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La mémoire assumée, la prochaine génération mobilisée

Le Maroc vient de vivre, vendredi 6 janvier, l'une des journées les plus significatives de son histoire contemporaine. Le Palais Royal de Rabat a constitué aussi le cadre d'un double événement à la mesure des défis lancés à notre pays et relevés par Sa Ma

La mémoire assumée, la prochaine génération mobilisée
Le Souverain a reçu, vendredi au Palais Royal de Rabat, les victimes des violations passées des droits de l'Homme
Les deux initiatives viennent de connaître une manière de couronnement, parce que le Souverain a tenu à ce que leurs résultats soient présentés dans l'enceinte du Palais Royal avec la solennité et une grande convivialité qui y sied et , comme pour leur conférer leur véritable dimension, parce qu'il a prononcé à cette occasion un important discours. Un discours dominé tour à tour par une analyse éclairante des dernières décennies et par une invite solennelle à la jeunesse afin qu'elle assume la place et le rôle qui lui échoient. Le rapport final de l'Instance Equité et Réconciliation, présidée par Driss Benzekri, honore son équipe pour sa rigueur, sa transparence et la sagesse de ses conclusions.

Le Souverain n'a pas manqué de rendre l'hommage méritoire aux membres de cette instance et à leur travail. Il marque un tournant mais, surtout, ouvre aux jeunes le chemin d'une réconciliation sans concessions. S.M. le Roi, tout à son engagement d'œuvrer dans le sens de l'avenir, a prononcé les mots qui illustrent une telle évolution : « Je suis certain, a-t-il affirmé, que l'œuvre de réconciliation sincère que nous avons accomplie ne signifie pas qu'il faille faire table rase du passé, car l'histoire est têtue et ne s'oublie pas. Elle est en fait une réponse à l'injonction divine “Absous d'une belle absolution”».

Et le Souverain d'enchaîner dans son raisonnement discursif : «C'est un geste gracieux de pardon collectif, à même de constituer un solide pilier de la réforme institutionnelle, une réforme profonde susceptible d'aider notre pays à s'affranchir des défaillances du passé concernant les droits politiques et civiques».

Le rapport que le Comité d'études sur les cinquante ans d'indépendance a remis à S.M. le Roi, s'inscrit dans le même ordre de préoccupations : asseoir la « réforme profonde» sur des bases claires, conforter un environnement assaini désormais, afin, comme le souligne le Souverain, «nous consacrer à un chantier laborieux et déterminant, celui de la promotion des droits économiques, sociaux et culturels, au profit de tous nos concitoyens, en particulier ceux qui souffrent des affres de la pauvreté, de l'analphabétisme, du chômage et de la marginalisation».

Les résultats du rapport ne sacrifient nullement à la langue de bois, ils s'inspirent d'un double souci : mettre la lumière sur les dysfonctionnements ayant marqué l'évolution de la moitié du siècle d'indépendance , tracer ensuite le chemin d'une nouvelle marche en faisant preuve de perspicacité et de prospective. L'élément central de cette exaltante aventure est et ne peut être que la jeunesse qui incarne le renouveau du Maroc du troisième millénaire.

Si le discours Royal du vendredi 6 janvier s'articule sur deux volets centraux, la réconciliation nationale et le rapprochement entre l'Etat et le peuple, celui-ci ne peut qu'applaudir à la promesse du Souverain : «Nous entendons arrimer solidement le Maroc au progrès et à la prospérité, dans la sécurité et la stabilité».

Si le pas a été franchi , du haut de la tribune du Palais Royal, dans le sens d'un rassemblement et de l'apaisement des cœurs, si enfin l'allocution Royale constitue un vibrant appel à redoubler d'efforts pour transformer la rupture nécessaire avec le passé en un sursaut national pour dynamiser la réforme, c'est manifestement pour faire du discours de S.M. le Roi une plateforme programmatique d'avenir. Affranchis des pesanteurs et des carcans du passé, nous sommes interpellés plus que jamais par cet autre défi, incommensurable dans sa dimension et fort dans sa symbolique, celui de la jeunesse qui représente au Maroc le bien le plus précieux.

On enregistre qu'un Marocain sur trois a moins de vingt ans, on imagine dans ces conditions ce que constitue un tel potentiel humain en termes de redéploiement économique et social. C'est pourquoi le Souverain a affirmé : «Il est grand temps de prendre en mains le présent et l'avenir de nos enfants, car nos jeunes comprendraient mal qu'il n'y ait pas de répondant aux aspirations légitimes qui les animent pour vivre librement et dignement».

Entre devoir de mémoire et droit à l'histoire ou à l'avenir, la jeunesse ne saurait que franchir la voie que lui trace le Souverain, celle du labeur et de l'engagement militant, de la participation à la consolidation d'un Etat moderne, de l'implication dans la mise en œuvre d'un projet de société convivial et généreux, enraciné dans le socle des valeurs de notre culture et notre civilisation qu'incarne la Monarchie.

A l'évidence, ce n'est pas le fruit du hasard si les deux événements, les «adieux au demi siècle écoulé», marqués par un document à portée nationale et la relance d'une nouvelle vision, été célébrés lors d'une même cérémonie. Le Souverain y imprime sa volonté d'en faire à la fois une ligne de rupture et un point de départ d'une ère nouvelle. Il est désormais permis de penser que la paix sociale, la prospérité, la démocratie pourraient à l'avenir progresser autrement.

Car la réconciliation nationale, reposant sur des critères consensuels, ayant conjuré un passé douloureux que nous assumons tous sans complaisance ni rancœur – car il n'y a pas un Maroc qui a souffert dans sa chair et un autre qui en a été le contemplatif, constitue le passage obligé pour une refondation politique et institutionnelle à laquelle s'attelle S.M. le Roi.
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