu'il serait intéressant de revenir d'abord sur la définition de la retraite, car les gens en ont souvent une compréhension assez biaisée par rapport à sa réalité. La retraite est tout simplement une opération par laquelle on prélève sur le revenu d'activité de l'affilié une quotité que l'on doit gérer d'une certaine manière pour la retrouver comme revenu à la fin de l'activité.
La gestion peut se faire de deux manières : soit en capitalisation, ce qui donne lieu à la création d'un compte individuel pour chaque personne et dans lequel on loge toutes ses contributions. Celles-ci sont placées pour être fructifiées et, une fois la personne concernée à la retraite, elles vont être reprises pour être réparties sur la durée de vie après l'âge de la retraite.
L'autre manière de gérer ces contributions est de le faire selon le mode dit de répartition. Ce qui revient à dire que ces contributions vont servir tout de suite aux règlements des pensions des personnes qui sont déjà à la retraite. Donc, une génération prend en charge la pension de la génération qui l'a précédée, quitte à ce que sa pension elle-même soit prise en charge par la génération qui va suivre. Et c'est le mode de gestion qui est adopté par la CIMR.
La Caisse a été créée en 1949 sous forme d'as116iation sur le modèle français, étant donné que le Maroc était alors sous protectorat. En France cependant, ce domaine a évolué rapidement et les caisses de retraite ont été dotées d'un cadre juridique spécifique, contrairement au Maroc, où la CIMR n'a bénéficié d'aucune réforme.
A sa création, la CIMR n'a pas fonctionné uniquement sous forme de répartition, mais on a créé un contrat double (Régime commun de retraite CIMR) qui comporte une partie gérée en capitalisation auprès des compagnies d'assurances et une autre partie en répartition par la CIMR. Mais c'est une fausse séparation car, dès le départ, le régime était en répartition, pour une raison simple : les droits sont calculés en utilisant la technique de répartition sur la totalité de la contribution salariale et patronale alors, en définitive, les compagnies d'assurances n'agissent que comme gestionnaires financiers pour les sommes placées auprès d'elles.
Il paraît que le vrai problème de la CIMR est plutôt d'ordre juridique. Quelle est donc cette spécificité juridique de la Caisse ?
Dire que le vrai problème de la CIMR est un problème juridique ne serait pas tout à fait exact. En fait, il y a un problème financier actuariel qui a été résolu à travers la réforme de 2003, sur lequel s'est greffé un problème juridique, qui est apparu avec la promulgation de la loi instituant le code des assurances en novembre 2002.
De quoi s'agit-il ? La CIMR a un statut d'as116iation et quand le code est sorti, il a assimilé la retraite par répartition à une opération d'assurance, ce sur quoi je ne suis pas tout à fait d'accord et d'ailleurs, les analyses juridiques que nous avons effectuées vont dans ce sens.
La CIMR doit donc obéir à toutes les dispositions de ce code, alors que les autres caisses ont été exclues du champ d'application de ce code, car dans l'une de ses dispositions, il prévoit que les caisses qui sont dotées d'un texte particulier restent assujetties à ce texte et n'ont pas à respecter le code. Mais la CIMR, n'obéissant à aucun texte particulier, s'est tout naturellement trouvée dans le champ d'application du code des assurances.
Comment voyez-vous l'évolution de la notion même de la retraite au Maroc ?
En fait, la notion de la retraite évolue avec l'évolution de la 116iété marocaine. Le Maroc avait jusqu'à une date récente une structure 116iale basée sur la solidarité familiale. Donc, les gens ne ressentaient pas un besoin particulier de recourir aux produits de la retraite pour s'assurer un revenu en fin de vie.
Mais, avec l'évolution actuelle, se traduisant notamment par le changement d'aspect de la cellule familiale, l'urbanisation accrue, , des revenus limités…, il est pratiquement impensable que des enfants puissent prendre en charge leurs parents. D'où ce besoin de plus en plus pressant de recourir à ces produits.
Est-ce qu'on peut désormais parler d'un troisième âge bien encadré et bien organisé ?
Malheureusement, on n'en est pas encore là, car si dans le secteur organisé, le recours aux organismes de retraite se fait de plus en plus couramment, dans beaucoup de cas, il ne l'est pas encore. On estime le nombre de travailleurs dans le secteur privé au Maroc à près de 8 millions, dont seulement 20% (1.600.000) qui sont adhérents à la CNSS et 15% seulement (240.000) de ces derniers le sont également à la CIMR, ce qui veut dire qu'il y a énormément de gens qui sont en dehors du système.
Toutefois, il y a une grande prise de conscience de l'importance de la retraite. Dans nos démarches pour sensibiliser les entreprises à l'importance de la retraire, nous avons senti cette envie d'y adhérer. C'est parfois des obstacles matériels et financiers qui empêchent l'entreprise de le faire.
Peut-on envisager une retraite complémentaire
obligatoire ?
Logiquement, elle devrait être obligatoire, mais pas n'importe comment. C'est une question sur laquelle nous avons travaillé dans le cadre de la commission technique, en nous posant la question de savoir comment on pourrait réformer la CIMR sur le plan juridique en l'intégrant dans un dispositif de couverture de retraite pour le secteur privé, qui serait obligatoire.
Alors, l'idée a été de dire qu'on pourrait fonctionner en deux étages : une retraite de base qui serait assurée par la CNSS et une retraite complémentaire, qui serait assurée par la CIMR. Au premier étage, les contributions se font jusqu'à hauteur d'un plafond et au second, au dessus de ce plafond. Nous avons deux raisons principales pour ce découpage : premièrement, en fonction du revenu, on n'a pas le même comportement vis-à-vis de l'épargne.
Quand on a un petit revenu, on a tendance à tout consommer et tout de suite, d'où la nécessité d'organiser pour les bas revenus d'abord une retraite obligatoire et deuxièmement, une retraite relativement confortable et en même temps pour les gens qui ont un revenu plus élevé, ne pas les obliger pour l'intégralité de leur épargne à la gérer uniquement dans le cadre d'une retraite, pour leur laisser la liberté de la gérer comme ils le veulent.
