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Charles Milhaud, chantre de la finance populaire

En marge de la conférence de presse avec MM. Bakkoury et Alioua sur le CIH

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C'est ce jeudi 6 juillet, à Casablanca, que sera livré enfin le fin mot du tour de table concernant la recapitalisation du CIH. Une conférence de presse réunira, au siège de la Bourse, Mustapha Bakkoury, directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), Charles Milhaud, président du directoire du groupe Caisse d'Epargne et Khalid Alioua, président-directeur général du CIH. La prestation collective à trois, fait suite bien entendu à l'entrée dans le capital du CIH du groupe français que dirige avec succès Charles Milhaud. Plus qu'un manager façon moderne, il est devenu la figure emblématique des opérations financières, de mariages et d'acquisitions fusions.

C'est peu dire, en effet, que l'arrivée au Maroc des Caisses d'Epargne, après deux à trois ans de navigation plus ou moins contrariée, vient couronner le mariage spectaculaire qu'il convient de contracter avec les Banques populaires françaises. Et qui ne fait pas que des partisans, car ce sétois à la bonhomie joviale et franche, aura réussi le tour de force de donner à son groupe les plus grandes lettres de noblesse.

Qualifié de «Napoléon de la finance», Charles Milhaud est incontestablement l'une des figures emblématiques de la place de Paris, qui suscite autant de critiques malveillantes que d'éloges bien à propos. Son statut de méridional, disons de provincial monté à l'assaut de Paris, sa rigueur professionnelle et surtout son intuition de financier, toujours en avance sur les autres, n'emportent pas forcément l'adhésion des prédateurs parisiens.

Le «petit employé polyvalent», entré en 1964 à la Caisse nationale d'Epargne, adoubé par Léopold Suquet, travaillera selon la tradition de rigueur et de labeur, faisant sienne cette phrase d'Albert Camus, algérois comme lui, selon laquelle «rien ne se donne mais tout se gagne». Quatrième parmi les cinq enfants, il a gravi les échelons de la petite affaire familiale qui se distinguera notamment par le fameux Livret A, véritable pièce dorée de l'histoire de France de l'après-guerre et des «Trente glorieuses». A la fin des soixante-dix, il prendra les commandes des Caisses d'Epargne pour la CGC dans une France où, pompidolisme oblige, le sens de l'effort rural, l'épargne du «bas de laine», n'étaient pas de vains mots, mais tout un symbole! Le parcours jusque-là était limpide, lisse même après avoir été marqué par l'entrée décisive au sein du fameux Syndicat unifié qui cogère les Caisses et dont il était devenu plus qu'un acteur actif.

L'année 1980, celle des prémices de changement de la majorité présidentielle en France, Charles Milhaud est directeur général de la Caisse d'Epargne des Bouches-du-Rhône et de la Corse dont il prendra cinq ans après, en 1985, la présidence du directoire. L'arrivée de la gauche n'a pas pour autant freiné sa marche et, de réforme en changement, inscrits dans une évolution irréversible du paysage bancaire français, Charles Milhaud, dit simplement «Charles» pour beaucoup, met à profit la loi Strauss-Kahn, alors ministre de l'Economie et des Finances de Lionel Jospin, pour mettre en œuvre la future CNCE.

Le visionnaire, le realpolitiker, dont le père, Georges, installé rue Jean Jaurès, lisait du latin et du grec et inculquait les valeurs du travail, de l'effort et de la solidarité ! Ce sont ces quelques mots qui résument le portrait lisse de celui qui deviendra à la fois la bête noire de ses pairs et le modèle de financier hors pair, demeuré fidèle à son terroir, humble et audacieux, imaginatif toujours, doté d'un sens aigu de la responsabilité sociale, peu enclin à sacrifier au parisianisme…Il n'hésite pas à aller au stade pour soutenir l'Olympique de Marseille, ni partager un repas de fête avec le peuple.

Comme aussi de se rendre pour seules vacances à Frontignan avec Gisèle, son épouse. Avec lui, la notion de «self made man» bancaire prend tout son sens, mais nous interpelle aussi sur cette autre, moins réjouissante pour nous, selon laquelle «toute réussite suscite jalousie et amertume». Alors, va ! pour la jalousie des cercles parisiens, prompts à le dénigrer, à lui faire des chausse-trappe, à lui chercher noise pour ce qui est de son salaire!
L'homme n'a rien de mystérieux ni d'ostentatoire. Charles Milhaud serait-il épris de pouvoir ? C'est un euphémisme.

Il eut pu jouer un rôle majeur dans ce sens lorsque Giscard d'Estaing, au faîte de son pouvoir mais en déclin, reçut la recommandation confidentielle d'un certain Claude Pelat : «Nous devons récupérer un certain gars de Sète, Charles Milhaud..». Encore faut-il que ce dernier ait pu s'y résoudre, alors qu'il était engagé plus ou moins dans une gauche indéfinie, radicale socialiste peut-être, moins dogmatique en tout cas. Après l'épisode récent du CDC-Ixis en 2003 et la bataille pour l'honneur contre un certain Francis Meyer, Charles Milhaud a achevé «avec ses tripes» la conquête et le peaufinage de son groupe, toutes composantes confondues, il l'a hissé au rang de troisième institution nationale, ouverte sur l'international dont l'île de la Réunion, les Antilles, Tahiti, la Nouvelle Calédonie et le Royaume du Maroc constitue pour lui une sorte d'autre patrie.

45.000 employés ! De Marseille à Paris, citadelle orgueilleuse, à l'instar du Comte de Monte Cristo, moins arrogant et nullement suffisant qu'un Jean-Marie Messier, «Charles» a assis un groupe sur des valeurs qui, à n'en pas douter, bouleversent les règles du paysage financier, inspirent l'hostilité de quelques-uns, toujours les mêmes d'ailleurs.

Le mariage avec les Banques populaires en cet automne 2006, constitue l'une des étapes majeures d'une consolidation d'empire où l'Ecureuil ne demeurera pas les bras croisés…
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