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Non à la relation parents-copains

Les psychologues sont formels, cette attitude fausse les rapports avec les enfants

Faut-il être autoritaire ou au contraire copain avec ses enfants ? C'est certainement la question que se pose tout parent quand son enfant approche de l'adole

Non à la relation parents-copains
Synonyme de rébellion, ce passage de l'enfance à l'âge adulte est difficile à vivre... et surtout pour les parents. Ils ne savent pas quelle ligne de conduite adopter ni à quel saint se vouer. En fait, durant cette période fatidique, l'adolescent soumet ses parents à des demandes paradoxales : il leur demande d'être totalement compris par eux… tout en exigeant qu'ils ne se mêlent pas de ses secrets, par crainte qu'ils ne sachent tout de lui.

Il souhaite pouvoir vivre des expériences nouvelles et, dans le même temps, d'être couvé et protégé. Les parents sont donc amenés à jouer les acrobates dans leurs relations complexes avec leurs ados.
Avant, les choses étaient plus simples, il n'y avait pas de choix possible. Les parents étaient autoritaires, les adolescents s'opposaient à eux et s'affirmaient ainsi dans l'opposition. Or aujourd'hui, les choses ont changé. On parle de plus en plus de l'épanouissement personnel, du droit de chacun à développer sa personnalité, ses aptitudes, ses attentes, ses goûts, ses envies… Et à cause de cela, beaucoup de parents ont l'impression qu'111dire un comportement ou ne pas donner suite à une demande - et donc, faire preuve d'autorité - empêchera l'enfant ou le jeune de s'épanouir. Aussi, une nouvelle relation parents-enfants est apparue, celle des «parents-copains». Mais est-ce la bonne attitude à adopter ?

Les psychologues sont formels là dessus : NON ! Certes, ce genre de relation permet d'estomper les différences générationnelles. L'adolescent se sent plus en confiance. Le dialogue est plus fluide et l'éternelle opposition qui existe entre parents et enfants disparaît. En d'autres termes, être parents copains permet d'atténuer la crise d'adolescence. Sauf que, à vouloir être trop copains, les parents ne risquent-ils pas de voir leur autorité réduite à zéro ? Malheureusement, la réponse est oui, et les témoignages le confirment. «Ma fille ne m'obéit plus du tout. Je voulais être sa copine, je lui permettais de tout faire car j'avais peur qu'elle ne vive ce que j'ai vécu moi-même avec mes parents : autoritarisme total, soumission… que je cédais à tout. Mais là je le regrette car j'ai du mal à me faire respecter. Je ne peux lui faire aucun reproche. Et souvent elle me dit: «Ce n'est pas maintenant que tu vas jouer à la maman»», raconte Fatiha, mère d'une jeune fille de 16 ans. .

Rajae, mère de deux enfants aujourd'hui âgés de 25 et 28 ans, se rappelle encore de leur crise d'adolescence : «A l'époque j'étais contre le fait de punir ou réprimander mes enfants. Le plus important pour moi est qu'ils puissent s'épanouir, vivre comme ils l'entendent… mais avec le temps je me suis rendu compte que ce n'était pas la meilleure attitude à adopter. Ils sont devenus insolents, irrespectueux… Même leur père, qui partageait les mêmes principes que moi, ne pouvait rien y faire. Nous étions dépassés. Et là, oui, j'ai regretté de ne pas avoir fait preuve de plus d'autorité», dit-elle.

En effet, certains parents, persuadés que seule l'affection et, donc, l'absence d'autorité pourront créer une relation harmonieuse, se croient obligés de satisfaire les désirs de leur progéniture, sous peine de se sentir coupables de la frustrer. Or ils ne se rendent pas compte que donner trop, donner tout et tout de suite, n'aide pas l'enfant qui deviendra exigeant, insatisfait, révolté, confus, violent, incapable de renoncer à un désir… et, une fois arrivé à l'âge adulte, il ne saura pas affronter les frustrations de la vie.

D'ailleurs, pour le pédopsychiatre Bouchaib Karoumi, être «parents copains» n'est pas viable, car ce genre d'éducation ne répond pas aux besoins fondamentaux des adolescents.
«Pour l'instant, ma fille n'a que trois ans et mon désir est d'être son ami quand elle sera plus grande. Toutefois, s'il le faut, je saurais être autoritaire en lui inculquant les valeurs fondamentales de la vie, à savoir le respect. Il est clair qu'il faut instaurer des limites. Ma fille pourra faire sa vie comme elle l'entend mais il faut aussi qu'elle ait la tête sur les épaules», affirme Amine, père d'une petite fille de trois ans.

Des repères. C'est exactement ce que les adolescents cherchent à cet âge là. Même s'ils ne l'avouent pas, ils ont besoin de rencontrer des limites et de se sentir épaulés par leurs parents pour aller de l'avant. Ils veulent pouvoir compter sur leurs parents, des parents qui font preuve d'autorité, qui ont des opinions personnelles et appartenant à une génération différente avec des goûts, un langage et des activités bien à elle. Les jeunes ont besoin de quelqu'un qui leur apprenne à tolérer graduellement les frustrations, ce qui est essentiel pour les préparer à affronter la vie adulte. Et c'est justement ce rôle là que doivent tenir les parents grâce au dialogue, à la compréhension et à l'accompagnement. Pour y arriver, il faut savoir faire preuve d'autorité. Mais, attention, cela ne veut pas dire autoritarisme. Il n'est pas question non plus d'avoir sur l'enfant un pouvoir qui l'écraserait ou l'obligerait à rentrer dans un moule créé par les parents.

En fait, entre rigidité et laxisme, une troisième voie se dessine. Celle d'une fermeté bienveillante durant l'enfance et d'une disponibilité respectueuse à l'adolescence dans un cadre toujours rassurant. Les parents doivent garder un lien de tendresse avec leurs adolescents en étant ni trop proches, séducteurs ou permissifs ni trop distants, répressifs ou indifférents. Bonne chance !
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Bien établir les limites

Bien que les adolescents se plaignent des règles et des restrictions, ils se sentent sécurisés de savoir ce que leurs parents acceptent et ce qu'ils refusent. De nombreux conflits peuvent être évités si les parents expliquent clairement et fermement leurs attentes. Lorsqu'ils établissent des principes, les parents devraient essayer de prévoir les obstacles possibles. Ainsi, ils pourront plus facilement mettre leur pied à terre le moment venu. Il est préférable de décider à l'avance si l'on est prêt ou non à faire des compromis.

Toutefois, établir des limites ne signifie pas que les parents peuvent tout se permettre et obliger l'enfant à se soumettre. Il est important pour l'épanouissement de l'enfant d'être à son écoute, faire preuve de patience et de disponibilité, de ne pas juger ou dénigrer. Les parents doivent permettre à l'enfant d'exprimer ses sentiments de manière adulte et non pas l'humilier en traitant ses revendications de manière condescendante.
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