La seconde raison est que l'espérance de vie est liée au revenu. Donc, ce serait injuste de mélanger les deux, d'autant plus que ce serait les gens qui ont un haut revenu qui vont en profiter le plus. L'une des conclusions les plus importantes auxquelles nous sommes arrivés est qu'il y a aujourd'hui 100.000 salariés du secteur privé qui ont un salaire supérieur au plafond de la CNSS, mais qui n'ont pas la couverture CIMR, ce qui veut dire que ces gens, lorsqu'ils seront à l'âge de la retraite, vont se retrouver dans des conditions matérielles extrêmement défavorables et vont devoir supporter une chute très importante de leur pouvoir d'achat.
Pourquoi la caisse n'arrive pas à avoir une base large d'adhérents ?
Cela est dû au problème de la disposition des gens à franchir ce pas. Vous ne pouvez pas imaginer les efforts que nous déployons pour convaincre les gens d'adhérer à la CIMR. Par le passé, la caisse pour attirer les gens, offrait des avantages considérables. Par exemple, elle offrait une reconstitution gratuite des carrières, c'est-à-dire qu'elle prenait en considération l'ancienneté du personnel d'une entreprise qui venait d'adhérer en faisant comme s'ils avaient été affiliés à la Caisse depuis leur embauche.
Cette option a été supprimée par la suite. Après, la caisse a déployé une activité commerciale très importante : une dizaine de milliers de mailings envoyés aux entreprises chaque année, avec des relances.
On visite au moins 2.000 entreprises par an. Et ce n'est pas toujours évident de décrocher des adhésions. C'est un processus qui est lent. La difficulté se pose notamment avec deux catégories d'entreprises : entreprises qui emploient une main d'œuvre en grand nombre et qui pensent notamment au coût financier et les petites entreprises.
Le taux de revalorisation stagne à 0,7%. Est-ce que vous ne jugez pas qu'il est très insuffisant par rapport au taux d'inflation ?
C'est vrai que c'est un taux qui n'est pas énorme. Mais il faut rappeler dans quelles circonstances ce taux a été fixé. Il a été retenu dans le cadre de la réforme de 2003, grâce à laquelle on est revenu de loin, car avant cette réforme, le régime de la CIMR était réellement en danger. Pour illustrer la chose, nous avons fait des projections de la réserve de la prévoyance qui permet d'équilibrer les comptes de la Caisse entre les recettes et les dépenses.
Nous avons fait une projection à long terme de cette réserve et il s'ést alors avéré qu'elle deviendrait négative à partir de 2012, donc que les recettes seraient inférieures aux dépenses, ce qui reviendrait à dire que la CIMR ne pourrait plus honorer ses engagements. Pour en finir avec cette situation, nous avons entrepris une réforme cruciale, qui a comporté plusieurs mesures : récupération de la part salariale qui était gérée par les compagnies d'assurances, une augmentation de la contribution patronale de 20% non génératrice de droits, une diminution de rendement du régime qui était de 12% et qui a été ramené à 10% à l'horizon 2010 et le maintien du taux de revalorisation à 0,7% jusqu'en 2010.
Donc, il s'agissait de trois mesures phares pour lesquelles des efforts financiers ont été demandés : la première aux employeurs, la seconde aux salariés et la troisième aux retraités. Chacun a mis la main à la poche pour rééquilibrer le régime. Au delà de 2010, le taux de revalorisation sera fixé année par année par le Conseil d'administration en fonction des résultats de la Caisse.
Et quel est le rôle de l'Etat dans ce processus ?
L'Etat doit imposer des règles de fonctionnement, définir un cadre juridique sécurisant pour les retraités et les affiliés pour garantir une bonne gestion et une équité entre les générations. Ce qui est dangereux pour une caisse de retraite, c'est de ne pas avoir une réactivité au moment des crises. C'est cette réactivité qui a sauvé la CIMR.
En somme, qu'est-ce qui a été fait et que reste-t-il à faire dans le domaine de la retraite ?
Ce qu'on a fait de bien, c'est d'avoir réalisé des études pur y voir plus clair et savoir ce qui ne fonctionnait pas. C'était surtout le rendement des régimes. Si pour la CIMR le problème a été résolu
par la réforme de 2003, pour les autres régimes, le problème persiste et reste caché par une dynamique interne.
Pour promouvoir la retraite complémentaire, vous avez organisé il y a quelques mois la caravane de la retraite. Quelles en sont les retombées sur vos adhérents ?
La caravane de la retraite a visité 18 villes, durant deux mois et demi. Nous avons reçu un millier d'entreprises, dont nous avons pu recruter une cinquantaine.
Le rythme des adhésions en 2007 est excellent. Je crois que nous sommes à 300 nouveaux adhérents à fin août. Donc nous avons de bonnes chances d'atteindre l'objectif de 500 nouveaux adhérents qu'on s'est fixé pour cette année.
Par rapport aux départs volontaires qui ont été suivis par la récupération du capital par un grand nombre de personnes concernées, est-ce que cela allège la Caisse ou au contraire affecte vos engagements?
Quand les gens reprennent leur capital qui correspond à la capitalisation des contributions salariales, celà allège les engagements de la Caisse, parce que ceci la débarrasse du risque actuariel, soit du risque de la table de mortalité.
Quand les gens vont vivre plus longtemps et donc quand ils traînent un capital, ce risque est stoppé et n'est plus encouru. Mais je peux dire que ces gens font une très mauvaise affaire et à l'inverse, la CIMR fait une bonne affaire.
Quel est le taux de couverture de la CIMR ?
Le taux de couverture invoqué dans le cadre de retraite par capitalisation doit être de 100%. Par répartition, cet indicateur n'est pas pertinent, du moment que les pensions versées émanent des contributions collectées. En principe, pour ce mode de fonctionnement, on n'a pas besoin d'avoir des réserves.
D'ailleurs, son calcul est simple, en se référant aux Caisses de retraite françaises, il s'agit de rapporter les avoirs dont dispose la Caisse aux engagements pris.
A ce titre, la CIMR dont les engagements sont de l'ordre de 58 milliards de dirhams à fin 2006 dispose de plus de 5 ans de pensions en valeur comptable et pratiquement du double en valeur de marché. Quant aux réserves de prévoyance, elles se chiffrent à quelques 12 milliards de dirhams en valeur comptable, tandis qu'en valeur de marché, ce montant se hisse à 20 milliards de dirhams.
