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Les Marocains à la conquête de la Turquie

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21,4 millions de touristes en 2005, tel est le dernier chiffre communiqué par les autorités turques. Pourtant, il y a à peine 25 ans de cela, l'économie de la Turquie, qui compte 70 millions d'habitants et une superficie de 871.000 km2, était basée essentiellement sur l'agriculture.

Et il y a tout juste cinq ans, le tourisme n'était pas encore industrialisé. Mais très vite, le pays a pris conscience de la potentialité de ses atouts touristiques et s'est lancé dans une grande campagne de promotion. En 2005, 7,5 millions de touristes allemands ont visité la Turquie.

Depuis 2001, les Chinois ont commencé à s'intéresser à ce pays qui représente 5.522 sites archéologiques, 48 aéroports, dont 16 internationaux, une capacité de 860.000 lits, 21 compagnies aériennes et plus de 140 avions. Doté d'une forte croissance économique qui a atteint entre le premier semestre de 2002 et celui de 2004 un pourcentage de 7,1 %, le pays d'Atatürk est devenu une importante niche touristique.

Et c'est pour conquérir ce marché que l'association des agences de voyages de Casablanca (AVC), en partenariat avec la Royal Air Maroc, a décidé d'organiser un workshop du 16 au 19 septembre à Istanbul. L'objectif : échanger leur savoir-faire et leur expertise et vendre le Maroc aux tour-opérateurs turcs. «La RAM est partenaire de ce Workshop. Cela entre dans le cadre de la politique de notre société qui a toujours tenu à participer au développement du tourisme.

La ligne Casablanca-Istanbul a boosté le flux de voyageurs dans les deux sens. Si on maintient ce rythme, on arrivera bientôt à faire un vol par jour», déclare Abdellah Kenfaoui, general manager de RAM Turquie. Quinze agences de voyages marocaines étaient présentes au workshop. Pour la plupart, des échanges existent déjà mais restent timides. «Cela fait dix ans que je travaille avec la Turquie, mais il nous reste beaucoup de choses encore à apprendre d'eux. Ils ont 860.000 lits, nous en avons à peine 140.000 homologués et notre objectif est d'atteindre en 2010 240.000 lits.

Nos infrastructures ne suivent pas malheureusement», dit cet agent de voyage de Casablanca. Abdallah Zagour, ambassadeur du Maroc à Ankara dont la mission principale est de développer les échanges économiques entre les deux pays, confirme : «Nous avons les mêmes atouts touristiques que la Turquie, même si sur le plan culturel elle nous dépasse. Mais sur le plan balnéaire nous sommes en première position, malheureusement l'animation nous manque, il n'y a pas de centre urbain animé.

Et si nous voulons absolument atteindre les 10 millions de touristes, il faut revoir nos infrastructures. Si on veut s'imposer dans le domaine touristique, il faut que l'on se greffe à la Turquie, que l'on multiplie nos échanges et les partenariats. Il faut écarter le balnéaire et viser le culturel. Il faut que la RAM et l'OMNT trouvent des formules à caractère culturel. Il y a beaucoup de similitudes avec la Turquie, et les Turcs ont déjà une très forte sympathie envers le Maroc. Il faut juste savoir les attirer. Je reste cependant très optimiste.

Les relations entre les deux pays sont excellentes, que ce soit sur le plan politique qu'économique, surtout suite aux accords de libre-échange signés en avril 2004. Les tour-opérateurs des pays sont donc condamnés à développer des partenariats», précise-t-il.

Pour attirer les touristes turcs au Maroc, les professionnels du tourisme marocains sont conscients qu'il faut miser fort, faire en sorte d'offrir aux Turcs quelque chose de différent que les autres destinations. Ces derniers ne connaissent que très vaguement le Maroc. Fès est très certainement la plus connue ainsi que Casablanca, grâce au film. Ils n'ont que des clichés et les Marocains doivent susciter leur curiosité en mettant en valeur l'authenticité culturelle du pays. «Pour relever ce défi, il faut que les tour-opérateurs marocains croient en ce qu'ils font et que les autorités du tourisme prennent conscience que nous avons un grand potentiel qu'il faut travailler et exploiter», affirme cet agent de voyage.

Selon Abdellah Kenfaoui, le nombre de passagers transportés de novembre 2005 à juin 2006 a atteint 6.138. Il y a eu six fréquences par semaine en code share, de novembre à début septembre (3 compagnies turques et 3 RAM), et un taux de remplissage moyen des vols de 68 % avec un pic de 72 % en mai, juin et juillet. «Notre objectif est d'atteindre 85 % de taux de remplissage à court terme», a-t-il précisé. Depuis peu, les fréquences aériennes sont passées à 5 (2 RAM et 3 Turkish Airlines).

Quant à la Fédération des agences de voyages turques, elle estime entre 20.000 à 22.000 le nombre de Turcs venus au Maroc et entre 10.000 et 15.000 Marocains ayant visité la Turquie. Des chiffres encore très faibles mais qui, selon tous les participants, pourraient facilement doubler par l'instauration de nouvelles formules telles que des packages «hôtel plus avion» moins chers, un service de qualité exemplaire…

La nouvelle concernant l'augmentation, à 55 millions de dollars, du budget alloué à la promotion touristique du Maroc, annoncée par Redouane Rerhaye, représentant de l'ONMT au workshop, a également redonné espoir aux tours-opérateurs marocains et suscité un grand intérêt chez les Turcs, surtout quand Redouane Rerhaye les a invités à mettre en place des séries charters : «Pour ceux qui veulent nous accompagner, nous sommes prêts à offrir de la publicité commerciale, sous conditions toutefois : la pérennité des charters et un volume minimal de voyageurs par année».

18 millions de Turcs voyagent, dont 6 millions à l'étranger, c'est donc un marché très porteur si le Maroc sait se vendre. «Cette rencontre nous a permis de mieux connaître les attentes des touriste turcs, leur niveau de vie... Les Turcs ont les moyens de voyager mais il faut que le Maroc investisse dans la publicité et il nous faut personnaliser les offres.

Les rencontres de ce genre doivent se multiplier et il faut qu'il y ait plus de coopération avec l'ONMT», déclare Fatima-Zahra Benbarka, gérante de Casablanca Fly. Aujourd'hui, la volonté affirmée de développer ce marché, la réouverture de la ligne aérienne et les prochains rendez-vous entre les deux pays démontrent la détermination du Maroc à s'investir en Turquie.
Il n'y a plus qu'à attendre…
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