Ce que nous jugeons très confortable par rapport à d'autres caisses. Les françaises, par exemple, qu'elles soient du régime de base ou du régime complémentaire, ont en réserve quelques mois de pension
seulement.
Combien décaisse la Caisse mensuellement ?
Elle décaisse un peu moins de 200 millions de dirhams et encaisse 90 millions de dirhams.
La Caisse s'est distinguée par la gestion déléguée en matière de gestion financière de son portefeuille. Quel bilan établissez-vous de votre relation avec les gestionnaires délégués ?
Excellent. Le principe est très simple. Aujourd'hui, pour opérer sur le marché financier, il faut avoir un profil extrêmement pointu, suivre au jour le jour le marché, être à l'affût de l'information. Bref, la veille doit être permanente.
C'est une affaire de spécialistes et de front office. C'est pourquoi nous avons décidé de confier la gestion à 4 acteurs, à savoir CFG, BMCI Gestion, Upline et la 116iété de gestion de la 116iété générale. On estime que cela ne relève pas du rôle d'une caisse de retraite. Nous avons gardé chez nous la partie stratégique où l'on définit la politique d'investissement dans ses grande lignes.
Quant au front office, nous l'avons confié à des professionnels que nous mettons d'ailleurs en concurrence. A chacun son métier. Je tiens à préciser que la démarche que nous avons suivie n'est pas nouvelle dans notre secteur. Elle est pratiquée dans les pays
développés.
Quid des conditions de collaboration ?
On a un mandat de gestion extrêmement précis. Le suivi est permanent avec des reportings hebdomadaires et mensuels. Des réunions trimestrielles en comité d'investissement sont également à l'ordre du jour. Elles servent à décliner la politique à suivre le trimestre suivant, qui découle d'une analyse du marché et d'une analyse macro-économique et sectorielle.
Nous avons la possibilité de critiquer, mais nous laissons le gestionnaire décider. Ce qui importe pour nous, c'est la performance qui est au rendez-vous.
Pour ne citer que les gestionnaires Actions, BMCI Gestion et CFG ont réalisé des résultats éloquents à +36%.
Que pensez-vous du taux de rendement servi par la CDG à certaines caisses de retraite. Doivent-elles emboîter le pas à la CIMR surtout en matière de gestion déléguée ?
La réglementation qui était en vigueur, qui obligeait certaines caisses de retraite à déposer leurs réserves auprès de la CDG était très pertinente à un certain moment.
On peut même la saluer, car à défaut, les résultats auraient pu être catastrophiques. Je pense qu'avec du recul, on ne peut pas regretter que ces caisses aient été obligées de verser leurs excédents de trésorerie à la CDG. Aujourd'hui, par contre, c'est d'une nouvelle époque qu'il s'agit, notamment avec l'évolution des modes de gestion, de la gouvernance et de la qualité du gestionnaire.
Il faudrait, peut être, envisager de laisser plus de marge de manoeuvre aux gestionnaires en leur donnant la possibilité d'accéder au marché financier et de bénéficier de tous les produits permettant d'optimiser les rendements. C'est malheureux de voir des sommes colossales ne rapporter qu'un faible rendement, souvent inférieur à 4%, par comparaison à celui affiché par la CIMR, qui dépasse les 10%. C'est quand même priver les allocataires et les affiliés d'un complément de revenu auquel ils auraient pu prétendre.
L'actionnaire CIMR est-il à l'abri des influences ?
L'un des principaux apports de la réforme du CIMR en 2003 et dans la nouvelle gouvernance de la gestion financière, c'est ce dispositif qui lui permet d'être loin des décisions et des influences. En témoigne tout notre portefeuille obligataire en gestion déléguée.
Le mandat qui nous attache aux gestionnaires ne nous donne aucun droit de leur imposer des décisions, car c'est à eux de garantir la performance et à rendre des comptes. C'est en quelque sorte protecteur pour le management. Idem pour les actions dont un compartiment, celui confié en gestion déléguée, est géré de manière dynamique et un autre plus important comptant une dizaine de valeurs stratégiques que l'on ne touche pas.
Toute décision les concernant est prise au niveau du Conseil d'administration de la CIMR. Ainsi, le système est bouclé.
Pour la partie du portefeuille actions gérée en direct, ne comptez-vous pas mieux optimiser sa gestion ?
Nous sommes en train de repenser la gestion du portefeuille que nous avons en direct et qui était géré de manière statique. Je pense que l'on devrait être un peu plus actifs dans la gestion de ce portefeuille et là encore, ma philosophie est de dire que c'est une affaire de spécialistes, surtout qu'il est question de procéder à des arbitrages sur une position ou une autre pour des montants énormes de 500 millions de dirhams ou de 1 milliard de dirhams par exemple.
La décision qui ne peut qu'être lourde de conséquences doit être prise après de minutieuses études de marché que seules les spécialistes peuvent mener. La veille du marché est absolument requise. A ce titre, nous sommes en train de monter un nouveau mode de gestion de ce portefeuille détenu en propre et qui consiste à faire appel à une 116iété de conseil. Elle sera chargée de la veille stratégique pour notre compte et du suivi des actions cotées.
Elle devra nous alimenter en informations, nous faire des suggestions qui vont être examiné en Conseil d'administration pour que des décisions adéquates soient prises.
La veille stratégique concernera uniquement les valeurs cotées ou se rapportera-t-elle aux autres types de placements ?
Seules les valeurs cotées sont concernées. Pour celle non cotées, là aussi, nous avons adopté un principe de gestion. Comme nous ne voulons plus aller en direct sur des valeurs non cotées, nous passerons par des fonds d'investissement de private equity.
C'est toujours le même principe qui est adopté, c'est une affaire de spécialistes. D'ailleurs, quant on est actionnaire dans une affaire qui n'est pas cotée en Bourse, il faut s'assurer de la transparence de la gestion, de la cohérence des actions prises et donc il faut avoir de équipes dédiées à cela, c'est un métier à part entière. Notre métier est la retraite. Bien que nous fassions de la gestion financière en parallèle, à un certain niveau stratégique, nous voulons nous y consacrer.
Que conseillez-vous à un salarié qui vient de commencer sa vie professionnelle ?
Du point de vue de la retraite, il devient de plus en plus évident, quelles que soient les conditions dans lesquelles on évolue, de construire un plan de retraite. Que l'on opère dans le secteur organisé, ayant accès aux régimes en place, ou dans des secteurs de professions libérales ou autres, auquel cas le plan de retraite est préparé auprès d'une compagnie d'assurances, préparer sa retraite 20 ans ou 30 ans à l'avance est une nécessité absolue.
D'ailleurs, au niveau de la CIMR, on essaie d'apporter des éclairages aux affiliés pour plus de transparence. On leur fournit des informations à travers le bulletin envoyé à chaque affilié. Chacun d'entre eux doit connaître la somme à percevoir à l'âge de 60 ans pour qu'il n'y ait pas de choc. Il est informé sur le montant de la pension et sa proportion par rapport au dernier salaire d'activité.
Du point de vue de la retraite, il devient de plus en plus évident, quelles que soient les conditions dans lesquelles on évolue, de construire un plan de retraite.
Que l'on opère dans le secteur organisé, ayant accès aux régimes en place, ou dans des secteurs de professions libérales ou autres, auquel cas le plan de retraite est préparé auprès d'une compagnie d'assurances, préparer sa retraite 20 ans ou 30 ans à l'avance est une nécessité absolue.
D'ailleurs, au niveau de la CIMR, on essaie d'apporter des éclairages aux affiliés pour plus de transparence. On leur fournit des informations à travers le bulletin envoyé à chaque affilié. Chacun d'entre eux doit connaître la somme à percevoir à l'âge de 60 ans pour qu'il n'y ait pas de choc. Il est informé sur le montant de la pension et sa proportion par rapport au dernier salaire d'activité.
Sur quoi voulez-vous interpeller le nouveau
gouvernement ?
Un jour perdu est un jour qui complique le problème et qui le rend plus coûteux. C'est ce qui est moins acceptable par les parties. Il y a également cette question d'amélioration du taux de couverture qui est trop faible.
Il faut absolument trouver des régimes contraignants pour obliger les gens à choisir un régime de retraite. Si on laisse aux gens l'initiative de le faire, ils resteront toujours hésitants et demain, ils vont constituer une charge, voir même un danger pour toute la 116iété.
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Je suis un Marocain installé aux Emirats Arabes Unis, et puisque, comme tous les pays du Golfe, il n'y a pas de système de retraite pour les expatriés, peut-on préparer un plan de retraite dans notre pays surtout que nous comptons y revenir? Que fait la CIMR dans ce sens ?
Malheureusement, la CIMR ne peut rien et l'Etat marocain non plus. Il n'a pas encore entrepris tout ce qu'il devrait entreprendre pour permettre à tous les citoyens marocains de disposer d'une couverture, ce qui n'est d'ailleurs pas le cas de la population tunisienne, couverte à 100%.
La Tunisie dispose d'un régime qui s'adresse spécifiquement aux expatriés. Les Tunisiens installés à l'étranger ont la possibilité de cotiser au régime pour se constituer une retraite. A cet égard, une des actions des plus importantes à entreprendre aujourd'hui par l'Etat est de mettre en place des structures nécessaires pour couvrir tous les Marocains.
Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de démarches systématiques. Malheureusement, Il n'y a que 20% de la population qui soit couverte et on ne peut pas continuer ainsi. Car, si les choses ne changent pas, des problèmes 116iaux énormes seront créés. Une grande proportion de la population peut se retrouver sans revenus. Ce sont en fait des clients en moins pour les entreprises, ce qui risquerait de perturber la croissance économique.
Comment avoir sa retraire, sachant que j'ai travaillé pendant 19 ans dans un ministère et à 64 ans, je n'ai reçu aucun avis ?
C'est un problème qui nous dépasse un peu, parce qu'il s'agit de nos confrère de la CMR, une caisse qui fonctionne très bien, efficace et bien organisée. La personne concernée devrait s'y adresser directement pour régler son problème.
J'ai 53 ans, mon employeur me paye les cotisations jusqu'à 60 ans. Est ce que je peux sortir à la retraite à 53 ans avec une pension complète ?
Oui, c'est une question de contribution. Donc vous pouvez sortir à la retraite et toucher une pension…
Le système de la retraite CIMR est-il le même que celui de la sécurité 116iale où faut-il cotiser un certain nombre de trimestres?
Non, le système de la CIMR consiste en la retraite par répartition en points. C'est-à-dire que quelle que soit votre durée de contribution, et du fait que vous avez acquis des points, la pension va dépendre alors du nombre de points acquis. Il y a quand même une condition de durée de contribution pour accéder à la pension.
Il faut en effet, contribuer pendant au moins 5 ans pour pouvoir bénéficier de cette pension. Et au moment de la liquidation, si vous avez un nombre de points trop faible, soit moins de 150 points, celle-là se fera automatiquement en capital.
Et si vous avez entre 150 et 200 points, vous avez le choix entre le capital et la pension. Enfin au-delà de 200 points, c'est automatiquement une pension. A savoir que la valeur d'un point équivaut à 11,30 dirhams.
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Bio Express :
Khalid cheddadi
Ingénieur de l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris et maître ès sciences mathématiques, Khalid Cheddadi a débuté sa carrière comme enseignant de mathématiques à l'Ecole Hassania des Ingénieurs (dans le cadre du service civil).
Il a par la suite intégré la Compagnie d'assurances L'Alliance Africaine, filiale du groupe français GAN (Groupe des assurances nationales) au sein de laquelle il a occupé le poste d'administrateur directeur général. Il a été, pendant de nombreuses années, vice-président de la Fédération marocaine des 116iétés d'assurances et de réassurances et membre du Comité consultatif des assurances privées, auprès du ministère des Finances.
Il a intégré la CIMR en septembre 2003 en tant que directeur général, avant d'être coopté administrateur, puis président du Conseil d'administration, lors de sa réunion du 7 octobre 2004. M. Cheddadi est né le 29 octobre 1957 à Fès. Il est marié et père de trois enfants.
Le MATIN : Pour commencer, qu'est-ce que la CIMR et quelle est sa mission ?
KHALID CHEDDADI : Je crois qu'il serait intéressant de revenir d'abord sur la définition de la retraite, car les gens en ont souvent une compréhension assez biaisée par rapport à sa réalité. La retraite est tout simplement une opération par laquelle on prélève sur le revenu d'activité de l'affilié une quotité que l'on doit gérer d'une certaine manière pour la retrouver comme revenu à la fin de l'activité.
La gestion peut se faire de deux manières : soit en capitalisation, ce qui donne lieu à la création d'un compte individuel pour chaque personne et dans lequel on loge toutes ses contributions. Celles-ci sont placées pour être fructifiées et, une fois la personne concernée à la retraite, elles vont être reprises pour être réparties sur la durée de vie après l'âge de la retraite.
L'autre manière de gérer ces contributions est de le faire selon le mode dit de répartition. Ce qui revient à dire que ces contributions vont servir tout de suite aux règlements des pensions des personnes qui sont déjà à la retraite. Donc, une génération prend en charge la pension de la génération qui l'a précédée, quitte à ce que sa pension elle-même soit prise en charge par la génération qui va suivre. Et c'est le mode de gestion qui est adopté par la CIMR.
La Caisse a été créée en 1949 sous forme d'as116iation sur le modèle français, étant donné que le Maroc était alors sous protectorat. En France cependant, ce domaine a évolué rapidement et les caisses de retraite ont été dotées d'un cadre juridique spécifique, contrairement au Maroc, où la CIMR n'a bénéficié d'aucune réforme.
A sa création, la CIMR n'a pas fonctionné uniquement sous forme de répartition, mais on a créé un contrat double (Régime commun de retraite CIMR) qui comporte une partie gérée en capitalisation auprès des compagnies d'assurances et une autre partie en répartition par la CIMR. Mais c'est une fausse séparation car, dès le départ, le régime était en répartition, pour une raison simple : les droits sont calculés en utilisant la technique de répartition sur la totalité de la contribution salariale et patronale alors, en définitive, les compagnies d'assurances n'agissent que comme gestionnaires financiers pour les sommes placées auprès d'elles.
Il paraît que le vrai problème de la CIMR est plutôt d'ordre juridique. Quelle est donc cette spécificité juridique de la Caisse ?
Dire que le vrai problème de la CIMR est un problème juridique ne serait pas tout à fait exact. En fait, il y a un problème financier actuariel qui a été résolu à travers la réforme de 2003, sur lequel s'est greffé un problème juridique, qui est apparu avec la promulgation de la loi instituant le code des assurances en novembre 2002.
De quoi s'agit-il ? La CIMR a un statut d'as116iation et quand le code est sorti, il a assimilé la retraite par répartition à une opération d'assurance, ce sur quoi je ne suis pas tout à fait d'accord et d'ailleurs, les analyses juridiques que nous avons effectuées vont dans ce sens.
La CIMR doit donc obéir à toutes les dispositions de ce code, alors que les autres caisses ont été exclues du champ d'application de ce code, car dans l'une de ses dispositions, il prévoit que les caisses qui sont dotées d'un texte particulier restent assujetties à ce texte et n'ont pas à respecter le code. Mais la CIMR, n'obéissant à aucun texte particulier, s'est tout naturellement trouvée dans le champ d'application du code des assurances.
Comment voyez-vous l'évolution de la notion même de la retraite au Maroc ?
En fait, la notion de la retraite évolue avec l'évolution de la 116iété marocaine. Le Maroc avait jusqu'à une date récente une structure 116iale basée sur la solidarité familiale. Donc, les gens ne ressentaient pas un besoin particulier de recourir aux produits de la retraite pour s'assurer un revenu en fin de vie.
Mais, avec l'évolution actuelle, se traduisant notamment par le changement d'aspect de la cellule familiale, l'urbanisation accrue, , des revenus limités…, il est pratiquement impensable que des enfants puissent prendre en charge leurs parents. D'où ce besoin de plus en plus pressant de recourir à ces produits.
Est-ce qu'on peut désormais parler d'un troisième âge bien encadré et bien organisé ?
Malheureusement, on n'en est pas encore là, car si dans le secteur organisé, le recours aux organismes de retraite se fait de plus en plus couramment, dans beaucoup de cas, il ne l'est pas encore. On estime le nombre de travailleurs dans le secteur privé au Maroc à près de 8 millions, dont seulement 20% (1.600.000) qui sont adhérents à la CNSS et 15% seulement (240.000) de ces derniers le sont également à la CIMR, ce qui veut dire qu'il y a énormément de gens qui sont en dehors du système.
Toutefois, il y a une grande prise de conscience de l'importance de la retraite. Dans nos démarches pour sensibiliser les entreprises à l'importance de la retraire, nous avons senti cette envie d'y adhérer. C'est parfois des obstacles matériels et financiers qui empêchent l'entreprise de le faire.
Peut-on envisager une retraite complémentaire
obligatoire ?
Logiquement, elle devrait être obligatoire, mais pas n'importe comment. C'est une question sur laquelle nous avons travaillé dans le cadre de la commission technique, en nous posant la question de savoir comment on pourrait réformer la CIMR sur le plan juridique en l'intégrant dans un dispositif de couverture de retraite pour le secteur privé, qui serait obligatoire.
Alors, l'idée a été de dire qu'on pourrait fonctionner en deux étages : une retraite de base qui serait assurée par la CNSS et une retraite complémentaire, qui serait assurée par la CIMR. Au premier étage, les contributions se font jusqu'à hauteur d'un plafond et au second, au dessus de ce plafond. Nous avons deux raisons principales pour ce découpage : premièrement, en fonction du revenu, on n'a pas le même comportement vis-à-vis de l'épargne.
Quand on a un petit revenu, on a tendance à tout consommer et tout de suite, d'où la nécessité d'organiser pour les bas revenus d'abord une retraite obligatoire et deuxièmement, une retraite relativement confortable et en même temps pour les gens qui ont un revenu plus élevé, ne pas les obliger pour l'intégralité de leur épargne à la gérer uniquement dans le cadre d'une retraite, pour leur laisser la liberté de la gérer comme ils le veulent.
La seconde raison est que l'espérance de vie est liée au revenu. Donc, ce serait injuste de mélanger les deux, d'autant plus que ce serait les gens qui ont un haut revenu qui vont en profiter le plus. L'une des conclusions les plus importantes auxquelles nous sommes arrivés est qu'il y a aujourd'hui 100.000 salariés du secteur privé qui ont un salaire supérieur au plafond de la CNSS, mais qui n'ont pas la couverture CIMR, ce qui veut dire que ces gens, lorsqu'ils seront à l'âge de la retraite, vont se retrouver dans des conditions matérielles extrêmement défavorables et vont devoir supporter une chute très importante de leur pouvoir d'achat.
Pourquoi la caisse n'arrive pas à avoir une base large d'adhérents ?
Cela est dû au problème de la disposition des gens à franchir ce pas. Vous ne pouvez pas imaginer les efforts que nous déployons pour convaincre les gens d'adhérer à la CIMR. Par le passé, la caisse pour attirer les gens, offrait des avantages considérables. Par exemple, elle offrait une reconstitution gratuite des carrières, c'est-à-dire qu'elle prenait en considération l'ancienneté du personnel d'une entreprise qui venait d'adhérer en faisant comme s'ils avaient été affiliés à la Caisse depuis leur embauche.
Cette option a été supprimée par la suite. Après, la caisse a déployé une activité commerciale très importante : une dizaine de milliers de mailings envoyés aux entreprises chaque année, avec des relances.
On visite au moins 2.000 entreprises par an. Et ce n'est pas toujours évident de décrocher des adhésions. C'est un processus qui est lent. La difficulté se pose notamment avec deux catégories d'entreprises : entreprises qui emploient une main d'œuvre en grand nombre et qui pensent notamment au coût financier et les petites entreprises.
Le taux de revalorisation stagne à 0,7%. Est-ce que vous ne jugez pas qu'il est très insuffisant par rapport au taux d'inflation ?
C'est vrai que c'est un taux qui n'est pas énorme. Mais il faut rappeler dans quelles circonstances ce taux a été fixé. Il a été retenu dans le cadre de la réforme de 2003, grâce à laquelle on est revenu de loin, car avant cette réforme, le régime de la CIMR était réellement en danger. Pour illustrer la chose, nous avons fait des projections de la réserve de la prévoyance qui permet d'équilibrer les comptes de la Caisse entre les recettes et les dépenses.
Nous avons fait une projection à long terme de cette réserve et il s'ést alors avéré qu'elle deviendrait négative à partir de 2012, donc que les recettes seraient inférieures aux dépenses, ce qui reviendrait à dire que la CIMR ne pourrait plus honorer ses engagements. Pour en finir avec cette situation, nous avons entrepris une réforme cruciale, qui a comporté plusieurs mesures : récupération de la part salariale qui était gérée par les compagnies d'assurances, une augmentation de la contribution patronale de 20% non génératrice de droits, une diminution de rendement du régime qui était de 12% et qui a été ramené à 10% à l'horizon 2010 et le maintien du taux de revalorisation à 0,7% jusqu'en 2010.
Donc, il s'agissait de trois mesures phares pour lesquelles des efforts financiers ont été demandés : la première aux employeurs, la seconde aux salariés et la troisième aux retraités. Chacun a mis la main à la poche pour rééquilibrer le régime. Au delà de 2010, le taux de revalorisation sera fixé année par année par le Conseil d'administration en fonction des résultats de la Caisse.
Et quel est le rôle de l'Etat dans ce processus ?
L'Etat doit imposer des règles de fonctionnement, définir un cadre juridique sécurisant pour les retraités et les affiliés pour garantir une bonne gestion et une équité entre les générations. Ce qui est dangereux pour une caisse de retraite, c'est de ne pas avoir une réactivité au moment des crises. C'est cette réactivité qui a sauvé la CIMR.
En somme, qu'est-ce qui a été fait et que reste-t-il à faire dans le domaine de la retraite ?
Ce qu'on a fait de bien, c'est d'avoir réalisé des études pur y voir plus clair et savoir ce qui ne fonctionnait pas. C'était surtout le rendement des régimes. Si pour la CIMR le problème a été résolu
par la réforme de 2003, pour les autres régimes, le problème persiste et reste caché par une dynamique interne.
Pour promouvoir la retraite complémentaire, vous avez organisé il y a quelques mois la caravane de la retraite. Quelles en sont les retombées sur vos adhérents ?
La caravane de la retraite a visité 18 villes, durant deux mois et demi. Nous avons reçu un millier d'entreprises, dont nous avons pu recruter une cinquantaine.
Le rythme des adhésions en 2007 est excellent. Je crois que nous sommes à 300 nouveaux adhérents à fin août. Donc nous avons de bonnes chances d'atteindre l'objectif de 500 nouveaux adhérents qu'on s'est fixé pour cette année.
Par rapport aux départs volontaires qui ont été suivis par la récupération du capital par un grand nombre de personnes concernées, est-ce que cela allège la Caisse ou au contraire affecte vos engagements?
Quand les gens reprennent leur capital qui correspond à la capitalisation des contributions salariales, celà allège les engagements de la Caisse, parce que ceci la débarrasse du risque actuariel, soit du risque de la table de mortalité.
Quand les gens vont vivre plus longtemps et donc quand ils traînent un capital, ce risque est stoppé et n'est plus encouru. Mais je peux dire que ces gens font une très mauvaise affaire et à l'inverse, la CIMR fait une bonne affaire.
Quel est le taux de couverture de la CIMR ?
Le taux de couverture invoqué dans le cadre de retraite par capitalisation doit être de 100%. Par répartition, cet indicateur n'est pas pertinent, du moment que les pensions versées émanent des contributions collectées. En principe, pour ce mode de fonctionnement, on n'a pas besoin d'avoir des réserves.
D'ailleurs, son calcul est simple, en se référant aux Caisses de retraite françaises, il s'agit de rapporter les avoirs dont dispose la Caisse aux engagements pris.
A ce titre, la CIMR dont les engagements sont de l'ordre de 58 milliards de dirhams à fin 2006 dispose de plus de 5 ans de pensions en valeur comptable et pratiquement du double en valeur de marché. Quant aux réserves de prévoyance, elles se chiffrent à quelques 12 milliards de dirhams en valeur comptable, tandis qu'en valeur de marché, ce montant se hisse à 20 milliards de dirhams.
Ce que nous jugeons très confortable par rapport à d'autres caisses. Les françaises, par exemple, qu'elles soient du régime de base ou du régime complémentaire, ont en réserve quelques mois de pension
seulement.
Combien décaisse la Caisse mensuellement ?
Elle décaisse un peu moins de 200 millions de dirhams et encaisse 90 millions de dirhams.
La Caisse s'est distinguée par la gestion déléguée en matière de gestion financière de son portefeuille. Quel bilan établissez-vous de votre relation avec les gestionnaires délégués ?
Excellent. Le principe est très simple. Aujourd'hui, pour opérer sur le marché financier, il faut avoir un profil extrêmement pointu, suivre au jour le jour le marché, être à l'affût de l'information. Bref, la veille doit être permanente.
C'est une affaire de spécialistes et de front office. C'est pourquoi nous avons décidé de confier la gestion à 4 acteurs, à savoir CFG, BMCI Gestion, Upline et la 116iété de gestion de la 116iété générale. On estime que cela ne relève pas du rôle d'une caisse de retraite. Nous avons gardé chez nous la partie stratégique où l'on définit la politique d'investissement dans ses grande lignes.
Quant au front office, nous l'avons confié à des professionnels que nous mettons d'ailleurs en concurrence. A chacun son métier. Je tiens à préciser que la démarche que nous avons suivie n'est pas nouvelle dans notre secteur. Elle est pratiquée dans les pays
développés.
Quid des conditions de collaboration ?
On a un mandat de gestion extrêmement précis. Le suivi est permanent avec des reportings hebdomadaires et mensuels. Des réunions trimestrielles en comité d'investissement sont également à l'ordre du jour. Elles servent à décliner la politique à suivre le trimestre suivant, qui découle d'une analyse du marché et d'une analyse macro-économique et sectorielle.
Nous avons la possibilité de critiquer, mais nous laissons le gestionnaire décider. Ce qui importe pour nous, c'est la performance qui est au rendez-vous.
Pour ne citer que les gestionnaires Actions, BMCI Gestion et CFG ont réalisé des résultats éloquents à +36%.
Que pensez-vous du taux de rendement servi par la CDG à certaines caisses de retraite. Doivent-elles emboîter le pas à la CIMR surtout en matière de gestion déléguée ?
La réglementation qui était en vigueur, qui obligeait certaines caisses de retraite à déposer leurs réserves auprès de la CDG était très pertinente à un certain moment.
On peut même la saluer, car à défaut, les résultats auraient pu être catastrophiques. Je pense qu'avec du recul, on ne peut pas regretter que ces caisses aient été obligées de verser leurs excédents de trésorerie à la CDG. Aujourd'hui, par contre, c'est d'une nouvelle époque qu'il s'agit, notamment avec l'évolution des modes de gestion, de la gouvernance et de la qualité du gestionnaire.
Il faudrait, peut être, envisager de laisser plus de marge de manoeuvre aux gestionnaires en leur donnant la possibilité d'accéder au marché financier et de bénéficier de tous les produits permettant d'optimiser les rendements. C'est malheureux de voir des sommes colossales ne rapporter qu'un faible rendement, souvent inférieur à 4%, par comparaison à celui affiché par la CIMR, qui dépasse les 10%. C'est quand même priver les allocataires et les affiliés d'un complément de revenu auquel ils auraient pu prétendre.
L'actionnaire CIMR est-il à l'abri des influences ?
L'un des principaux apports de la réforme du CIMR en 2003 et dans la nouvelle gouvernance de la gestion financière, c'est ce dispositif qui lui permet d'être loin des décisions et des influences. En témoigne tout notre portefeuille obligataire en gestion déléguée.
Le mandat qui nous attache aux gestionnaires ne nous donne aucun droit de leur imposer des décisions, car c'est à eux de garantir la performance et à rendre des comptes. C'est en quelque sorte protecteur pour le management. Idem pour les actions dont un compartiment, celui confié en gestion déléguée, est géré de manière dynamique et un autre plus important comptant une dizaine de valeurs stratégiques que l'on ne touche pas.
Toute décision les concernant est prise au niveau du Conseil d'administration de la CIMR. Ainsi, le système est bouclé.
Pour la partie du portefeuille actions gérée en direct, ne comptez-vous pas mieux optimiser sa gestion ?
Nous sommes en train de repenser la gestion du portefeuille que nous avons en direct et qui était géré de manière statique. Je pense que l'on devrait être un peu plus actifs dans la gestion de ce portefeuille et là encore, ma philosophie est de dire que c'est une affaire de spécialistes, surtout qu'il est question de procéder à des arbitrages sur une position ou une autre pour des montants énormes de 500 millions de dirhams ou de 1 milliard de dirhams par exemple.
La décision qui ne peut qu'être lourde de conséquences doit être prise après de minutieuses études de marché que seules les spécialistes peuvent mener. La veille du marché est absolument requise. A ce titre, nous sommes en train de monter un nouveau mode de gestion de ce portefeuille détenu en propre et qui consiste à faire appel à une 116iété de conseil. Elle sera chargée de la veille stratégique pour notre compte et du suivi des actions cotées.
Elle devra nous alimenter en informations, nous faire des suggestions qui vont être examiné en Conseil d'administration pour que des décisions adéquates soient prises.
La veille stratégique concernera uniquement les valeurs cotées ou se rapportera-t-elle aux autres types de placements ?
Seules les valeurs cotées sont concernées. Pour celle non cotées, là aussi, nous avons adopté un principe de gestion. Comme nous ne voulons plus aller en direct sur des valeurs non cotées, nous passerons par des fonds d'investissement de private equity.
C'est toujours le même principe qui est adopté, c'est une affaire de spécialistes. D'ailleurs, quant on est actionnaire dans une affaire qui n'est pas cotée en Bourse, il faut s'assurer de la transparence de la gestion, de la cohérence des actions prises et donc il faut avoir de équipes dédiées à cela, c'est un métier à part entière. Notre métier est la retraite. Bien que nous fassions de la gestion financière en parallèle, à un certain niveau stratégique, nous voulons nous y consacrer.
Que conseillez-vous à un salarié qui vient de commencer sa vie professionnelle ?
Du point de vue de la retraite, il devient de plus en plus évident, quelles que soient les conditions dans lesquelles on évolue, de construire un plan de retraite. Que l'on opère dans le secteur organisé, ayant accès aux régimes en place, ou dans des secteurs de professions libérales ou autres, auquel cas le plan de retraite est préparé auprès d'une compagnie d'assurances, préparer sa retraite 20 ans ou 30 ans à l'avance est une nécessité absolue.
D'ailleurs, au niveau de la CIMR, on essaie d'apporter des éclairages aux affiliés pour plus de transparence. On leur fournit des informations à travers le bulletin envoyé à chaque affilié. Chacun d'entre eux doit connaître la somme à percevoir à l'âge de 60 ans pour qu'il n'y ait pas de choc. Il est informé sur le montant de la pension et sa proportion par rapport au dernier salaire d'activité.
Du point de vue de la retraite, il devient de plus en plus évident, quelles que soient les conditions dans lesquelles on évolue, de construire un plan de retraite.
Que l'on opère dans le secteur organisé, ayant accès aux régimes en place, ou dans des secteurs de professions libérales ou autres, auquel cas le plan de retraite est préparé auprès d'une compagnie d'assurances, préparer sa retraite 20 ans ou 30 ans à l'avance est une nécessité absolue.
D'ailleurs, au niveau de la CIMR, on essaie d'apporter des éclairages aux affiliés pour plus de transparence. On leur fournit des informations à travers le bulletin envoyé à chaque affilié. Chacun d'entre eux doit connaître la somme à percevoir à l'âge de 60 ans pour qu'il n'y ait pas de choc. Il est informé sur le montant de la pension et sa proportion par rapport au dernier salaire d'activité.
Sur quoi voulez-vous interpeller le nouveau
gouvernement ?
Un jour perdu est un jour qui complique le problème et qui le rend plus coûteux. C'est ce qui est moins acceptable par les parties. Il y a également cette question d'amélioration du taux de couverture qui est trop faible.
Il faut absolument trouver des régimes contraignants pour obliger les gens à choisir un régime de retraite. Si on laisse aux gens l'initiative de le faire, ils resteront toujours hésitants et demain, ils vont constituer une charge, voir même un danger pour toute la 116iété.
Questions d'internautes
Je suis un Marocain installé aux Emirats Arabes Unis, et puisque, comme tous les pays du Golfe, il n'y a pas de système de retraite pour les expatriés, peut-on préparer un plan de retraite dans notre pays surtout que nous comptons y revenir? Que fait la CIMR dans ce sens ?
Malheureusement, la CIMR ne peut rien et l'Etat marocain non plus. Il n'a pas encore entrepris tout ce qu'il devrait entreprendre pour permettre à tous les citoyens marocains de disposer d'une couverture, ce qui n'est d'ailleurs pas le cas de la population tunisienne, couverte à 100%.
La Tunisie dispose d'un régime qui s'adresse spécifiquement aux expatriés. Les Tunisiens installés à l'étranger ont la possibilité de cotiser au régime pour se constituer une retraite. A cet égard, une des actions des plus importantes à entreprendre aujourd'hui par l'Etat est de mettre en place des structures nécessaires pour couvrir tous les Marocains.
Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de démarches systématiques. Malheureusement, Il n'y a que 20% de la population qui soit couverte et on ne peut pas continuer ainsi. Car, si les choses ne changent pas, des problèmes 116iaux énormes seront créés. Une grande proportion de la population peut se retrouver sans revenus. Ce sont en fait des clients en moins pour les entreprises, ce qui risquerait de perturber la croissance économique.
Comment avoir sa retraire, sachant que j'ai travaillé pendant 19 ans dans un ministère et à 64 ans, je n'ai reçu aucun avis ?
C'est un problème qui nous dépasse un peu, parce qu'il s'agit de nos confrère de la CMR, une caisse qui fonctionne très bien, efficace et bien organisée. La personne concernée devrait s'y adresser directement pour régler son problème.
J'ai 53 ans, mon employeur me paye les cotisations jusqu'à 60 ans. Est ce que je peux sortir à la retraite à 53 ans avec une pension complète ?
Oui, c'est une question de contribution. Donc vous pouvez sortir à la retraite et toucher une pension…
Le système de la retraite CIMR est-il le même que celui de la sécurité 116iale où faut-il cotiser un certain nombre de trimestres?
Non, le système de la CIMR consiste en la retraite par répartition en points. C'est-à-dire que quelle que soit votre durée de contribution, et du fait que vous avez acquis des points, la pension va dépendre alors du nombre de points acquis. Il y a quand même une condition de durée de contribution pour accéder à la pension.
Il faut en effet, contribuer pendant au moins 5 ans pour pouvoir bénéficier de cette pension. Et au moment de la liquidation, si vous avez un nombre de points trop faible, soit moins de 150 points, celle-là se fera automatiquement en capital.
Et si vous avez entre 150 et 200 points, vous avez le choix entre le capital et la pension. Enfin au-delà de 200 points, c'est automatiquement une pension. A savoir que la valeur d'un point équivaut à 11,30 dirhams.
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Bio Express :
Khalid cheddadi
Ingénieur de l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris et maître ès sciences mathématiques, Khalid Cheddadi a débuté sa carrière comme enseignant de mathématiques à l'Ecole Hassania des Ingénieurs (dans le cadre du service civil).
Il a par la suite intégré la Compagnie d'assurances L'Alliance Africaine, filiale du groupe français GAN (Groupe des assurances nationales) au sein de laquelle il a occupé le poste d'administrateur directeur général. Il a été, pendant de nombreuses années, vice-président de la Fédération marocaine des 116iétés d'assurances et de réassurances et membre du Comité consultatif des assurances privées, auprès du ministère des Finances.
Il a intégré la CIMR en septembre 2003 en tant que directeur général, avant d'être coopté administrateur, puis président du Conseil d'administration, lors de sa réunion du 7 octobre 2004. M. Cheddadi est né le 29 octobre 1957 à Fès. Il est marié et père de trois enfants.
